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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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faible sifflement retentit à l’autre extrémité du passage. J’entendis Meto se diriger vers la porte et échanger quelques mots. Il me lança d’où il se trouvait :
    — Mes hommes sont venus emporter les cochons d’argent. Je vous déconseille de tenter quoi que ce soit, Falco. N’oubliez pas votre belle – je l’emmène avec moi. Ni vous ni mon frère n’avez intérêt à lancer les poursuites.
    Il sortit. Je demeurai par terre, ligoté. Incapable de maîtriser mes sentiments, j’avais fait capoter l’enquête. J’avais perdu l’argent, ma mie et le coupable ; et avant la fin de la journée, j’aurais selon toute vraisemblance dit adieu à cette vie ratée…
     
    L’après-midi me parut sans fin. Quelqu’un me fit rouler à l’écart, puis des silhouettes sombres sélectionnèrent dans le tas les lingots marqués, cherchant avec méthode les barres estampillées. Parmi le groupe effectuant ces allées et venues, je reconnus les deux brutes épaisses qui avaient kidnappé Sosia. Ni l’un ni l’autre ne me prêtèrent attention.
    Une fois leur tâche accomplie, ces forçats grimaçants quittèrent la cave, m’abandonnant dans la pénombre avec les barres de plomb.
    Je sentis vaguement quelques vibrations. Les chariots remplis d’argent venaient sans doute de s’ébranler, profitant de l’effervescence suscitée par le Triomphe pour espérer s’échapper à travers les rues désertes en plein jour, malgré la réglementation.
    Le faible espoir de voir la patrouille de prétoriens promise par Titus débarquer tandis que l’argent se trouvait encore là s’évanouit. Aucun garde ne serait disponible avant le retour de l’Empereur dans son palais, dans la soirée – et même alors, ceux qui devaient prendre leur tour de garde préféreraient certainement être de la fête…
    De toute manière, Petronius Longus soutenait toujours qu’un prétorien était incapable de coincer une mouche.
    Où diable se trouvait Petro à cette heure ?
    Étant sur le dos, j’entrepris de me balancer d’un côté sur l’autre et parvins enfin, dans un gémissement, à basculer sur le ventre. Je sentis douloureusement le sang s’écouler à nouveau dans mes bras. Le visage dans la poussière, je jurai à plusieurs reprises – ça soulage toujours… – puis je relevai les pieds en pliant les genoux et tentai frénétiquement d’attraper mes chevilles avec mes mains liées.
    Après avoir passé quelques minutes à gesticuler de façon ridicule, j’eus enfin un coup de chance : mes contorsions avaient libéré le poignard coincé à l’arrière de ma botte droite. Je le sentis glisser le long de ma jambe et l’entendis tomber sur le sol.
    Je jurai à nouveau, avec une conviction retrouvée, et me redressai d’un coup violent.
    Je me mis à ramper à la recherche du couteau. Cela se corsa vraiment une fois que je l’eus retrouvé. Je me tournai sur le côté en gigotant, puis m’inclinai légèrement sur le dos pour parvenir, après plusieurs tentatives infructueuses, à agripper le couteau entre mes doigts.
    J’aurais sans doute réussi à défaire les liens autour de mes chevilles sans perdre un trop gros morceau de ma jambe mais, n’ayant rien d’un contorsionniste, je ne m’en serais pas trouvé libre pour autant, mes mains demeurant inaccessibles dans mon dos. Heureusement pour moi, les hommes chargés de transporter les lingots avaient fini dans un tel état d’épuisement qu’ils étaient partis en laissant la porte légèrement entrouverte. En sautillant et en me cognant, je parvins à la trouver de mémoire et guidé par un léger courant d’air. Je glissai le manche de ma dague entre la porte et le chambranle. En m’appuyant d’une épaule contre la porte je commençai à couper les liens retenant mes poignets.
    Ce stratagème astucieux m’arracha beaucoup de sueur et me laissa quelques coupures aux deux bras…
    Cela me prit du temps ; je frôlai l’apoplexie à plusieurs reprises, mais je finis par me libérer.

62
    En émergeant des ténèbres, je fus surpris des clameurs qui s’échappaient encore du Triomphe ; même affaibli, le bruit subsistait.
    Naturellement, la cour était vide ; je décidai malgré tout d’aller inspecter l’entrepôt. Je me dirigeai péniblement vers la porte imposante, tendis l’oreille et, n’entendant rien, je me glissai discrètement à l’intérieur. Je m’arrêtai un instant pour laisser mes yeux s’acclimater aux vapeurs de

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