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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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chrétienté ne compte d’âmes. Je fais de vous la femme la plus riche du monde.
    Afra secoua résolument la tête.
    — Je vous offre les bénéfices de cent fois cent lettres d’indulgence, gribouillées par de petits moines pieux et, en sus, de mignonnes reliques, quelques langes de notre cher petit Jésus.
    — La vie de Hus.
    Le pape Jean lança un regard furieux en direction de son intendant.
    — La femme est coriace. Ne trouvez-vous pas ?
    — Oui, votre sainteté, coriace. Remettez votre tiare. Il fait plus frais. Et votre crâne est surchauffé.
    Le pontife repoussa le monsignore :
    —  Nonsens !
    Baldassare Cossa devait avoir appris le latin chez un professeur de troisième catégorie. Ce qui était sûr, en tout cas, c’est qu’il ne le parlait pas. Alors que l’honnête clergé se consacrait à la théologie, Cossa avait préféré exercer la profession de pirate.
    Mais depuis qu’il avait été élu pape grâce à des magouilles extrêmement douteuses, il avait pris l’habitude d’émailler son discours de bribes de latin aussi pitoyables qu’abondantes –  miserabile ut credo .
    — Femme ! commença-t-il sur un ton presque implorant, il n’est pas en mon pouvoir de libérer Jan Hus de Bohème. La justice rendra son verdict. N’oubliez pas que toute hérésie est sanctionnée par la peine de mort. Que Dieu ait pitié de son âme !
    Et le souverain pontife de joindre benoîtement les mains en prière.
    — Quant à votre parchemin, femme, il a moins de valeur que vous ne le pensez.
    — Il apporte la preuve que l’empereur Constantin n’a jamais fait don de l’Occident à l’ é glise de Rome et donc, que vous vous êtes approprié des prébendes, des héritages et des terres qui ne vous appartenaient pas !
    — Par la Sainte Trinité ! s’exclama le pontife en se tordant les mains. Dieu n’aurait-il pas créé le monde tel qu’il est écrit dans la Bible ! S’il en est pourtant ainsi, et si je suis bien le représentant de Dieu sur terre, alors tout m’appartient ! Mais je ferai preuve de générosité. L’avarice n’est pas une vertu chrétienne. Disons : deux mille cinq cents ducats d’or !
    — La vie de Jan Hus ! répéta Afra.
    — Femme, c’est le diable qui vous envoie !
    Le visage rouge de Cossa devint encore plus rouge, son cou déjà enflé encore plus enflé, sa respiration plus haletante et son agitation plus vive.
    — Bon, finit-il par dire sans regarder Afra, il faut que j’en parle avec mes cardinaux.
    — La vie de Jan Hus en échange du parchemin.
    — Puisqu’il le faut ! Le parchemin contre la vie de Jan Hus. Demain avant la proclamation du verdict dans la cathédrale, l’évêque de Concorde et le cardinal d’Ostie se rendront chez vous. Si vous leur remettez le document, Jan Hus sera acquitté. Que Dieu me vienne en aide !
    — Je m’appelle Afra et je loge chez maître Pfefferhart dans la rue du marché aux poissons.
    — Je sais, femme, je sais, répondit le pape avec un sourire retors.
    Il pleuvait. Des bourrasques de vent poussaient au-dessus de la ville de gros nuages noirs tels les signes avant-coureurs du malheur à venir. Les gens regardaient le ciel avec des yeux angoissés. La proclamation du verdict devait avoir lieu à onze heures dans la cathédrale. Depuis sept heures du matin, les curieux et les amateurs de sensation affluaient aux portes de la vénérable maison du Seigneur.
    Le cardinal évêque de Brogni d’Ostie requis pour présider la dernière séance du procès et l’évêque de Concorde chargé de proclamer la sentence se dirigeaient vers la rue du marché aux poissons en soutanes rouge vermillon et surplis.
    Des érudits et des délégués de tout l’Occident chrétien, ayant pour mission d’être les témoins de la proclamation, regardèrent avec inquiétude les deux ecclésiastiques escortés de six lansquenets armés ainsi que de leurs secrétaires et de l’intendant du pape prendre la direction opposée à celle de la cathédrale, puis s’engouffrer dans la maison de maître Pfefferhart.
    Après une nuit blanche, Afra n’était pas dans les meilleures dispositions pour recevoir les évêques et l’intendant du pape. Elle n’avait pas fermé l’œil, évaluant sans cesse les chances de réussite de son plan. Elle tergiversait constamment, approuvant et désapprouvant l’instant d’après ses plans jusqu’au moment où elle finit par conclure qu’il n’y avait qu’une

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