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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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marbre, mais cependant tranquille et calme, sauf lorsque, par moments, la musique réveillait dans son cœur quelque tendre souvenir et la faisait sortir de cette léthargie où la plongeait la douleur ; elle se couvrait alors le visage de ses mains et soupirait à l’insu de la foule ; car son chagrin évitait le bruit, les lamentations à haute voix, les gestes exagérés, qui caractérisent ceux dont la douleur est moins sincère : à cette époque, comme à la nôtre, le torrent des profondes tristesses coulait lentement et sans bruit.
    La procession marcha ainsi à travers les rues, passa la porte de la cité et gagna la place des tombeaux, située loin des murs, et que le voyageur voit encore.
    Le bûcher funéraire, élevé en forme d’autel et fait de bois de sapin non dépouillé, dans les interstices duquel on avait placé des matières combustibles, se dressait au milieu de sombres cyprès, que la poésie a consacrés depuis longtemps aux tombeaux.
    Dès que la bière eut été placée sur le bûcher, le cortège se sépara et Ione s’avança vers le lit ; là, elle resta quelques moments immobile et silencieuse devant l’insensible dépouille. Les traits du mort avaient perdu le caractère que leur avait donné une mort violente : la terreur et le doute, la lutte de la passion, le respect de la religion, le combat du passé et du présent, l’espérance et la crainte de l’avenir, tous ces sentiments qui avaient agité et désolé l’âme de ce jeune aspirant à la sainteté, n’avaient laissé aucune trace sur son visage ; on n’y voyait plus que la sérénité d’un front impénétrable et d’une bouche muette. Sa sœur le regarda, et la foule ne fit plus entendre le plus léger son. Le silence d’Ione était à la fois terrible et doux, et, lorsqu’elle le rompit, ce fut d’une manière brusque, avec un cri sauvage et passionné, le cri d’un désespoir longtemps contenu :
    « Mon frère ! mon frère ! s’écria la pauvre orpheline en se jetant sur son lit ; toi qui n’aurais pas foulé le ver de terre sur son chemin, quel ennemi pouvais-tu provoquer ? Oh ! tout ceci est-il bien vrai ? Éveille, éveille-toi ! Nous avons grandi ensemble, et nous voilà séparés ! Tu n’es pas mort ! Tu dors ; éveille-toi ! »
    L’accent de sa voix désolée remua la sympathie des pleureurs à gages, qui poussèrent leurs cris, leurs gémissements accoutumés ; ce bruit fit tressaillir Ione et la rappela à elle-même. Elle jeta autour d’elle un regard timide et confus, comme si elle s’apercevait pour la première fois de la présence de la foule qui l’environnait.
    « Ah ! murmura-t-elle avec un frisson, nous ne sommes donc pas seuls ! »
    Après un court intervalle, elle se releva, et son pâle et beau visage parut calme et sévère. D’une main tremblante et pieuse elle ouvrit les yeux d’Apaecidès {79}  ; mais quand cet œil terne, où ne rayonnaient plus l’amour et la vie, rencontra le sien, elle jeta un cri, comme si elle avait vu un spectre. Se remettant ensuite, elle baisa à plusieurs reprises les yeux, la bouche, le front du défunt, et reçut des mains du grand prêtre d’Isis une torche funéraire qu’elle agita en quelque sorte sans avoir la conscience de son action.
    Les éclats soudains de la musique et les chants des pleureuses annoncèrent la naissance de la flamme purifiante.
    HYMNE AU VENT
    I
    Ô vent, sur ton lit de nuages,
    Réveille-toi ; vent doux et cher,
    Accours soudain sur nos rivages,
    Fils de l’Eurus ou de l’Auster !
    Fusses-tu l’enfant de Borée,
    Que la mer du Nord voit courir,
    Ton haleine sera sacrée,
    Comme l’haleine du zéphyr.
    II
    Nos encensoirs, sur ton passage,
    Répandront des parfums jaloux,
    Jamais Tempé, dans son bocage,
    N’a pu t’en offrir de plus doux.
    Tu croiras voir Chypre sourire
    Aux feux d’un soleil indulgent ;
    Le nard, et la casse et la myrrhe,
    Vont embaumer tes pieds d’argent.
    III
    Source de tout ce qui respire,
    Air éternel, nous t’attendons ;
    Reprends, remporte en ton empire,
    Cette âme humaine, un de tes dons.
    Monte, monte, brillante flamme,
    Brûle ce corps ; il est à toi ;
    Mais à l’air appartient notre âme,
    Car chaque élément a sa loi.
    IV
    Il vient, il vient, le vent s’avance,
    Il murmure autour du bûcher ;
    Sur ses ailes il se balance,
    À la flamme il court s’attacher.
    Vent, feu, luttez, luttez ensemble
    Comme des serpents furieux ;
    Séparez ce qui

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