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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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générosités-là. Puis, au cas où cela arriverait, posséderai-je un jour parmi les myropolia {81} cette jolie petite taberna que j’ai toujours devant les yeux ? C’est un gentil métier que celui de parfumeur, et qui convient à un esclave retiré du grand monde, et qui sent encore son homme comme il faut.
    – Ce sont là les questions auxquelles tu voudrais avoir des réponses précises ? Il y a plusieurs manières de te satisfaire ; d’abord la lithomancie ou divination sur la pierre parlante, qui répond à nos demandes avec une voix d’enfant ; mais nous n’avons pas ici cette précieuse pierre, très coûteuse et très rare. Il y a ensuite la gastromancie, par laquelle le démon fait voir dans l’eau des figures pâles et terribles qui prédisent l’avenir. Mais cet art réclame aussi des vases d’une certaine forme, pour contenir le liquide consacré, et nous ne les avons pas. Je pense que le meilleur moyen de satisfaire ton désir serait la magie de l’air.
    – J’aime à croire, dit Sosie un peu effaré, qu’il n’y a rien d’effrayant dans cette opération ; je ne me soucie pas des apparitions.
    – N’aie pas peur, tu ne verras rien. Tu entendras par le bouillonnement de l’eau si ta demande t’est accordée. Prends soin seulement de laisser la porte du jardin entrouverte, quand se lèvera l’étoile du soir, afin que le démon se trouve invité à entrer, place de l’eau et des fruits près de la porte en signe d’hospitalité ; puis, trois heures après le crépuscule, viens me voir avec une coupe remplie de l’eau la plus froide et la plus pure que tu pourras te procurer, et l’art thessalien que ma mère m’a appris s’exercera en ta faveur. N’oublie pas la porte du jardin ; tout est là. Elle doit être ouverte quand tu viendras, et même trois heures auparavant.
    – Sois tranquille, reprit Sosie sans soupçons ; je sais ce qu’un homme de distinction éprouve de dépit lorsqu’on lui ferme la porte au nez, comme il m’est arrivé parfois chez le traiteur ; et je sais aussi qu’une personne aussi respectable que le démon ne peut qu’être flattée de quelque marque courtoise d’hospitalité. En attendant, ma petite Thessalienne, voici ton repas du matin.
    – Et le procès ? dit-elle.
    – Ah ! les avocats parlent toujours… Ils parlent, ils parlent… Cela ne finira que demain matin.
    – Demain matin… En es-tu sûr ?
    – On me l’a dit.
    – Et Ione ?
    – Par Bacchus ! elle doit être assez bien, car elle a été assez forte pour faire enrager mon maître, qui en frappait du pied et se mordait les lèvres. Je l’ai vue quitter son appartement avec un front sombre comme un ouragan.
    – Loge-t-elle près d’ici ?
    – Non… elle loge dans les appartements supérieurs… Mais je ne dois pas rester à bavarder ici plus longtemps. Vale. »

Chapitre 12
  Une guêpe s’aventure dans la toile de l’araignée
     
    La seconde nuit du procès avait commencé, et c’était justement l’heure où Sosie s’apprêtait à braver le grand inconnu, lorsque, par cette même porte du jardin que l’esclave avait laissée entrouverte, pénétra, non pas un des mystérieux esprits de la terre ou de l’air, mais le pesant et grossier Calénus, le prêtre d’Isis. Il fit à peine attention à l’humble offrande de fruits médiocres et de vin plus médiocre encore, que le pieux Sosie avait jugée suffisante pour l’invisible étranger qu’il s’agissait d’attirer.
    « C’est sans doute, se dit Calénus, quelque tribut offert au dieu des jardins. Par la tête de mon père ! si cette divinité n’a jamais été mieux servie, elle ferait bien de renoncer à sa céleste profession. Oh ! si nous n’étions pas là, nous autres prêtres, les dieux ne seraient pas tous bien traités. Cherchons toujours Arbacès. Je sais que je marche sur un abîme ; mais il peut se changer en mine d’or. Je tiens la vie de l’Égyptien en mon pouvoir ; que m’en donnera-t-il ? »
    En faisant ce monologue, il traversait la cour et entrait dans le péristyle, où quelques lampes disputaient çà et là l’empire de la nuit aux étoiles. Il se trouva en présence d’Arbacès, qui sortait d’une chambre attenante à la colonnade.
    « Oh ! Calénus, dit l’Égyptien, me cherchez-vous ? et sa voix trahit un peu d’embarras.
    – Oui, sage Arbacès. Je pense que ma visite n’est pas hors de propos ?
    – Non. Tout à l’heure mon affranchi a éternué

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