Les Conjurés De Pierre
intentionnellement choisi une voiture discrète en bois sombre et délavé par les intempéries. Personne, sur son passage à travers les villages, ne devait pouvoir se douter qu’elle transportait le pape Jean. La voiture en piteux état manquait de confort. Pas même une fenêtre à l’avant par laquelle on eut pu faire signe de l’intérieur au cocher de ralentir. Sa s ainteté avait mal au cœur. Sa Sainteté avait horriblement peur.
Le pape Jean se cramponnait d’une main à son siège inconfortable – il ne se souvenait pas que son souverain postérieur eut été une fois si malmené dans sa vie –, de l’autre, il tenait victorieusement le parchemin auquel Bartolommeo essayait de faire prendre feu à l’aide d’un fidibus.
Peu avant son départ, le monsignore avait révélé l’écriture sur le parchemin et en avait lu le texte à son maître qui était devenu livide.
Depuis, il n’avait pas retrouvé ses couleurs. Une lueur de triomphe passait parfois dans ses yeux sans qu’il se soit pour autant remis du choc subi.
— Mais qu’attendez-vous donc, damné serviteur ! lança-t-il, impatient.
L’intendant, assez peu habile dans le maniement des choses profanes, s’évertuait en vain à tirer du fidibus la moindre petite flamme.
Le pape, se souvenant de son passé de pirate, fit une tentative à sa manière. Et voilà que subitement une petite flamme monta du fidibus, d’abord timide, puis, attisée par le vent, elle se transforma en torche.
Le pape Jean tendit la torche à son intendant pour qu’il la tienne pendant qu’il dépliait le parchemin.
Il l’approcha de la flamme.
— Diantre, il ne veut pas prendre feu ! s’exclama-t-il impatient.
— Votre Sainteté, ayez un peu de patience. Au purgatoire, les âmes des damnés rougeoient légèrement avant que les flammes ne les embrasent et dévorent leurs péchés.
— Nonsens ! siffla le pape entre ses dents.
C’est alors que se produisit la chose la plus inattendue qui soit : un jet de flamme jaillit du parchemin en sifflant vers les parois de la voiture qui prit feu en un clin d’œil.
Lorsque les deux cochers s’aperçurent du désastre, c’était trop tard. Ils essayèrent d’immobiliser la voiture en flammes.
En vain. Ils finirent donc par sauter, suivi du pape Jean et du monsignore. Les chevaux, comme pourchassés par le démon, continuèrent leur chemin tous seuls vers Schaffhausen.
Le pape remonta à quatre pattes du fossé qui bordait la route. Il se redressa laborieusement en reprenant son souffle, tenant dans sa main roussie une petite poignée de cendres noires.
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