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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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tombé de cheval. Immédiatement, il mit pied à terre et vint auprès de lui,
mais ce fut pour découvrir qu’il était gravement blessé, transpercé par une
lance dont le fer ressortait dans le dos. « Dieu ! dit-il, absolument
consterné, quel déshonneur pour moi que la mort de cet homme que j’avais pris
sous ma protection ! – Seigneur chevalier, articula faiblement le blessé, je
vais mourir et tu en es responsable. Il te faut donc désormais reprendre la
quête que j’avais commencée et l’achever comme tu le pourras ! Prends mon
cheval qui vaut mieux que le tien et rejoins la jeune femme que tu as vue avec
moi tout à l’heure. Elle te conduira où il te faut aller et te désignera
bientôt quel est mon meurtrier. On verra bien alors quelle vengeance tu sauras
en tirer ! » Et ayant ainsi prononcé ces paroles, le blessé rendit l’âme
entre les bras de Balin.
    Cependant, le roi Arthur était arrivé à ce moment et il
avait entendu ce que disait le mourant. « Roi, lui dit Balin, me voici
déshonoré par la mort de cet homme ! » Le roi Arthur lui répondit :
« Je n’ai jamais rien vu d’aussi extraordinaire ! C’est vrai : j’ai
vu porter le coup, mais je n’ai pas pu voir celui qui le frappait ! »
Balin prit la lance qui transperçait le cadavre et la tira à lui. « Roi, dit-il,
je vais partir en te recommandant à Dieu. Désormais, je ne reviendrai plus vers
toi sans avoir vengé ce chevalier et achevé la quête qu’il avait entreprise ! »
Et, sans plus tarder, il prit congé d’Arthur et s’éloigna pour rejoindre la
jeune fille.
    Arthur était fort perplexe. Il resta longtemps immobile auprès
du corps du chevalier. Ses serviteurs arrivèrent et lui demandèrent :
« Seigneur, qui donc a tué cet homme que nous voyons ici ? – Je n’en
sais rien », répondit le roi. Et tandis qu’il parlait, Merlin vint le
rejoindre. « Roi, lui dit-il, ne t’étonne pas de cette aventure. Tu en
verras de plus extraordinaires encore ! Mais je te conseille de faire
enterrer ce chevalier dans une tombe magnifique et de faire graver sur la
pierre cette inscription : Ci-gît le chevalier inconnu. Apprends également
que, le jour où tu sauras son nom, il régnera à ta cour une si grande joie que
jamais on n’en connut de pareille. Mais, jusqu’à ce jour, qui est lointain, tu
ignoreras ce nom. »
    Le roi suivit les conseils de Merlin et fit enterrer
dignement le chevalier sans nom qui avait été tué sous la protection de Balin
le Sauvage, le chevalier aux deux épées. Quant à Balin, il rejoignit très vite
la jeune fille. Celle-ci pleurait et gémissait. « Seigneur, disait-elle, quel
désastre d’avoir laissé tuer ce chevalier qui était sous ta protection ! Nous
n’avons pas gagné au change avec toi et cette quête ne nous procurera ni profit
ni gloire ! J’étais sûre qu’il pouvait la mener à bien, alors que toi, je
suis certaine que tu n’auras ni la force ni les mérites suffisants pour achever
les aventures. Et toi, je sais que tu mourras par manque d’audace et de courage.
Il aurait mieux valu, à tout point de vue, que ce fût toi et non lui que la
mort choisît comme victime ! »
    Balin était si consterné par ces paroles qu’il ne sut quoi répondre.
Puis ils se séparèrent : la jeune fille partit vers le soleil couchant, et
lui-même vers la forêt, comme ils en avaient décidé. À l’entrée de la forêt, il
rencontra un chevalier qui n’avait d’autre arme que son épée [128] .
Il revenait de la chasse accompagné de deux lévriers. Les deux hommes se
saluèrent mais, lorsque le chevalier désarmé vit dans quel état se trouvait
Balin, il s’arrêta tout surpris, se disant qu’il manquerait à tous ses devoirs
s’il ne lui demandait la raison de son désespoir. Balin lui répondit qu’il
était à jamais déshonoré et que, de son vivant, il ne pourrait jamais connaître
une joie égale à la honte qui venait de l’accabler. Le chevalier désarmé lui
proposa alors de l’accompagner : « Je serai avec toi quoi qu’il
arrive, lui dit-il, sauf si la mort nous sépare. » Balin fut extrêmement
surpris par cette offre, mais comme l’autre insistait, il lui donna son accord,
lui expliquant qu’il recherchait un inconnu qui avait tué d’un coup de lance un
chevalier que lui-même avait assuré de sa protection.
    Les deux chevaliers prirent alors la route à travers la
forêt. Peu après, ils rencontrèrent Merlin

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