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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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et des serviteurs, et Merlin fit la route
avec lui. Ils traversèrent les forêts et les vallées sans rencontrer âme qui
vive. Et, un jour, vers midi, alors que la chaleur était forte, le roi fit
dresser sa tente dans une clairière près du chemin et abritée par un bosquet d’aulnes.
Comme il se sentait un peu fatigué, il alla s’y coucher, après avoir ordonné à
ses gens de se retirer.
    Mais, une fois couché, Arthur se mit à réfléchir à quelque
chose qui lui déplaisait si fort et le tourmentait à un point tel qu’il ne put
trouver le sommeil. Comme il était ainsi plongé dans ses pensées, il entendit
résonner sur le chemin les sabots d’un cheval qui galopait à vive allure en
faisant grand bruit et en hennissant. Le roi bondit aussitôt de son lit pour
voir ce qui se passait et, sortant de sa tente, il s’aperçut que tous ses
valets dormaient. Il vit alors venir un cavalier qui manifestait une grande
douleur et hurlait à tous les vents : « Malheur sur moi ! Comment
pourrais-je réparer ma faute ? Je n’ai pourtant jamais eu l’habitude de me
conduire d’une façon aussi perfide ! »
    Quand l’homme passa près de lui, le roi Arthur lui cria :
« Pourquoi te lamentes-tu ainsi ? » Mais le cavalier ne lui répondit
rien et poursuivit son chemin. Arthur le vit se diriger tout droit vers une
montagne. « Ah ! Dieu ! murmura Arthur, que ne donnerais-je pas pour
savoir de quoi se lamentait ainsi ce chevalier ! » Il avait à peine
prononcé ces paroles qu’il vit apparaître sur le chemin le chevalier aux deux
épées, celui qui avait nom Balin le Sauvage. Celui-ci reconnut le roi et, lorsqu’il
fut parvenu près de lui, il lui dit : « Seigneur roi, me voici prêt à
agir selon ton commandement ! Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour
te donner satisfaction ! – Tu m’en as donné la preuve, répondit le roi. Je
te demande maintenant de faire quelque chose qui te paraîtra peut-être futile, mais
qui me tient très à cœur : il s’agit de ce cavalier qui vient de passer et
qui se lamentait pour une faute qu’il aurait commise. Je te prie, pour l’amour
de moi, de le rejoindre et de le persuader de revenir. Ce n’est pas que je lui
veuille du mal, bien au contraire, mais je voudrais qu’il me dise pour quelle
raison il manifeste tant de tristesse et tant de douleur ! – Je le ferai, seigneur »,
dit Balin. Et, sans plus attendre, il piqua des deux et s’engagea sur le chemin
qu’avait suivi le chevalier inconnu.
    Il l’aperçut peu après. Son armure, comme son cheval, était
recouverte d’une housse blanche. Balin chevaucha derrière lui à si vive allure
qu’il le rejoignit bientôt au pied de la montagne. Mais il s’aperçut qu’il n’était
pas seul : une jeune fille de grande beauté et d’allure très noble se
trouvait à ses côtés. Et la jeune fille lui disait : « Pourquoi te
lamentes-tu ainsi ? Si tu ne l’avais pas fait, un autre l’aurait fait à ta
place ! » Et le chevalier répondait : « Je préférerais être
mort depuis dix ans et ne pas avoir à poursuivre cette aventure ! »
Et il se mit à se lamenter de plus belle.
    Balin ne mit pas longtemps à les rejoindre. Il s’adressa
ainsi au chevalier : « Seigneur, je t’en prie, je viens te demander, au
nom du roi Arthur qui m’envoie, de bien vouloir lui dire pour quelle raison tu
te lamentes ainsi ! – Seigneur, répondit l’autre, je ne peux répondre à
cette question et, en aucun cas, je ne reviendrai sur mes pas ! – Seigneur,
dit Balin, si tu refuses ma proposition, tu devras te battre avec moi, car
jamais personne n’a osé me contredire. – Je te crois, mais je ne peux revenir
en arrière, car il m’arriverait grand malheur, et cela à cause de toi ! – Comment ?
s’écria Balin, à cause de moi ? Dieu m’en garde, chevalier, et je peux te
jurer que tu serais sous ma sauvegarde si tu acceptais de me suivre auprès du
roi Arthur. – Jure-le-moi. – Je le jure ! » s’écria Balin. Ils se
mirent en route et chevauchèrent vers la tente du roi. Or, alors qu’ils n’en
étaient plus qu’à une portée d’arc, le chevalier s’écria tout à coup :
« Ha ! chevalier, toi qui portes deux épées, je me meurs ! J’ai
eu bien tort de me fier à ta protection ! Si je suis tué en ta compagnie, le
préjudice sera certes pour moi, mais le déshonneur sera pour toi ! »
    Balin se retourna : il s’aperçut que son compagnon
était

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