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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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couler l’eau d’un air distrait, le sourd aboiement d’un chien se fit entendre près de lui.
    « Tais-toi, pauvre ami, dit une voix, le pas de l’étranger est sans danger pour ton maître. »
    Le converti reconnut la voix, et, se retournant, il aperçut le vieillard mystérieux qu’il avait vu dans la congrégation des Nazaréens.
    Le vieillard était assis sur un fragment de pierre recouvert de vieilles mousses ; à côté de lui étaient son bâton et son sac ; à ses pieds reposait un petit chien à longs poils, le compagnon de ses périlleux et étranges pèlerinages.
    La figure du vieillard opéra comme un baume sur l’esprit agité du néophyte ; il s’approcha de lui, et, s’asseyant à son côté, lui demanda sa bénédiction.
    « Vous êtes en équipage de voyage, mon père, lui dit-il ; voulez-vous déjà nous quitter ?
    – Mon fils, répondit le vieillard, les jours que j’ai à passer désormais sur la terre sont courts et comptés ; je les emploie, comme il convient que je le fasse, à voyager d’un lieu à un autre, pour donner de la force à ceux que Dieu rassemble en son nom, et pour proclamer la gloire de son fils, dont je suis le vivant témoignage.
    – Vous avez contemplé, dit-on, la face du Christ ?
    – Et sa face m’a retiré du nombre des morts. Apprends, jeune néophyte de la vraie foi, que je suis celui dont tu as lu l’histoire dans l’Évangile de l’apôtre. Dans la lointaine Judée, en la ville de Naïn, habitait une veuve humble d’esprit et de cœur. De tous les liens qui attachent à la vie, il ne lui était resté qu’un fils, et elle l’aimait d’un amour mélancolique, car son image lui rappelait tout ce qu’elle avait perdu. Ce fils vint à mourir : le roseau sur lequel elle s’appuyait fut brisé, et l’huile se dessécha dans la lampe de la veuve. On mit le mort dans une bière, et, comme on l’emportait au tombeau, en passant près des portes de la ville, où la foule était rassemblée, il se fit soudain un grand silence au milieu des gémissements du deuil, car le fils de Dieu passait. La mère, qui suivait la bière, pleurait, sans bruit, hélas ! mais tous ceux qui la voyaient comprenaient à quel point son cœur était déchiré. Dieu eut pitié d’elle ; il toucha la bière et parla ainsi : JE TE LE DIS, LÈVE-TOI ! et le mort s’éveilla et regarda la face du Seigneur. Oh ! ce front calme et solennel, ce sourire qu’on ne saurait dépeindre, cette figure chargée des soucis de l’humanité, mais éclairée par la bonté d’un Dieu, chassèrent les ombres de la mort. Je me levai, je parlai, j’étais vivant et dans les bras de ma mère… oui, j’étais le mort ressuscité ! Le peuple jeta un long cri de reconnaissance ; des sons joyeux retentirent à la place des sons funèbres : ce fut une acclamation générale : « Dieu a visité son peuple ! » Moi seul je ne l’entendis pas ; je ne sentis, je ne vis rien que la face du Rédempteur. »
    Le vieillard s’arrêta, profondément ému ; le sang du jeune homme se glaça, et ses cheveux se dressèrent sur son front. Il était en présence d’un homme qui avait connu les mystères de la mort.
    « Jusqu’à ce moment, reprit le fils de la veuve, j’avais été, comme les autres hommes, léger sans être dissolu ; ne songeant guère qu’à rire et à aimer ; j’avais failli embrasser les obscures croyances des Sadducéens. Mais, réveillé d’entre les morts, du sein des songes arides et terribles que ces lèvres ne doivent pas révéler, rappelé sur la terre pour témoigner de la puissance du ciel, redevenu mortel afin d’attester l’immortalité, je reçus un nouvel être de la tombe. Ô malheureuse Jérusalem ! Jérusalem déchue et perdue ! Celui qui m’avait rendu à l’existence, je le vis condamné à une nuit pleine d’angoisses, j’assistai à son agonie ; du milieu de la foule, j’aperçus la lumière qui s’arrêtait et brillait sur la croix. J’entendis les clameurs de la populace. Je criai, éperdu, menaçant : personne ne prit garde à moi ; j’étais perdu dans le tourbillon et dans les rumeurs de la foule ! Mais alors même, dans ma douleur et dans la sienne, je crus voir les yeux du fils de l’homme me chercher ; ses lèvres souriaient au moment où il conquérait la mort. Elles me disaient de me taire, et je me calmai. Qu’était la mort, pour lui qui m’avait arraché du tombeau ? Le soleil éclaira de côté ses

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