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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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Salluste se retira laissant l’Égyptien seul avec Glaucus.
    Un de ces hauts et gracieux candélabres, qui étaient communs alors, supportait une petite lampe qui brûlait près d’un lit étroit, et dont les rayons éclairaient d’une lumière pâle la figure de l’Athénien ; Arbacès fut ému de voir à quel point il était changé. Ses brillantes couleurs s’étaient évanouies ; ses joues étaient creusées ; ses lèvres étaient contractées et décolorées ; la lutte avait été terrible entre la raison et la folie, la vie et la mort. La jeunesse, la force de Glaucus avaient triomphé ; mais la fraîcheur du sang, la vivacité de l’âme, la vie de la vie, ce qui en fait la gloire et le charme, étaient perdus à jamais.
    L’Égyptien s’assit tranquillement près du lit ; Glaucus demeura muet, sans s’apercevoir de sa présence ; enfin, après une longue pause, Arbacès parla ainsi :
    « Glaucus, nous avons été ennemis : je viens seul vers toi dans le silence de la nuit, comme un ami, peut-être comme un sauveur. »
    De même que le coursier tressaille d’horreur en reconnaissant la trace d’un tigre, de même le malade se souleva hors d’haleine, alarmé, palpitant, à la voix inattendue, à l’apparition soudaine de son ennemi. Leurs yeux se rencontrèrent, et ni l’un ni l’autre, pendant quelques instants, n’eut le pouvoir de détourner son regard ; la rougeur couvrit à plusieurs reprises la figure de l’Athénien, et la joue bronzée de l’Égyptien prit une teinte encore plus pâle. À la fin, Glaucus, se détournant avec un faible soupir, passa la main sur son front, se laissa retomber sur son lit et murmura :
    « Est-ce que je rêve encore ?
    – Non, Glaucus, tu es éveillé ; par cette main droite et par la tête de mon père, tu vois un homme qui peut te sauver. Écoute. Je sais ce que tu as fait, mais je sais aussi quelle est ton excuse, et toi-même tu l’ignores. Tu as commis un meurtre, c’est vrai, un sacrilège même : ne frémis pas ; sois calme. Mes yeux en ont été témoins, mais je puis te sauver. Je puis prouver que tu n’avais pas ta raison, que tu n’as pas agi en homme maître de ses idées et de ses actions. Mais, pour que je te sauve, il faut que tu avoues ton crime… Signe ce papier. Reconnais que ta main a donné la mort à Apaecidès, et tu éviteras l’urne fatale !
    – Qu’est-ce que j’entends ?… Meurtre… Apaecidès… ne l’ai-je pas trouvé étendu par terre, le corps sanglant… déjà mort ? et prétends-tu me prouver que j’ai commis ce crime ?… Homme, tu mens… Va-t’en…
    – Ne t’emporte pas, Glaucus ; ne sois pas si vif. Le fait est prouvé. Tu es excusable de ne pas te rappeler un acte commis dans le délire, dont ta raison frémirait même d’avoir été témoin. Mais laisse-moi essayer de rafraîchir ta mémoire fatiguée et épuisée. Tu sais bien que tu marchais à côté du prêtre, vous disputant l’un l’autre à propos de sa sœur. Tu sais qu’il était intolérant, à moitié Nazaréen, qu’il cherchait à te convertir, et que vous vous querellâtes ; il calomniait ta manière de vivre, et jurait qu’il ne souffrirait pas que sa sœur t’épousât ; alors, dans ta colère et dans ta frénésie, tu lui as porté un coup fatal. Voyons, tu dois te souvenir de cela ?… Lis ce papier… il en contient la déclaration. Signe-la, et tu es sauvé.
    – Barbare ! donne-moi cet écrit mensonger afin que je le déchire… Moi l’assassin du frère d’Ione !… Moi, que j’avoue avoir enlevé un cheveu d’une tête qu’elle aimait !… Que je périsse plutôt mille fois !
    – Prends garde ! dit Arbacès d’une voix basse et sifflante. Il n’y a qu’une alternative : ton aveu et ta signature, ou l’amphithéâtre et la dent du lion. »
    L’œil de l’Égyptien fixé sur le patient remarqua avec joie les signes d’une vive émotion chez Glaucus à ces paroles. Un frisson parcourut le corps de l’Athénien. Sa lèvre trembla, et une expression de surprise se fit voir sur son front et dans son regard.
    « Grands dieux ! dit-il à voix basse, quel changement ! Il n’y a qu’un jour, ce me semble, la vie me souriait au milieu des roses. Ione allait être à moi… la santé, la jeunesse, l’amour, me prodiguaient leurs trésors… Maintenant, la peine, la folie, la honte, la mort… Et pourquoi ? Qu’ai-je fait ? Oh ! je suis encore en délire.
    – Signe, et sois

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