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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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journée.
    La sentence était tombée sur un ton des plus calmes.
    — Mais je préférerais, poursuivit Saladin, m’en emparer et ne pas perdre al-Afdal. Aussi vais-je me plier à ce qui est écrit dans ce message. Je vais donner l’ordre à mes troupes de battre en retraite. Pendant ce temps, tu iras dans la ville, discrètement, à la recherche de mon fils. Tu es un chrétien. Personne ne se méfiera de toi…
    — Quel intérêt les Assassins ont-ils à vous empêcher de prendre Jérusalem ?
    — Me nuire, voilà tout. Reprendre la ville aux chrétiens pour la rendre à Dieu a été le projet de ma vie. Sinan ne veut pas qu’on puisse dire : « Il a réussi là où les Batinis ont échoué. » En outre, j’imagine qu’il a d’autres projets… Si c’est bien lui le responsable…
    Morgennes dévisagea le sultan, se demandant s’il mesurait la difficulté de la tâche. Et d’ailleurs, de quelle manière s’assurer qu’al-Afdal était bien à Jérusalem, et non pas ailleurs ?
    Le cadi Ibn Abi Asroun parla d’une voix lente, détachant chacune de ses paroles afin de bien se faire comprendre :
    — Vous vous posez sûrement la question de savoir comment il se fait que nous soyons au courant qu’al-Afdal se trouve à Jérusalem. En fait, ce n’est qu’une supposition. Mais, après sa disparition, mes hommes et ceux du Yazak ont mené leur enquête. Nous nous sommes aperçus que Sohrawardi manquait à l’appel, ainsi que quelques mamelouks – dont ceux qui le gardaient, parmi lesquels le propre fils de Tughril. Il est d’ailleurs lassant de voir que les mamelouks continuent de se révolter. Ils devraient comprendre que c’est sans issue… Enfin, leurs traces…
    Taqi lui coupa la parole :
    — … se dirigeaient tout droit vers la muraille, à l’orient de la ville… Nous n’eûmes aucun mal à les suivre : nous sommes des pisteurs, habitués à traquer les pires prédateurs sur les terrains les plus difficiles. Les retrouver fut un jeu d’enfant ; d’autant qu’ils ne cherchaient guère à se cacher, et que Sohrawardi semait derrière lui des effluves, comment dire…
    — Impossibles à dissimuler, susurra Morgennes.
    — En effet. D’ailleurs, après son départ, le camp s’en porta mieux. Je n’ose imaginer ce qu’il en est à présent de ces pauvres Hiérosolymitains.
    — Il s’agit peut-être d’une fausse piste, observa Morgennes.
    — Si tel est le cas, alors mon fils est mort, lâcha Saladin.
    Morgennes se leva, massa ses genoux endoloris, porta la main sur son cœur et s’inclina pour déclarer :
    — Je retrouverai votre fils.
    — Je viens avec toi, proposa Taqi.
    — Non, dit Morgennes. Tu risquerais de nous faire remarquer. En revanche, je veux bien y aller avec Simon.
    — Et Cassiopée ? s’enquit Taqi.
    — Elle reste avec toi. Surtout, qu’elle ne fasse rien…
    — Autant demander au khamsin de ne pas souffler.
    — Je vais l’en convaincre moi-même. Je tiens à la saluer, ainsi que Massada, avant de m’en aller. Allez chercher Simon et conduisez-nous aux portes de la ville. Je sais une poterne, non loin du tombeau de la Vierge…
    — Inutile, coupa Taqi. C’est nous qui te ferons entrer, par un chemin connu de nous seuls et sur lequel nous sommes tombés par hasard, en sapant les murailles. C’est là que nous attendrons ton retour. Et, si demain matin tu n’es pas revenu…
    — Vous donnerez l’assaut, j’ai compris.
    En fait, ce n’était pas tout à fait exact, puisque l’accord passé avec Balian d’Ibelin stipulait que la ville acceptait de se rendre si Saladin renonçait à la piller. Le sultan avait demandé à Balian un jour de réflexion, mais à la vérité sa décision était déjà prise : si son fils lui était rendu vivant, il accepterait les conditions des chrétiens. Il épargnerait ainsi bien des vies, d’infidèles et de Mahométans. Il ne restait plus à Balian qu’à convaincre Héraclius et les bourgeois d’accepter les revendications de Saladin : on parlait d’une rançon de dix dinars pour chaque homme, de cinq pour chaque femme et d’un seul par enfant.
    *
    — Avance, et tais-toi !
    Un violent coup de pied projeta al-Afdal par terre, où il s’écorcha les mains.
    Il se releva sans un cri, une fois de plus, en maugréant intérieurement. Il n’avait pas prononcé un mot depuis qu’il avait été enlevé ; et s’était promis de ne rien dire à ses ravisseurs. Jamais.
    Prétextant de

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