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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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le christianisme avant sa mort ; il m’avait révélé les mystérieuses débauches et les supercheries de ces Égyptiens, les momeries et les impostures du temple d’Isis : il se préparait à les faire connaître publiquement. Lui, un étranger, inoffensif, sans ennemis !… Qui a pu verser son sang, si ce n’est un de ceux qui craignaient son témoignage ? et ce témoignage, qui pouvait le redouter plus qu’Arbacès l’Égyptien ?
    – Vous l’entendez ? s’écria Arbacès ; vous l’entendez… Il blasphème : demandez-lui s’il croit à Isis.
    – Comment croirais-je à un impur démon ? » répondit audacieusement Olynthus.
    Une longue rumeur et un frisson coururent dans l’assemblée. Sans s’étonner, car il était préparé depuis longtemps au péril, et perdant même en ce moment toute prudence, le chrétien continua :
    « Arrière, idolâtres ! cette dépouille n’est pas faite pour vos rites vains et impurs… Elle nous appartient… Ce sont les serviteurs du Christ qui doivent rendre les derniers devoirs à un chrétien. Je réclame ses restes au nom du grand Créateur qui a rappelé à lui ses esprits. »
    Ces mots furent prononcés d’une voix si solennelle et si imposante, que la foule elle-même n’osa pas laisser paraître la haine et l’exécration dont elle se sentait pénétrée ; et jamais peut-être, depuis que Lucifer et l’archange se disputèrent le corps du grand législateur, il n’y eut, pour le génie de la peinture, un sujet plus frappant que celui qu’offrait cette scène.
    Les arbres épais, la hauteur du temple voisin, la lune, dont les rayons tombaient sur ce corps inanimé, les torches éclairant çà et là le fond de la scène, les expressions diverses des assistants… l’Athénien soutenu, à peu de distance, dans les bras de quelques-uns d’entre eux, et surtout les deux figures imposantes d’Arbacès et du chrétien : voilà le tableau. Arbacès, qui dominait considérablement par la taille tous ceux qui l’environnaient, se tenait les bras croisés, le front sourcilleux, les yeux fixes, la lèvre légèrement recourbée en signe de défi et de dédain ; Olynthus portait, sur son front ridé et fatigué, une majesté plus imposante encore ; ses traits étaient sévères, mais pleins de franchise ; son aspect fier, mais ouvert : la tranquillité de tout son être, empreint d’une ineffable bienveillance, inspirait la sympathie et le respect qu’il semblait éprouver pour les autres. Sa main gauche s’était abaissée vers le corps ; sa main droite s’élevait vers le ciel.
    Le centurion s’avança de nouveau.
    « D’abord, as-tu, Olynthus, ou quel que soit ton nom, quelque autre preuve de l’accusation que tu portes contre Arbacès, que ton vague soupçon ? »
    Olynthus garda le silence. L’Égyptien sourit avec mépris.
    « Réclames-tu le corps d’un prêtre d’Isis comme appartenant à la secte des Nazaréens ou des chrétiens ?
    – Je le fais.
    – Jure par le temple, par cette statue de Cybèle, par le sacellum le plus ancien de Pompéi, que le mort avait embrassé votre foi.
    – Homme insensé ! Je désavoue vos idoles ; j’abhorre vos temples. Comment puis-je jurer par Cybèle ?
    – À bas, à bas l’athée ! à bas ! La terre s’ouvrira pour nous engloutir, si nous souffrons de pareils blasphémateurs dans le bosquet sacré !… à bas !… Mort à cet homme !…
    – Aux bêtes ! ajouta une voix de femme au milieu de la foule. Nous avons maintenant un morceau pour le lion, un autre pour le tigre.
    – Si tu ne crois pas à Cybèle, Nazaréen, reprit le soldat sans s’émouvoir des cris de la foule, auquel de nos dieux crois-tu ?
    – À aucun.
    – Écoutez-le, écoutez, cria la foule.
    – Hommes vains et aveugles, poursuivit le chrétien en élevant la voix ! Pouvez-vous croire à des images de bois et de pierre ?… pouvez-vous vous imaginer qu’elles ont des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, des mains pour vous secourir ? Cette muette idole, taillée par la main d’un homme, est-elle une déesse ? a-t-elle créé le genre humain ? Elle a été faite par les humains au contraire. Soyez donc convaincus de sa nullité et de votre folie. »
    Il dit, s’élança vers le temple, et, avant qu’un des assistants pût s’opposer à son dessein, poussé par sa pitié pour eux ou par son zèle, il renversa la statue de bois de son piédestal.
    « Voyez, s’écria-t-il, votre

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