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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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flot de furieux parut se calmer et que les reliques furent en lambeaux, le patriarche meugla :
    — Je vous demande de vous arrêter !
    On protesta. Alors, les Templiers blancs dégainèrent leur épée, Ridefort allant même jusqu’à plonger la sienne dans le ventre d’une fillette que sa mère avait tenu à amener pour l’édifier.
    Le silence se fit.
    — Écoutez-moi ! continua Héraclius en venant, avec son fils, ramasser ce qui restait des reliques pour les remettre sur leurs petits coussins de soie rouge. Seigneur ! dit-il en fixant des yeux le tombeau de Jésus, situé juste en face de lui, de l’autre côté du chœur, laisseras-Tu faire ces mécréants, qui campent là-dehors, sous nos murs ? Les laisseras-Tu dire : « Allah est le plus grand ! » ?
    Il faisait mille caresses aux reliques, les couvrait de baisers, les cajolait et leur parlait comme s’il se fût agi de nourrissons.
    — Les laisseras-Tu faire ?
    — Nooooon ! répondait la foule en vagissant.
    — Ou bien, au contraire, est-ce cela que Tu désires entendre : « Allah est le plus grand ! » ?
    — Allah est le plus grand ! reprenaient les fidèles, qui en rigolant, qui sérieusement.
    — Allah est le plus grand ! disait Héraclius en déambulant sous la nef, les coussins levés au-dessus de lui.
    —  Allah Akbar ! hurla alors Gérard de Ridefort.
    —  Allah Akbar ! reprirent les ouailles.
    Héraclius renversa la tête de manière extatique. De ses yeux, on ne voyait que le blanc ; des commissures de ses lèvres suintait un flot de bile noire.
    Et la foule de brailler de plus belle :
    —  Allah Akbar !
    Renaud de Châtillon avait réussi au-delà de ses espérances. La foule invitée à communier dans la détestation de Dieu avait répondu à son appel, et se laissait aller maintenant à des déchaînements de haine qui certainement ne laisseraient pas Dieu insensible, et Le feraient réagir.
    Il ne pouvait en être autrement ! On n’avait jamais vu un tel déferlement de délire et de rage. Ah, si seulement ils avaient eu la Vraie Croix ! C’est sûr, Jésus serait sorti de Son tombeau pour les exterminer !
    — Mes amis ! poursuivit Héraclius en dardant sur la foule ses yeux exorbités. Que pouvons-nous faire d’autre ? Dieu ne veut pas nous répondre ! Nous qui L’aimons tant ! Que pouvons-nous faire pour Lui prouver notre amour et L’inciter à nous entendre ?
    — Jetons-les en enfer ! hurla Châtillon, du haut de sa monture.
    — En enfer ! cria la foule. En enfer !
    Héraclius trouva tout à coup que l’atmosphère changeait. À quelqu’un qui lui demandait s’il se sentait bien, il répondit benoîtement :
    — Il fait chaud !
    À la fois excité et effrayé par la tournure que prenaient les événements, Héraclius eut un doute : n’y avait-il pas un risque à menacer Dieu de l’enfer ?
    Mais où était l’enfer ? À cela, la tradition hiérosolymitaine offrait une réponse : non loin des souterrains de l’ancien Temple bâti par le roi Salomon, et dont les Templiers avaient fait leurs écuries – capables d’accueillir plus de deux mille chevaux. On y accédait par des galeries organisées en un réseau si complexe qu’il était difficile de ne pas s’y perdre. La légende voulait que les Templiers y aient caché leur trésor, dans une salle sans portes tant ils étaient sûrs que personne jamais ne s’y aventurerait. En outre, en suivant certains chemins dont la construction remontait à des temps immémoriaux – et ne semblaient pas être le fait des fils d’Adam –, on arrivait dans une grande grotte, au milieu de laquelle se trouvait l’une des neuf portes menant aux Enfers. En fait, très exactement sous le rocher du fameux dôme du Rocher, où l’on disait que séjournaient les âmes de ceux qui n’avaient pu gagner le paradis, mais ne méritaient pas d’être damnées.
    En effet, neuf portes permettaient d’aller de la terre aux Enfers, et l’une d’entre elles se trouvait à Jérusalem.
    C’est donc vers celle-ci (dont, au fond, la plupart ignoraient la localisation exacte) que la foule se précipita, sous les regards quelque peu stupéfaits d’Héraclius et de Bernard de Lydda. Héraclius était en train de vivre son rêve – pas tout à fait celui qu’il avait caressé, certes, mais quand même – et se demandait quand il allait se réveiller. Et surtout, si cela n’allait pas tourner au cauchemar.
    Car aux cris de

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