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Les croisades vues par les arabes

Les croisades vues par les arabes

Titel: Les croisades vues par les arabes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amin Maalouf
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pas l'ensemble des possessions franques. Tyr, qui s'est détachée du royaume d’Acre, conclut un accord séparé avec Oalaoun. Plus loin au nord, des villes comme Tripoli ou Lattaquieh sont exclues de la trêve. 
    C'est aussi le cas de la forteresse de Marqab, tenue par l'ordre des Hospitaliers, « al-osbitar ». Ces moines-chevaliers ont pris fait et cause pour les Mongols, allant même jusqu'à combattre à leurs côtés lors d'une nouvelle tentative d'invasion en 1281. Aussi Oalaoun est-il décidé à le leur faire payer. Au printemps de 1285 , nous dit Ibn Abd-el-Zaher, le sultan prépara à Damas des machines de siège. Il fit venir d'Egypte de grandes quantités de flèches et des armes de toutes sortes qu'il distribua aux émirs. Il fit préparer aussi des engins de fer et des tubes lance-flammes comme il n'en existe nulle part ailleurs que dans les « makhazen » - magasins - et « dar-al-sinaa », l'arsenal du sultan. On enrôla également des experts artificiers et on entoura Marqab d'une ceinture de catapultes dont trois de type « franc » et quatre de type « diable ». Le 25 mai, les ailes de la forteresse sont si profondément minées que les défenseurs capitulent. Oalaoun les autorise à partir sains et saufs vers Tripoli, en emportant leurs effets personnels . 
    Une fois de plus, les alliés des Mongols auront été châtiés sans que ces demiers aient pu intervenir. Auraient-ils voulu réagir que les cinq semaines qu'a duré le siège auraient été insuffisantes pour organiser une expédition à partir de la Perse. Pourtant, en cette année 1285, les Tatars sont plus déterminés que jamais à reprendre leur offensive contre les musulmans. Leur nouveau chef, l'ilkhan Arghun, petit-fils de Houlagou, a repris à son compte le rêve le plus cher de ses prédécesseurs : réaliser une alliance avec les Occidentaux pour prendre le sultanat mamelouk en tenaille. Des contacts très réguliers sont alors établis entre Tabriz et Rome pour organiser une expédition commune, ou tout au moins concertée. En 1289, Oalaoun pressent un danger imminent, mais ses agents ne parviennent pas à lui fournir des informations précises. Il ignore, en particulier, qu'un plan de campagne minutieux, élaboré par Arghun, vient d'être proposé par écrit au pape et aux principaux rois d'Occident. L'une de ces lettres, adressée au souverain français, Philippe IV le Bel, a été conservée. Le chef mongol y propose de commencer l'invasion de la Syrie dans la première semaine de janvier 1291. Il prévoit que Damas tombera à la mi-février et que Jérusalem sera prise peu après. 
    Sans vraiment deviner ce qui se trame, Oalaoun est de plus en plus inquiet. Il craint que les envahisseurs de l'Est ou de l'Ouest ne puissent trouver dans les villes franques de Syrie une tête de pont qui facilite leur pénétration. Mais, bien qu'il soit désormais convaincu que la présence des Franj constitue une menace permanente pour la sécurité du monde musulman, il se refuse à confondre les gens d’Acre et ceux de la moitié nord de la Syrie, qui se sont montrés ouvertement favorables à l'envahisseur mongol. De toute manière, en homme d'honneur, le sultan ne peut s'attaquer à Acre, protégée par le traité de paix pour cinq ans encore, aussi décide-t-il de s'en prendre à Tripoli. C'est sous les murs de la cité, conquise cent quatre-vingts années plus tôt par le fils de Saint-Gilles, que sa puissante armée se rassemble en mars 1289. 
    Parmi les dizaines de milliers de combattants de l'armée musulmane se trouve Aboul-Fida, un jeune émir de seize ans. Issu de la dynastie ayyoubide mais devenu vassal des mamelouks, il régnera quelques années plus tard sur la petite cité de Hama, ou il consacrera l'essentiel de son temps à lire et à écrire. L'œuvre de cet historien qui est aussi géographe et poète, est surtout intéressante pour le récit qu'elle nous donne des dernières années de la présence franque en Orient. Car Aboul-Fida est présent, l'œil attentif et l'épée à la main, sur tous les champs de bataille.
La ville de Tripoli, observe-t-il, est entourée par la mer et l'on ne peut l'attaquer par terre que du côté est, par un étroit passage. Après avoir mis le siège, le sultan dressa face a elle un grand nombre de catapultes de toutes dimensions, et lui imposa un blocus rigoureux.
    Après plus d'un mois de combats, la ville tombe le 27 avril aux mains de Oalaoun.
Les troupes musulmanes y

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