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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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traits pâles et puissants, et le jour mourut. Les ténèbres couvrirent la terre ; combien de temps elles durèrent, je ne le sais pas. Un cri traversa l’obscurité, un cri perçant et aigu, et tout devint silencieux.
    « Mais qui pourrait décrire l’horreur de cette nuit ? Je marchais à travers la cité, la terre vacillait de moments en moments ; les maisons tremblaient sur leurs fondements ; les vivants avaient déserté les rues, mais non pas les morts. Je les voyais se glisser dans l’ombre, sombres et terribles fantômes, avec les vêtements de la tombe ; l’horreur, l’angoisse, le mystère, se peignaient sur leurs lèvres immobiles et, dans leurs yeux sans éclat ; ils me touchaient en passant ; ils me regardaient ; j’avais été leur frère ; ils me saluaient comme une connaissance ; ils s’étaient relevés pour apprendre aux vivants que les morts peuvent ressusciter. »
    Le vieillard s’interrompit de nouveau, puis reprit d’un ton moins animé :
    « À partir de cette nuit, j’écartai toute pensée terrestre pour ne servir que LUI. Prédicateur et pèlerin, j’ai parcouru les régions les plus lointaines de la terre, proclamant sa divinité et augmentant le nombre de son troupeau. Je viens comme le vent, et comme le vent je pars, répandant comme lui la semence qui enrichit le monde.
    Mon fils nous ne nous rencontrerons plus sur la terre ; n’oublie pas cette heure. Que sont les plaisirs et les pompes de la vie ? De même que la lampe, la vie brille une heure ; mais la lumière de l’âme est l’étoile qui brille pour toujours au sein de l’espace illimité. »
    Leur entretien se continua alors sur les doctrines universelles et sublimes de l’immortalité ; il consola et éleva l’âme du jeune converti, qui, longtemps prisonnier dans l’ombre de son ancienne foi, avait besoin de cet air pur du ciel. Une différence marquée existait entre le christianisme du vieillard et celui d’Olynthus. La religion du premier était plus douce, plus bienveillante, plus divine ; l’âpre héroïsme d’Olynthus avait quelque chose de plus fougueux, de plus intolérant, nécessaire au rôle qu’il devait jouer ; en un mot, il y avait dans sa foi beaucoup plus du courage du martyr que de la charité du saint. Olynthus encourageait, excitait, fortifiait, au lieu d’attendrir et de subjuguer. Mais le cœur tout entier du divin vieillard s’était imprégné d’amour, le sourire du Christ avait consumé toute l’ivraie des passions grossières et terrestres, et lui avait laissé, avec l’énergie d’un héros, toute la douceur d’un enfant.
    « Maintenant, ajouta-t-il en se levant, au moment où le dernier rayon du soleil s’éteignait à l’occident, maintenant, dans la fraîcheur du soir, je vais continuer ma route vers l’impériale Rome. Là se trouvent quelques saints hommes, qui comme moi ont contemplé le Christ, et je veux les voir avant de mourir.
    – Mais la nuit est froide à votre âge, mon père ; le chemin long et rempli de voleurs : reposez-vous jusqu’à demain.
    – Cher fils, qu’y a-t-il dans cette sacoche pour tenter un voleur ? Et, quant à la nuit et à la solitude, ce sont elles qui forment l’échelle le long de laquelle mon esprit peut rêver de Dieu. Oh ! personne ne sait ce que le pèlerin éprouve dans ses saintes courses ; il ne nourrit aucune peur, il ne craint aucun danger ; car Dieu est avec lui. Il entend les vents lui murmurer de bonnes nouvelles ; les forêts dorment à l’ombre des ailes du Tout-Puissant ; les étoiles sont les saintes Écritures du Ciel, le gage d’amour, le témoignage de l’immortalité. La nuit est le jour du pèlerin. »
    Après ces paroles, le vieillard pressa Apaecidès sur son cœur, et prenant en main son bâton et son sac, tandis que son chien sautait gaiement devant lui, il continua son chemin à pas lents et les yeux baissés. Le converti suivit du regard sa taille courbée, jusqu’à ce que les arbres l’eussent dérobé à sa vue ; et, comme les étoiles commençaient à paraître, il s’éveilla pour ainsi dire en sursaut de sa rêverie, en se souvenant du rendez-vous qu’il avait avec Olynthus.

Chapitre 5
  Le philtre. – Ses effets
     
    Lorsque Glaucus arriva chez lui, il trouva Nydia assise sous le portique du jardin. Elle était accourue à sa maison dans l’espérance qu’il reviendrait de bonne heure ; inquiète, craintive, rêveuse, elle s’était décidée à

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