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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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d’orgueilleux défi.
    « Apaecidès, reprit l’Égyptien d’une voix sourde et émue, prends garde ! Que médites-tu ? parles-tu (réfléchis bien avant de me répondre) sous l’impression de la colère, sans dessein préconçu, ou bien as-tu dans l’âme quelque projet arrêté ?
    – Je parle d’après l’inspiration du vrai Dieu, dont je suis à présent le serviteur, répondit hardiment le chrétien, et avec la connaissance certaine que la grâce a déjà marqué le jour où le courage humain triomphera de ton hypocrisie et du culte du démon ; avant que le soleil ait brillé trois fois, tu l’apprendras. Sombre magicien, tremble ; adieu. »
    Toutes les passions ardentes et farouches que l’Égyptien avait reçues en héritage de sa nature et de son climat, et qu’il avait peine à cacher sous les apparences de la douceur et d’une froide philosophie, se déchaînèrent à la fois dans son cœur. Une pensée succédait rapidement à une autre pensée ; il voyait devant lui un obstacle invincible à une alliance légitime avec Ione ; il voyait le compagnon de Glaucus dans la lutte qui avait renversé ses desseins ; l’homme qui devait déshonorer son nom, le déserteur de la déesse qu’il servait sans croire à son culte, le révélateur avoué et prochain de ses impostures et de ses vices. Son amour, sa réputation, sa vie entière, se trouvaient en danger ; le jour et l’heure étaient déjà désignés pour l’atteindre. Il apprenait par les propres paroles du néophyte qu’Apaecidès avait adopté la foi chrétienne ; il connaissait le zèle indomptable qui animait les prosélytes de cette foi : tel était le nouveau converti. Il mit la main sur son style ; cet ennemi était en son pouvoir, ils étaient en ce moment devant la chapelle. Il jeta de nouveau un regard furtif autour de lui ; il ne vit personne ; le silence et la solitude vinrent le tenter.
    « Meurs donc, dit-il, dans ta témérité ; disparais, obstacle vivant de mes destinées ! »
    Et à l’instant où le chrétien allait le quitter, Arbacès leva la main au-dessus de l’épaule gauche d’Apaecidès et plongea sa lame aiguë à deux reprises dans la poitrine du jeune prêtre.
    Apaecidès tomba percé au cœur… Il tomba mort sans un soupir au pied de la chapelle sacrée.
    Arbacès le considéra un moment avec la joie animale et féroce que donne la mort d’un ennemi ; mais l’idée du danger auquel il venait de s’exposer s’empara bientôt de son esprit… Il essuya avec soin son arme sur le gazon et avec les vêtements mêmes de la victime, s’enveloppa de son manteau, et se disposa à partir, lorsqu’il vit venir à lui un jeune homme dont les pas vacillaient et chancelaient d’une façon singulière à mesure qu’il s’approchait ; un rayon de lune éclaira la figure de l’étranger ; cette figure, sous cette lueur blafarde, parut à Arbacès aussi blanche que le marbre. Il reconnut les traits et la taille de Glaucus ; le Grec infortuné chantait une chanson décousue et triste, composée de fragments d’hymnes et d’odes sacrées, entremêlés sans ordre et sans intelligence.
    « Ah ! s’écria l’Égyptien, devinant aussitôt son état et la terrible cause qui l’avait produit, le breuvage agit, et la destinée l’amène ici pour que je triomphe à la fois de mes deux ennemis ! »
    Promptement, et avant même que cette pensée lui fût venue, il s’était retiré vers un des côtés de la chapelle, en se cachant parmi les branches ; de ce guet-apens il surveilla, comme un tigre dans son antre, l’arrivée de sa seconde victime. Il remarqua les flammes errantes et sans repos qui traversaient les yeux de l’Athénien, les convulsions qui détruisaient la régularité sculpturale de ses traits et décoloraient ses lèvres ; il comprit que le Grec était tout à fait dépourvu de sa raison. Cependant, lorsque Glaucus arriva près du corps d’Apaecidès, dont le sang inondait le gazon, un si étrange et terrible spectacle ne pouvait manquer d’arrêter ses pas, malgré le désordre de ses esprits. Il s’arrêta donc, passa sa main sur son front, comme pour rappeler sa mémoire, et dit :
    « Oh ! oh ! Endymion, tu dors bien profondément ?… Qu’est-ce donc que la lune a pu te dire ? Tu me rends jaloux… Il est temps de te réveiller… »
    Il se baissa dans l’intention de soulever le corps.
    Oubliant… ne sentant plus sa faiblesse… l’Égyptien

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