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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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roi
Arthur ne put s’empêcher d’avoir une pensée pour la belle Guenièvre, la fille
du roi Léodagan, dont le visage éveillait en lui des songes qu’il n’osait pas
encore s’avouer à lui-même.
    Cependant, nombre de gens d’armes de toute origine commençaient
à se rassembler dans la plaine de Salisbury, bien décidés à tout entreprendre
pour venir à bout des Saxons maudits et mécréants. Il y avait là les gens du
roi Clamadieu des Îles, ceux du roi Hélain, ceux du roi Mark, qui avait pour
femme la belle Yseult la Blonde, ceux de Galehot, le fils de la Géante, seigneur
des Îles Lointaines, et beaucoup d’autres encore parmi lesquels Dodinel, fils
du roi Bélinant de Norgalles, qui fut surnommé le Sauvage parce qu’il chassait
avec plus d’ardeur que nul autre homme les sangliers, les cerfs et les daims
dans les forêts, ainsi que Sagremor, neveu de l’empereur de Constantinople, qui
était venu de ses terres lointaines pour recevoir ses armes du roi Arthur. À tous
ces hommes rassemblés se joignirent les gens des rois Ban, Bohort et Léodagan, ainsi
que bien d’autres seigneurs de la Bretagne armorique. Et, bientôt, on vit même
arriver les troupes des onze rois rebelles, ceux qui ne voulaient pas
reconnaître qu’Arthur était leur souverain légitime. Ils avaient tous pour
enseigne la bannière blanche à croix rouge, mais sur celle d’Arthur, que
portait Kaï, on voyait un dragon au-dessous de la croix. C’est ainsi que cette
grande armée se mit en marche vers la cité de Clarence qu’assiégeaient les
Saxons, plus nombreux que les flots de la mer. Hérissée de ses lances, l’armée
bretonne en marche était semblable à une forêt dont les frênes auraient eu pour
fleurs des pointes d’acier.
    Elle chevaucha toute la nuit et, au matin, elle se trouva en
vue du camp des Saxons. Il y avait une brume épaisse, et bientôt une pluie fine
mais insinuante se mit à tomber. Les Saxons, qui étaient plongés dans un lourd
sommeil, furent brusquement réveillés par la ruée des Bretons qui chargeaient à
travers le camp, rompant les cordes des tentes, abattant les mâts, renversant
les pavillons et faisant un tel massacre qu’en peu de temps les chevaux
pataugèrent dans le sang. Les enseignes étaient si trempées par la pluie que
les deux partis ne se reconnaissaient plus qu’à leurs cris de guerre. Mais les
Saxons se rallièrent au son de leurs cornes et de leurs buccins, et, constatant
que toute résistance était inutile, préférèrent s’enfuir au galop, abandonnant
sur le terrain tout ce qu’ils avaient d’armes et de bagages. Les Bretons s’occupèrent
alors de relever leurs morts et de soigner les blessés qui gisaient sur le
champ de bataille comme des brebis égorgées. Puis, après quelques heures de
repos, on se remit en route vers la ville de Clarence.
    À la nuit tombante, on se trouva aux abords de la ville en
un lieu appelé Mont-Badon : on pouvait encore voir, dans la plaine, la
masse imposante de l’armée des Saxons qui attendait le moment propice pour se
lancer à l’assaut. Les Bretons dressèrent leur camp sur les collines, tout en
surveillant ce qui se passait au-dessous d’eux, attentifs au moindre mouvement
suspect. L’impatience qu’ils avaient de se lancer contre l’ennemi était
cependant tempérée par l’obscurité, et il fut décidé qu’on attaquerait le
lendemain à l’aube. Chacun se retira alors dans sa tente. Quant aux onze rois
rebelles, ils s’étaient établis à l’écart des autres, pour bien montrer leur
différence, et ils tenaient conseil pour savoir quelle était la conduite à
tenir.
    C’est alors que Merlin se présenta à eux. Il avait gardé son
aspect habituel et tous le reconnurent, manifestant une grande joie et lui
faisant le meilleur accueil. « Merlin, lui dirent-ils, ton absence nous a
fait cruellement défaut, car nous avions besoin de tes conseils. Tu nous vois
aujourd’hui dans le plus grand embarras. Et puisque tu es le plus sage des
hommes, révèle-nous ce qu’il adviendra du royaume de Bretagne ! – Certes, répondit
Merlin, mon absence vous a beaucoup nui, mais je voulais savoir ce que vous
étiez capables de faire par vous-mêmes. Vous êtes tous des hommes courageux et
intrépides. Vous êtes tous de bonne naissance et votre puissance ne peut être
mise en doute. De plus, vous avez été de bons et loyaux serviteurs pour votre
roi Uther Pendragon, et vous l’avez aidé à débarrasser ce

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