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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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était celui qu’il avait franchement avoué à Claudius, c’est-à-dire d’empêcher qu’elle ne témoignât trop d’intérêt à Glaucus pendant son procès, et qu’elle ne l’accusât lui-même (ce qu’elle n’aurait pas manqué de faire) de l’acte de perfidie et de violence dont il s’était précédemment rendu coupable envers elle. Ione eût révélé aussi les motifs de vengeance qu’il avait contre Glaucus, et l’hypocrisie de son caractère dévoilée aurait rendu la véracité d’un rival suspecte dans sa déposition contre l’Athénien. Ce ne fut qu’après l’avoir rencontrée le matin et avoir entendu ses dénonciations, qu’il comprit qu’il avait couru un autre danger par suite des soupçons qu’elle avait conçus. Il se flatta de l’idée que tous ces périls étaient écartés, du moment qu’il vit en son pouvoir l’objet de sa passion et de sa crainte. Il ajouta plus que jamais foi aux promesses favorables des astres ; et, lorsqu’il alla retrouver Ione dans la chambre la plus reculée de sa mystérieuse maison où il l’avait fait porter ; lorsqu’il la vit, accablée par tant de coups successifs, passer, avec des secousses répétées et de vives attaques de nerfs, de la violence à la stupeur, il songea plus à sa beauté, victorieuse de toutes ces épreuves, qu’aux chagrins qu’il avait attirés sur elle. Cette impitoyable vanité, commune à tous les hommes qui n’ont eu que des chances heureuses dans la vie en fortune ou en amour, lui persuadait qu’après la mort de Glaucus, dont le nom serait solennellement flétri par un jugement légal, le Grec perdrait, par sa condamnation comme meurtrier du frère, tout droit à la tendresse de la sœur, et que son zèle et son amour, assistés des artifices au moyen desquels il savait éblouir l’imagination des femmes, ramèneraient à lui un cœur d’où la pensée de son rival aurait enfin été bannie : telle était son espérance. Mais dût-elle lui manquer, sa passion ardente et impie lui disait tout bas : « Au pis aller, la voilà toujours en ton pouvoir. »
    Cependant, avec tout cela, il éprouvait ce malaise et cette appréhension qui accompagnent le risque d’être découvert, même lorsque le criminel est insensible à la voix de la conscience, cette vague terreur des conséquences du crime, qui sont prises quelquefois pour le remords même. L’air léger de la Campanie semblait trop pesant pour sa poitrine. Il aspirait à quitter des lieux où le danger ne dormirait peut-être pas toujours avec les morts ; et maintenant qu’Ione était en sa possession, il résolut en lui-même, aussitôt qu’il aurait été témoin de l’agonie de son rival, de transporter sur quelque rivage lointain toutes ses richesses, avec elle, le plus précieux de ses trésors.
    « Oui, dit-il en marchant à grands pas dans sa chambre solitaire, oui, la loi qui me donne la personne de ma pupille à garder m’accorde la possession d’une épouse. Nous traverserons les profondes mers, nous irons à la recherche de nouveaux plaisirs, de voluptés inconnues. Encouragés par les astres, soutenus par les présages de mon âme, nous pénétrerons dans ces vastes et glorieux mondes qui, si j’en crois ma science, demeurent cachés au sein de l’Océan qui nous entoure. Là, ce cœur que l’amour possède à présent tout entier s’éveillera peut-être à l’ambition ; là, parmi des nations qui n’auront pas plié sous le joug romain, auxquelles même le nom de Rome est inconnu, je puis fonder un empire et transporter les croyances de mes aïeux ; je puis remuer les cendres de l’antique royaume de Thèbes ; continuer, sur des rivages plus étendus, la dynastie de mes ancêtres couronnés, et faire naître dans le noble cœur d’Ione la douce pensée qu’elle partage le sort d’un homme dont l’énergie, loin de la vieille corruption d’une civilisation d’esclaves, ressaisit les premiers éléments de sa grandeur, et unit dans une âme puissante les qualités du prophète et du roi. »
    Après ce monologue triomphant, Arbacès sortit pour assister au procès de l’Athénien.
    Les joues pâles et flétries de sa victime le touchèrent moins que la fermeté de son âme et l’intrépidité de son front ; car Arbacès était de ceux qui ont peu de pitié pour le malheur, mais qu’une forte sympathie attache aux courageux. Nous sommes entraînés vers les autres par les secrets rapports de notre nature. Le

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