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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Puis il revint auprès du défunt et enleva la lance qui le
transperçait. Enfin, après avoir célébré l’office des morts selon le rituel
alors observé, il enterra le corps dans le cimetière. Après quoi, Balin et l’ermite
placèrent une grosse pierre sur la fosse en guise de dalle, et, le lendemain matin,
après avoir entendu la messe et remercié l’ermite pour son accueil, Balin
reprit sa route, à la recherche de la jeune fille qui avait gardé le tronçon de
lance. Il la rejoignit au pied d’une croix où elle était descendue de cheval
pour se reposer. Il lui raconta comment il avait accepté de chevaucher avec un
chevalier désarmé et comment celui-ci avait été tué à ses côtés d’une manière
si subite qu’il n’avait pu identifier le meurtrier. « Ha ! Dieu !
soupira la jeune fille lorsqu’il eut achevé son récit, c’est exactement ainsi
que fut tué mon ami, le meilleur des chevaliers, le plus courtois que j’aie
jamais connu. – Ainsi en va-t-il de nous, dit Balin, et il nous faut accepter
ici-bas les aventures telles qu’elles nous arrivent ! »
    Ils reprirent leurs montures et continuèrent leur route. En
fin d’après-midi, ils furent en vue d’une forteresse bâtie au fond d’une vallée.
Elle était de belle apparence, entourée de hautes murailles et d’un fossé très
profond. Balin chevauchait bien au-devant de la jeune fille. Or, dès qu’il eut
pénétré dans l’enceinte de la forteresse, les gardes laissèrent retomber une
porte coulissante, séparant ainsi le chevalier de la jeune fille. Devant cette
situation, Balin ne sut que faire : il ne pouvait pas revenir sur ses pas,
et la jeune fille ne pouvait le rejoindre. Et il l’entendit qui criait :
« Chevalier aux deux épées ! toi qui m’as laissée hors des murs, viens
à mon secours ou c’en est fait de moi ! Nous sommes ici chez une femme qui
me hait plus que tout au monde et qui veut me faire couper la tête sans aucune
raison. Si tu tardes trop, tu ne me reverras que morte ! »
    Les cris de la jeune fille mirent Balin au supplice : il
ne pouvait ressortir, sinon en sautant du haut de la muraille. D’autre part, si
la jeune fille mourait alors qu’elle était sous sa protection, il serait à tout
jamais déshonoré. Il descendit donc de cheval, se dirigea vers la porte de la
grande tour et, la trouvant ouverte, y pénétra aussitôt. Il monta dans la tour
le plus vite qu’il put et, là, il se heurta à douze gardes qui étaient désarmés.
Aussitôt, il tira son épée et leur cria que c’en était fait d’eux s’ils ne lui
ouvraient pas la porte coulissante. En le voyant ainsi armé et prêt à les
attaquer, ils eurent si peur qu’ils esquivèrent la bataille et s’enfuirent de
tous côtés. Balin se pencha par la fenêtre de la tour afin de voir pourquoi la
jeune fille criait ainsi. Elle était entre les mains de deux chevaliers qui lui
disaient : « Si tu ne fais pas ce que nous te demandons, nous te
couperons immédiatement la tête. Ce que nous te demandons, c’est la coutume de
cette forteresse. Toute jeune fille qui passe par ici doit s’en acquitter ! »
    Balin était au supplice en la voyant ainsi aux prises avec
ces deux hommes. Il prit le parti de risquer sa vie plutôt que de laisser périr
celle qui se trouvait sous sa protection. Il se signa et se recommanda à Dieu, puis
il sauta du haut des murs. Par chance, il sortit indemne de sa chute. Escaladant
alors le fossé, il s’approcha de la jeune fille, l’épée au poing, et cria aux
deux hommes qui la retenaient qu’ils allaient bientôt payer cher leur audace. Tout
ébahis de voir surgir le chevalier, les deux hommes relâchèrent la jeune fille
et reculèrent avec beaucoup d’effroi. C’est alors que la porte de la forteresse
s’ouvrit : il en sortit dix chevaliers, tout armés, qui tenaient son
cheval par la bride et qui le lui présentèrent : « Reprends ton
cheval, lui dirent-ils, car nous ne voulons rien garder qui t’appartienne. »
Balin reprit avec joie sa monture, tandis que les chevaliers, s’adressant à la
jeune fille, lui disaient : « Acquitte-toi de la coutume, et nous te
laisserons partir ensuite avec ce chevalier. – Je suis prête », répondit-elle.
À ce moment arriva près d’eux une femme qui tenait à la main une écuelle d’argent
d’assez grande dimension. « Jeune fille, dit-elle, il te faut remplir
cette écuelle de ton sang, car telle est la coutume.
    — De

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