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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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serait bientôt achevée : dès que Morgennes aurait retrouvé son épée et livré la Vraie Croix, elle pourrait repartir – avec lui.
    La route qui menait à l’oasis des Moniales passait légèrement au sud-est de Damas. Ce n’était au fond qu’un modeste détour de quelques heures avant d’atteindre le krak des Chevaliers. D’un jour tout au plus.
    Dès qu’ils eurent quitté le camp de Saladin, laissant à celui-ci le soin d’envoyer les Muhalliq châtier les Maraykhât, Taqi dit à Morgennes :
    — Je me méfie de ce Simon. Crois-tu que nous puissions lui faire confiance ? Ne devrions-nous pas l’enchaîner ?
    — Cette croix l’occupera plus sûrement qu’une chaîne, fit Morgennes en montrant Simon, qui portait la Vraie Croix, fier comme un paon.
    — Tu as raison. Sais-tu à quoi je pense ?
    Sans laisser à Morgennes le temps de répondre, il reprit :
    — Les Romains appelaient le sentier qui menait à Massada « le chemin du serpent ». D’une certaine façon, c’est lui que nous suivons…
    — Comment cela s’est-il terminé pour eux ? demanda Morgennes.
    — Pour les Romains, ma foi, fort bien. Mais pour les zélotes qui s’étaient réfugiés à Massada, plutôt mal : tous se suicidèrent, préférant mourir de leur propre main plutôt que de celle des légionnaires. Hormis deux ou trois, qui se cachèrent pour ne pas périr.
    — C’est affreux !
    — Affreux, oui. Et malheureusement authentique. Enfin, si ce qu’en dit Flavius Josèphe est vrai…
    Taqi sourit puis éperonna violemment sa monture, qui partit au galop. Il prit ainsi deux ou trois arpents d’avance sur ses compagnons. L’habitude de mener ses troupes et de chevaucher en éclaireur était aussi présente en lui que celle qu’avait Morgennes d’être aux aguets, la lance sur la cuisse, prêt à charger ; Simon celle de coller sa monture dans le sillage d’un aîné ; Cassiopée celle de faire de petits allers et retours d’un bout à l’autre de leur groupe afin d’en assurer la cohésion. Hormis Morgennes, qui montait Isabeau, tous avaient de nouveaux chevaux, plus légers et rapides que ceux des Templiers. Enfin, la jument de Taqi était couleur de la robe de Terrible, blanche.
    Simon tenait délicatement la croix tronquée, comme si c’était un nouveau-né.
    Morgennes la lui avait laissée bien volontiers : libre à lui de se fatiguer s’il le souhaitait. Libre à lui, également, d’avoir l’honneur d’être celui qui porterait le Saint Bois quand ils reviendraient chez les Hospitaliers. « Au moins, se dit Morgennes, cela lui vaudra-t-il l’estime, sinon la bienveillance, des chevaliers du krak… »
    Morgennes se demanda comment les siens le jugeraient à son retour. Et ce qu’il ferait. Rentrerait-il en France avec Cassiopée, pour y finir ses jours dans les pages d’un livre, ou bien irait-il croupir dans un monastère, ainsi qu’il y avait été condamné ? Après tout, rien ne l’empêchait de laisser Simon aller seul au krak, et de s’en aller, lui, avec Cassiopée, à la rencontre de Chrétien de Troyes. Il retint un frisson. De quoi avait-il peur ?
    — Pourquoi, demanda Simon – qui chevauchait juste derrière lui –, allons nous chez les Moniales, puisque nous avons la Vraie Croix ?
    — Pour retrouver mon épée, répondit Morgennes.
    — Mais qu’a-t-elle de spécial ?
    Morgennes laissa passer un instant avant de répondre. Cette épée était presque aussi précieuse à ses yeux que la Sainte Croix. D’ailleurs, sans qu’il pût s’expliquer pourquoi, Crucifère et la Vraie Croix étaient, pour lui, indissociables.
    — C’est une lame sainte, se contenta-t-il de dire. Elle a été forgée il y a plusieurs siècles, pour permettre aux chrétiens de se défendre contre les démons. Guillaume de Tyr prétendait que sa lame avait été trempée dans le sang d’un dragon, ce qui lui donnait intelligence, souplesse et solidité.
    — Intelligence ?
    — Oui, confirma Morgennes. Comme Durandal, Joyeuse ou Excalibur, cette épée a une personnalité. Amaury a passé des années à la rechercher, s’aidant des conseils de Guillaume de Tyr et m’envoyant en mission partout où l’on pensait la trouver.
    — Où l’avez-vous découverte, finalement ?
    — À Lydda, dans un ancien tombeau qu’un tremblement de terre avait mis au jour, en 1170.
    — Sait-on de quel tombeau il s’agissait ?
    — Nous n’en sommes pas certains, mais il y

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