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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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profiter de la première occasion qu’elle pourrait saisir pour éprouver la vertu du philtre, quoique en même temps elle désirât que cette occasion fût encore différée.
    C’était dans cette disposition d’esprit, mêlée de désir et de crainte, le cœur palpitant, les joues en feu, que Nydia attendait la possibilité du retour de Glaucus avant la nuit… Il traversa le portique juste au moment où les premières étoiles se levaient, et où le ciel se revêtait de sa robe de pourpre.
    « Ah ! mon enfant, est-ce que tu m’attends ?
    – Non ; je venais d’arroser les fleurs, et je me reposais un moment.
    – Il a fait chaud, dit Glaucus en s’asseyant sur un des sièges adossés à la colonnade.
    – Très chaud.
    – Veux-tu appeler Davus ? le vin que j’ai bu m’altère, et je désirerais prendre quelque boisson rafraîchissante. »
    Ainsi donc se présentait soudainement et d’une façon inattendue l’occasion recherchée par Nydia ; de lui-même, de son propre mouvement, il venait au-devant de ses souhaits. Comme elle respirait vite !…
    « Je veux vous préparer moi-même, dit-elle, le breuvage d’été qu’Ione affectionne ; un breuvage composé de miel et d’un peu de vin rafraîchis dans la neige.
    – Merci, répondit Glaucus, loin de se douter de ce qui se passait dans l’âme de Nydia : Si Ione l’aime, cela suffit ; je l’accepterai avec joie, fût-ce un poison. »
    Nydia fronça le sourcil et sourit : elle disparut quelques instants et revint avec une coupe qui contenait le breuvage ; Glaucus le prit de sa main. Que n’aurait pas donné Nydia en ce moment pour sortir de sa cécité pendant une heure, afin de voir ses espérances se réaliser ; de distinguer les premières lueurs de cet amour qu’elle rêvait ; d’adorer, avec toute la ferveur des Perses le lever de ce soleil qui devait, selon son âme crédule, illuminer à jamais les ténèbres de sa nuit terrible ! Il y avait une grande différence entre les émotions de la fille aveugle et celles qui avaient agité l’orgueilleuse Pompéienne, dans une semblable attente. Combien de frivoles passions occupaient celles-ci ! Que de petitesse et de dépit, quel misérable sentiment de vengeance, quel désir d’un sot triomphe, profanaient le culte qu’elle honorait du nom d’amour ! Dans le cœur de la Thessalienne tout était passion, passion pure, que rien ne contrôlait, ne modifiait ; passion, il est vrai, aveugle, insensée, sauvage, mais à laquelle ne se mêlait aucun élément vil et bas. La vie et l’amour se confondaient en elle ; comment aurait-elle pu résister à l’occasion de conquérir l’amour de Glaucus en retour du sien ?
    Elle s’appuya pour se soutenir contre le mur, et sa figure de pourpre tout à l’heure, était à présent blanche comme la neige ; ses mains délicates étaient convulsivement serrées : et les lèvres entrouvertes, les yeux à terre, elle attendait avec anxiété les premiers mots que Glaucus allait prononcer.
    Il avait déjà porté la coupe à ses lèvres, il avait bu à peu près le quart de ce qu’elle contenait, lorsque son regard tomba sur la figure de Nydia et en remarqua l’altération. Cette expression d’attente d’effroi était si étrange, qu’il cessa de boire tout à coup, et, tenant encore la coupe près de ses lèvres, s’écria :
    « Mais Nydia, pauvre Nydia, tu es malade. Il faut que tu souffres de quelque mal violent, ta figure ne l’indique que trop. Qu’as-tu donc, ma pauvre enfant ? »
    En prononçant ces mots, il posa la coupe à terre et se leva de son siège pour s’approcher d’elle, lorsqu’il sentit tout à coup une douleur soudaine glacer son cœur, et une sensation confuse, vertigineuse, ébranler son cerveau. Le pavé sembla se dérober sous lui, comme si son pied ne frappait que l’air… Une gaieté irrésistible et surnaturelle s’empara de son esprit ; il était trop léger pour la terre ; il eût voulu avoir des ailes ; on eût dit même que, dans cette nouvelle existence, il croyait en avoir déjà. Il poussa involontairement un long et bruyant éclat de rire. Il battit des mains, il bondit, il avait l’air d’une pythonisse inspirée. Ce transport singulier cessa presque aussitôt, mais en partie seulement… Son sang courait rapidement dans ses veines, s’élançant avec la vivacité d’un ruisseau qui a rompu un obstacle et qui se précipite vers l’Océan. Son oreille en saisissait le

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