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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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murmure, il le sentait monter à son front ; il sentait les veines de ses tempes s’étendre et se gonfler, comme si elles ne pouvaient plus contenir cette marée impétueuse et croissante ; alors une demi-obscurité se répandit sur ses yeux ; il apercevait au travers de cette ombre les murs opposés, dont les figures lui paraissaient s’animer et marcher ainsi que des fantômes. Ce qu’il y avait de plus étrange, c’est qu’il ne souffrait plus ; la nouveauté de ses sensations avait quelque chose d’heureux et de brillant ; une jeunesse nouvelle paraissait lui avoir infusé sa vigueur ; il était tout près de la folie, et il n’en avait pas conscience.
    Nydia n’avait pas répondu à sa première question ; elle n’était pas en état de répondre. L’inconcevable éclat de rire de Glaucus l’avait tirée de ses incertitudes passionnées ; elle ne pouvait voir l’altération de ses traits ; elle ne pouvait remarquer ses pas chancelants, ses allées et venues, dont il ne se doutait pas lui-même ; mais elle entendit les mots interrompus, incohérents, insensés, qui sortirent de ses lèvres. Elle fut terrifiée et effrayée ; elle courut à lui, le cherchant avec ses bras, jusqu’à ce qu’elle eût rencontré ses genoux, et, tombant à terre, elle les embrassa en pleurant d’émotion et d’effroi.
    « Oh ! parle-moi, parle-moi, dit-elle ; tu ne me hais pas : parle ! parle !…
    – Par la déesse de la beauté, c’est une île magnifique que cette île de Cypre ! on y remplit nos veines de vin à la place du sang. Ah ! voilà qu’on ouvre celles d’un faune là-bas, pour nous faire voir comme il bouillonne et brûle. Viens ici, vieux dieu de la joie. Tu es monté sur un bouc… Ah ! comme il a les crins soyeux ! Il vaut tous les coursiers parthes. Mais, un mot ! Ton vin est trop fort pour nous autres mortels. Oh ! que tout cela est beau ! Les rameaux sont en repos. Les vertes vagues de la forêt ont pris le Zéphyre et l’ont noyé. Pas un souffle ne remue les feuilles, et je vois les songes endormis, les ailes ployées, sous l’ormeau immobile ; et, plus loin, je vois une onde bleue étinceler sous les flammes du midi silencieux ; une fontaine… une fontaine jaillit dans les airs. Ah ! fontaine tu ne saurais éteindre les rayons de mon soleil grec, quoique tu puisses faire avec tes agiles bras d’argent. Tiens ! maintenant, quelle forme se dessine là-bas, à travers les branches ? Elle glisse comme un rayon de la lune… Elle porte sur la tête une guirlande de feuilles de chêne ! Elle a dans la main un vase renversé d’où elle fait couler de petits coquillages rares et des eaux étincelantes. Oh ! regardez cette figure… Aucun homme n’en a vu de pareille ! Regardez. Nous sommes seuls… Il n’y a qu’elle et moi dans la vaste forêt. Aucun sourire sur ses joues… Elle marche gravement, doucement, mélancoliquement. Ah ! fuyez… C’est une nymphe, une des sauvages Napaerae {72} . Qui les voit devient fou !… Fuyez… elle m’a découvert.
    – Oh ! Glaucus, ne me reconnais-tu pas ? Ne délire pas ainsi, ou tes paroles vont me donner la mort ! »
    Un nouveau changement sembla s’opérer dans l’esprit éperdu, bouleversé, de l’infortuné Athénien. Il posa ses mains sur la soyeuse chevelure de Nydia ; il en caressa les boucles ; il la regarda attentivement, et comme, dans la chaîne rompue de ses idées, se tenaient encore deux ou trois anneaux, sa figure parut lui rappeler le souvenir d’Ione ; et cette vague image rendit sa démence plus forte encore ; en y joignant toute l’impétuosité de la passion.
    « Je jure, s’écria-t-il, par Vénus, par Diane ou par Junon, que, bien que j’aie en ce moment le monde sur mes épaules, comme autrefois mon compatriote Hercule… Ah ! oui, stupides Romains, tout ce qui a été grand a été grec ; et sans nous vous n’auriez pas de dieux… Qu’est-ce que je disais ?… Comme mon compatriote Hercule l’avait avant moi, ce monde… je le laisserais tomber dans le chaos pour un sourire d’Ione. Ah ! beauté adorée, ajouta-t-il avec une plaintive douceur d’un caractère inexprimable, tu ne m’aimes pas ! tu n’es pas bonne pour moi. L’Égyptien m’a calomnié près de toi, tu ignores combien d’heures j’ai passées à errer autour de ta maison… tu ne sais pas combien de fois j’ai veillé en compagnie des étoiles, attendant que toi, mon soleil, tu parusses à la

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