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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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petits singes blancs, à tête plate auréolée d’une crinière soyeuse, l’avait escaladé et regardait dans leur direction en se grattant le menton, l’air songeur.
    — Quelle douce chaleur ! dit Morgennes en souriant. As-tu remarqué comme il fait aussi de plus en plus humide ? Il doit y avoir une source d’origine volcanique, quelque part…
    En effet, une mince colonne de fumée blanche montait au-dessus des palmiers, et se perdait, vaporeuse et légère, dans le soir.
    — C’est l’oasis de la Main, dit Yahyah…
    — Comment l’appelles-tu ? demanda Morgennes. Les autres l’appelaient l’oasis des Moniales…
    — C’est l’oasis de la Main, l’oasis des Palmiers blancs… Massada l’appelait comme ça. Parce qu’elle ressemble à une main aux doigts tendus vers le ciel…
    — Je ne vois pourtant que des palmiers environnés d’herbes…
    — Justement, ce sont les doigts. La source, les habitations, se trouvent dans la paume, dans une sorte de creux.
    — Comment y accède-t-on ?
    — Massada a parlé d’une route. Il dit que l’oasis est parcourue par des sentiers, qui sont comme les lignes de la main…
    — Lequel faut-il prendre ?
    — Celui de la ligne de vie.
    Morgennes étudia sa main, et observa, songeur, les sillons qui s’y entrecroisaient, se longeaient ou se divisaient.
    — C’est très étrange, remarqua Yahyah. Ta ligne de vie s’arrête à un endroit, disparaît un instant, et repart sur une courte distance. N’est-ce pas curieux ?
    Morgennes le regarda d’un air indifférent.
    — Je n’entends rien à ces choses-là, répondit-il. Viens, faisons le tour de l’oasis. Tâchons de trouver ce qui tient lieu d’entrée.
    Ils longèrent donc l’oasis, qui avait bien les contours d’une main. Au bout de quelque temps, ils s’arrêtèrent devant un mince raidillon qui paraissait plonger dans un abîme de verdure. Babouche jappa. Du haut des arbres, une dizaine de singes blancs les observaient, immobiles, les mains nouées sur le ventre comme de vieux sages, une sorte de sourire aux lèvres.
    — Ils sont ici comme au spectacle ! s’esclaffa Yahyah.
    Sur le qui-vive, Morgennes mena Isabeau le long de la pente qui descendait, souvent abruptement, entre les fûts étroits aux hautes palmes entremêlées. Çà et là, quelques lianes coupées témoignaient du récent passage de Taqi, Simon et Cassiopée. Ailleurs, un tronc enfoncé dans la boue, des traces jumelles de roues ponctuées de trous creusés par de petits sabots, figuraient les vestiges de la venue de Massada. L’air était plein de cris de perroquets, dont ils apercevaient parfois – l’espace d’un éclair – le trouble plumage blanc. De loin en loin, des singes leur répondaient d’une voix presque humaine. Il y en avait maintenant des dizaines, qui suivaient furtivement Isabeau, se faufilant derrière un tronc ou s’aplatissant dans la végétation dès que Morgennes ou Yahyah regardaient vers eux. On se serait cru en pleine jungle, et Morgennes se rappela effectivement avoir traversé des endroits similaires. Puis la moiteur s’intensifia jusqu’à devenir étouffante. Les palmiers cédèrent peu à peu la place à d’épais bosquets de fleurs exotiques, dans une luxuriance sans cesse renouvelée de blancs, de roses et de jaunes. Beaucoup servaient de perchoirs aux perroquets. Ils n’hésitaient pas à venir s’y poser, parfois à portée de main, en longues lignes de part et d’autre de Morgennes et Yahyah – qui eurent la curieuse impression de passer en revue un bataillon de l’armée des oiseaux.
    — Morgennes…
    Cette fois, Yahyah tremblait de peur. Alors Morgennes le serra contre lui, lorsque, tout à coup, Babouche aboya : ils étaient encerclés. Une vingtaine de guerrières en armure d’airain, armées d’arcs longs, d’épées courtes et de fins javelots, les menaçaient de leurs armes. Pareilles à des hamadryades, elles avaient surgi de tous les côtés de la jungle à la fois. Certaines étaient montées sur des gazelles ivoirines, et les regardaient avec animosité. Celles qui les visaient de leur arc avaient le calme des pierres et, si elles n’avaient pas bougé pour les ajuster tandis qu’ils avançaient, on aurait pu les prendre pour des statues.
    — Suivez-nous, dit pourtant l’une d’elles sur un ton peu amène.
    Morgennes talonna doucement Isabeau et, peu de temps après, ils arrivèrent à l’oasis proprement dite. C’était un

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