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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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la présence d’esprit – se précipitèrent vers la lourde porte Saint-Étienne, mais on l’avait refermée. Ils tambourinèrent tant et si bien dessus qu’ils y firent des creux, encore visibles aujourd’hui. Puis les Sarrasins les écrasèrent avec un bélier, les figeant en d’affreux bas-reliefs.
    Balian détourna le regard, écœuré, et agita son chiffon blanc, alors qu’une patrouille de mamelouks s’avançait vers lui.
    Il avait pensé qu’on le mènerait au nord des faubourgs de Jérusalem, mais la patrouille le conduisit au mont des Oliviers, où Saladin avait établi son camp.
    Le sultan était d’excellente humeur, ayant reçu de Dieu le signe qu’il attendait. Sous la forme de son neveu Taqi.
    — Taqi, Taqi, disait-il en caressant les joues de son neveu. Les océans eux-mêmes n’auraient pas plus d’eau que mes yeux n’en verseraient si je devais pleurer de joie, tant je suis heureux de te revoir !
    Taqi, Morgennes et la Vraie Croix étaient arrivés en début de matinée. La première décision qu’avait prise Taqi, en voyant le campement de Saladin, avait été d’en faire changer la position.
    — Vous devriez, mon oncle, aller vous installer au sommet du mont des Oliviers. De là vous dominerez la ville. Pensez en outre au plaisir que vous ferez à Dieu en reprenant en premier les deux bâtiments les plus chers à Son cœur : la mosquée al-Aqsa et Qoubbat al-Sakhra, le dôme du Rocher.
    — Tu as mille fois raison, répondit Saladin. En vérité, Dieu t’a envoyé pour m’ouvrir les yeux. Je ne veux plus que tu t’éloignes. Tu es pour moi comme un fils !
    Quand le cheik des Muhalliq, Nâyif ibn Adid, lui avait rapporté comment l’oasis des Moniales avait été détruite, disparaissant dans un nuage de sable, engloutissant l’armée des Maraykhât, Saladin avait cru que Taqi était mort ; et Cassiopée avec lui.
    En les voyant arriver dans l’après-midi, son cœur avait retrouvé la joie, sa bouche le sourire. Morgennes et Simon, eux, ne pouvaient en dire autant. Auprès de son oncle, Taqi les oubliait un peu. En outre, l’accès de la ville leur était interdit. Morgennes avait dû cacher Crucifère et, quant à la Vraie Croix : « Chaque chose en son temps », avait dit Saladin, tout au bonheur de retrouver sa nièce et son neveu. En bon tacticien, Taqi avait indiqué à son oncle l’emplacement idéal pour les catapultes : dans les jardins de Gethsémani.
    En l’apprenant, Simon pleura à chaudes larmes et questionna Morgennes :
    — Pensez-vous que nous avons fait tout cela en vain ? Quel espoir avons-nous de sauver Jérusalem et de porter à ses habitants la Vraie Croix ?
    — Que me dis-tu là ? s’étonna Morgennes. Tu sais fort bien que la Vraie Croix n’est pas celle que tu tiens.
    — Vous m’avez ordonné de n’en rien dire.
    — En effet, mais avec moi, ce n’est pas pareil. Regarde les forces de Saladin : crois-tu que la ville sera capable de tenir ?
    — Non. Pas sans l’aide de Dieu.
    — Et penses-tu qu’il la lui apportera ?
    — Je ne sais pas, soupira Simon.
    Morgennes le regarda, baissant la tête pour cacher son sourire. Simon avait enfin appris le doute, la modestie. Tout n’était pas perdu !
    — Je vais voir ce que je peux faire, annonça Morgennes en s’éloignant.
    — Où allez-vous ?
    — Chez Saladin.
    Morgennes trouva Saladin en compagnie d’Ernoul, de Taqi, de Balian, du cadi Ibn Abi Asroun – qui frémit en le voyant entrer – et d’Abu Shama, qui prenait en notes à l’aide d’un calame tout ce que Saladin disait.
    Balian était venu négocier la reddition de la ville.
    — Sultan, je t’en conjure, épargne-nous, suppliait-il. Cela te coûtera si peu et te rapportera tellement.
    — Non ! répliqua Saladin. Je me suis promis, par souci d’équité et afin qu’on ne puisse pas dire que seuls les chrétiens sont des fous, que je reprendrai la ville de la même façon qu’eux : en tuant tous ses habitants, en y faisant un tel bain de sang que mes soldats en auront jusqu’aux genoux.
    En effet, les chroniqueurs chrétiens – tel Raymond d’Agiles – avaient apporté ce que tous avaient encore en mémoire, la façon dont les premiers croisés s’étaient emparés de Jérusalem : « On vit des choses admirables… On voyait dans les rues et sur les places de la ville des monceaux de têtes, de mains, de pieds. Les hommes et les chevaliers marchaient de tous côtés à travers les

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