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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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chambre, il m’a dit : « Je n’ai qu’une recommandation à te faire ; tant que tu me serviras, tu n’auras plus d’yeux et plus d’oreilles. Tu n’auras qu’une pensée, comme je n’exige de toi qu’une qualité : l’obéissance ! »
    – Mais quel mal y a-t-il à ce que je voie Ione ?
    – Je n’en sais rien ; mais si tu as besoin d’un compagnon, je m’entretiendrai avec toi, ma petite, tant que tu voudras ; car je suis assez solitaire dans mon cubiculum. À propos, tu es Thessalienne ; ne connaîtrais-tu pas quelque divertissement agréable de couteaux et de ciseaux, quelque joli tour pour dire la bonne aventure selon l’usage des personnes de ta race ? cela nous ferait passer le temps.
    – Paix ! esclave, silence ! ou, si tu veux parler, dis-moi ce que tu sais de l’état de Glaucus.
    – Ah ! mon maître est sorti pour assister au procès de l’Athénien. Mauvaise affaire pour Glaucus !
    – Un procès, pourquoi ?
    – Pour le meurtre du prêtre Apaecidès.
    – Ah ! oui, dit Nydia en pressant ses mains sur son front, j’ai entendu parler de quelque chose comme cela, mais je n’y ai rien compris. Qui oserait toucher à un cheveu de sa tête ?
    – Mais le lion, j’en ai peur.
    – Dieux puissants ! quelle méchanceté sort de ta bouche !
    – C’est la vérité ; s’il est déclaré coupable, le lion sera son exécuteur, à moins que ce ne soit le tigre. »
    Nydia bondit comme si un trait lui eût percé le cœur ; elle jeta un cri perçant ; puis, tombant aux pieds de l’esclave, elle cria, d’un ton qui attendrit le cœur de cet homme plein de rudesse :
    « Ah ! dis-moi que tu plaisantes… Tu ne peux dire la vérité !… Parle ! parle !
    – Sur ma parole, jeune aveugle, je ne connais rien à la loi… Il en peut être autrement que je ne t’ai dit. Mais Arbacès l’accuse, et le peuple demande une victime pour l’arène… Calme-toi : qu’est-ce que le sort du Grec peut avoir de commun avec le tien ?
    – N’importe, n’importe ! Il a été bon pour moi… Tu ne sais pas alors ce qu’on fera de lui ?… Arbacès, son accusateur ! ô destin ! Le peuple… le peuple qui peut le voir… ne saurait être cruel pour lui… Mais l’amour ne lui a-t-il pas été déjà fatal ?… »
    Elle laissa retomber sa tête sur son sein ; elle garda le silence ; des larmes inondèrent ses yeux, et tous les efforts de l’esclave ne purent la consoler, ni la distraire de sa profonde rêverie.
    Lorsque les soins de ses fonctions forcèrent l’esclave à la quitter, Nydia recueillit ses pensées.
    Arbacès était l’accusateur de Glaucus ; Arbacès l’avait emprisonnée : n’était-ce pas la preuve que sa liberté pouvait être utile à Glaucus ? Oui, elle était évidemment prise dans quelque piège ; elle allait contribuer à la perte de celui qu’elle aimait.
    Comme elle aspirait à s’échapper ! Par bonheur pour ses souffrances, toute sensation de douleur s’absorba dans le désir de se sauver, et, à mesure qu’elle réfléchit à la possibilité de sa délivrance, elle devint plus calme et plus rêveuse. Elle possédait toute la ruse de son sexe, et ces dispositions s’étaient accrues encore dans l’habitude de l’esclavage. Quel esclavage a jamais été dépourvu d’artifice ? Elle résolut de tromper son gardien ; et, se rappelant tout à coup sa requête à propos de l’art thessalien qu’il lui supposait, elle espéra trouver dans ce prétexte quelque moyen de fuite. Tout le reste du jour, et pendant les longues heures de la nuit, elle médita sur ce sujet ; et le lendemain matin, en conséquence, lorsque Sosie vint la visiter, elle se hâta de faire prendre à la conversation un cours où l’esclave ne paraissait pas mieux demander que de la suivre.
    Elle ne se dissimula pas que la seule chance qu’elle eût de s’échapper devait coïncider avec la nuit, et, malgré le chagrin qu’elle éprouva de ce retard, elle sentit qu’il était nécessaire de différer son entreprise jusqu’au soir.
    « La nuit, lui dit-elle, est le seul moment où nous puissions déchiffrer les secrets du destin ; c’est alors que tu dois venir me trouver… Mais que désires-tu connaître ?
    – Par Pollux ! Je voudrais être aussi savant que mon maître ; mais c’est un vœu trop ambitieux. Que je sache du moins si je gagnerai assez pour acheter ma liberté, ou si cet Égyptien me la donnera pour rien. Il fait parfois de ces

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