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Les croisades vues par les arabes

Les croisades vues par les arabes

Titel: Les croisades vues par les arabes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amin Maalouf
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bien qu'au milieu de l'été de 1290 une imposante flotte arrive au port d'Acre, déversant des milliers de combattants francs fanatisés sur la cité; Les habitants observent avec méfiance ces Occidentaux titubant d'ivresse qui ont des allures de pillards et n’obéissent à aucun chef. 
    A peine quelques heures, et les incidents commencent. Des marchands damascains sont assaillis dans la rue, dévalisés et laissés pour morts. Les autorités parviennent tant bien que mal à rétablir l'ordre, mais, vers la fin août, la situation se détériore. A la suite d'un banquet copieusement arrosé, les nouveaux venus se répandent dans les rues. Toute personne portant la barbe est traquée, puis égorgée sans pitié. De nombreux Arabes, paisibles marchands ou paysans, aussi bien chrétiens que musulmans, périssent ainsi. Les autres s'enfuient, pour aller raçonter ce qui vient de se produire. 
    Qalaoun est fou de rage. Est-ce pour en arriver là qu'il a renouvelé la trêve avec les Franj ? Ses émirs le poussent à agir sur-le-champ. Mais en homme d’Etat responsable il ne veut pas se laisser dominer par la colère. Il envoie à Acre une ambassade pour demander des explications et exiger, surtout, que les assassins lui soient remis pour être châtiés. Les Franj sont partagés. Une minorité recommande d'accepter les conditions du sultan pour éviter une nouvelle guerre. Les autres refusent, allant jusqu'à répondre aux émissaires de Qalaoun que les marchands musulmans sont eux- mêmes responsables de la tuerie, l'un d'eux ayant cherché à séduire une femme franque. 
    Alors Qalaoun n'hésite plus. Il rassemble ses émirs et leur annonce sa décision de mettre fin, une fois pour toutes, à une occupation franque qui a trop duré. Immédiatement les préparatifs commencent. Les vassaux sont convoqués, aux quatre coins du sultanat, pour prendre part à cette ultime bataille de la guerre sainte. 
    Avant que l'armée ne quitte Le Caire. Qalaoun jure sur le Coran de ne plus lâcher son arme avant que le demier Franc ne soit expulsé. Le serment est d'autant plus impressionnant que le sultan est alors un vieillard affaibli. Bien qu'on ne connaisse pas son âge avec précision, il semble qu'il ait alors largement dépassé sa soixante-dixième année. Le 4 novembre 1290, l'impressionnante armée mamelouk s'ébranle. Le lendemain même, le sultan tombe malade. Il appelle ses émirs à son chevet, leur fait jurer obéissance à son fils Khalil et demande à celui-ci de s'engager, comme lui, à mener a son terme la campagne contre les Franj. Oalaoun meurt moins d'une semaine plus tard, vénéré par ses sujets, comme un grand souverain. 
    La disparition du sultan ne retardera que de quelques mois l'ultime offensive contre les Franj. Dès mars 1291, Khalil reprend, à la tête de son armée, la route de la Palestine. De nombreux contingents syriens le rejoignent début mai dans la plaine qui entoure Acre. Aboul-Fida, alors âgé de dix-huit ans, participe à la bataille avec son père; il est même investi d'une responsabilité puisqu'il a la charge d'une redoutable catapulte, surnommée « la Victorieuse », qu'il a fallu transporter en pièces détachées de Hosn-el-Akrad jusqu'au voisinage de la cité franque.
Les chariots étaient si lourds que le déplacement nous prit plus d'un mois, alors qu'en temps normal huit jours auraient suffi. A l'arrivée, les bœufs qui tiraient les chariots étaient presque tous morts d'épuisement et de froid. 
    Le combat s'engagea tout de suite, poursuit notre chroniqueur. Nous, gens de Hama, étions postés comme d'habitude à l'extrême droite de l'armée. Nous étions en bordure de la mer, d'où nous attaquaient des embarcations franques surmontées de tourelles couvertes de bois et tapissées de peaux de buffles, d'où l'ennemi tirait sur nous avec des arcs et des arbalètes. Il nous fallait donc nous battre sur deux fronts, contre les gens d’Acre qui étaient en face de nous, et contre leur flotte. Nous avions subi de lourdes pertes lorsqu'un vaisseau franc, transportant une catapulte, commença à lancer des quartiers de rocs sur nos tentes. Mais, une nuit, des vents violents se levèrent. Le vaisseau se mit à tanguer sur les flots, secoué par les vagues, si bien que la catapulte se brisa en morceaux. Une autre nuit, un groupe de Franj fit une sortie inattendue et avança jusqu'à notre camp; mais, dans l'obscurité, certains d'entre eux trébuchèrent sur les cordes qui

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