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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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à s’estomper.
    — Babouche, ici !
    Babouche ne l’écouta pas et, quand Morgennes approcha la main pour l’attraper par le cou, elle recula, grattant la terre de ses pattes de derrière en grognant.
    — Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as flairé un danger ?
    Babouche aboya, et s’éloigna un peu plus loin. Comme à regret, Morgennes jeta un dernier coup d’œil à l’oasis des Moniales : elle avait pratiquement disparu. Il ne voyait plus qu’une vague lueur, aussi épaisse que le blanc à la base de l’ongle. S’il ne se dépêchait pas, il n’aurait plus aucun espoir d’atteindre l’oasis, et serait condamné à mourir de soif.
    — Je m’en vais.
    Mais la chienne l’ignora, continuant à fouiller le sol et reculant chaque fois que Morgennes faisait mine d’approcher. S’il n’avait pas eu son armure sur le dos, il se serait lancé à sa poursuite, et se serait penché sur le côté pour l’attraper par la peau du cou. Malheureusement, son haubert pesait si lourd qu’il ne pouvait accomplir une telle manœuvre sans se mettre en danger. D’ailleurs, il aurait dû d’ailleurs l’accomplir de la main gauche, à cause de son œil aveugle – et ne s’en sentait pas la force.
    — Adieu, Babouche !
    D’ordinaire, lorsqu’elle se retrouvait seule, la petite chienne accourait ventre à terre. Mais elle ne bougea pas, se contentant de fixer Morgennes de ses yeux tristes. Morgennes fit mine de repartir en direction de l’oasis, et Babouche s’enfonça plus loin dans le désert. Bientôt, elle disparut derrière une dune et Morgennes ne l’entendit plus. Il n’y avait désormais que le bruit du vent ; le sourd fracas du sable dévalant les dunes que les bédouins appellent « chant du désert ».
    Morgennes fit quelques pas avec Isabeau et la lança au petit trot, hésitant entre galoper pour profiter des derniers rayons du soleil, et revenir sur ses pas afin d’essayer de rattraper Babouche, dont le comportement l’intriguait. Il aurait aimé avoir un point de repère, pouvoir faire les deux. Mais c’était impossible. S’il n’optait pas, maintenant, pour l’une ou l’autre solution, il se perdrait dans le désert. Morgennes arrêta Isabeau afin de se donner le temps de réfléchir, de boire et de prier. Il prit une outre dans son sac de selle et but une longue goulée de l’eau de Tibériade. Après s’être essuyé la bouche d’un revers de main, ayant remis l’outre en place, il demanda à Dieu de lui envoyer un signe.
    Et en reçut deux.
    D’une part, Babouche s’était mise à aboyer de toutes ses forces, ponctuant chacun de ses jappements d’un grognement sourd ; d’autre part un puissant cri d’oiseau vibra dans l’air : comme chaque soir, au crépuscule, Cassiopée envoyait son faucon pèlerin tournoyer dans le ciel.
    « D’un autre côté, se dit Morgennes, elle le faisait aussi en cas de danger. »
    Ni une, ni deux, il fit décrire une volte à Isabeau, et retourna au grand galop en direction des aboiements, certain d’avoir un repère stable grâce aux longs vols planés du faucon. Passant derrière une dune, tirant sur les rênes de sa monture pour l’empêcher de dévaler la pente au galop, Morgennes rejoignit Babouche. Qui tenait dans sa gueule un objet.
    — Donne ! dit Morgennes en tendant la main.
    La chienne s’approcha et déposa à terre une pantoufle décorée de motifs arabisants !
    — Damedieu ! Mais c’est celle de Yahyah !
    La chienne aboya à l’évocation du nom du jeune garçon, et gratta de nouveau le désert, soulevant un brouillard de poussière jaune. Morgennes sauta de selle et s’avança vers Babouche, qui fit quelques pas sur le côté et mordit dans un coin de tissu blanc qui dépassait du sable. Morgennes dégagea rapidement ce qui se révéla être un keffieh et trouva Yahyah inconscient, la face brûlée par le soleil.
    — Isabeau !
    La jument s’approcha et Morgennes prit sa gourde. Après avoir versé un peu d’eau dans le creux de sa main, il humidifia le visage du jeune homme, auquel Babouche donnait force coups de langue. Yahyah ouvrit les yeux, puis la bouche, mais ne put rien prononcer d’intelligible. Morgennes lui fit signe de se taire, le fit asseoir sur le sable et lui donna à boire le contenu de sa gourde, par petites gorgées. Peu à peu, le garçon revint à lui. Il était en piètre état. Ses vêtements étaient tout déchirés et il était pieds nus.
    — Comment te sens-tu ? demanda

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