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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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hélas ! et devenu depuis le martyr de son indomptable énergie et de son zèle. Dans la manière miraculeuse dont j’avais été préservé du lion, et dans ce tremblement de terre, il me fit voir la main d’un dieu inconnu. Je l’écoutai, je crus, j’adorai. Ione, mon Ione, que j’aime plus que jamais, a embrassé aussi cette foi !… Une foi, Salluste, qui, répandant sa lumière sur ce monde, fait de ce glorieux coucher du soleil terrestre l’aube éclatante d’un monde nouveau promis à notre espoir. Nous savons que nous sommes frères, en âme aussi bien qu’en chair, pour toujours, toujours. Les siècles peuvent rouler, notre poussière peut se dissoudre, la terre peut se dessécher ; mais la roue de la vie continuera de tourner dans le cercle de l’éternité ! La vie est impérissable ; la vie est sans fin. La vertu, comme le soleil à la terre, prodigue à l’âme ses bienfaits ; elle lui procure une sécurité immortelle, qui est le sourire de la face de Dieu. Venez me voir, Salluste ; apportez avec vous les savants écrits d’Épicure, de Pythagore, de Diogène ; armez-vous pour être vaincu ; nous discuterons, dans les bosquets d’Académus, avec un guide plus sûr qu’aucun de ceux qui aient été accordés à nos pères, sur les grands problèmes des vraies destinations de la vie et de la nature de l’âme.
    Ione !… à ce nom, mon cœur palpite ; toujours Ione est à côté de moi. Pendant que j’écris, je lève les yeux et je rencontre son sourire ; les rayons du soleil tremblent sur l’Hymette, et j’entends dans mon jardin le bourdonnement des abeilles frémissantes. Vous me demandez si je suis heureux. Oh ! qu’est-ce que Rome peut me donner d’égal à ce que je possède dans Athènes ? Ici, toute chose éveille l’âme et inspire l’affection ; les arbres, les eaux, les montagnes, les nues, ce sont les biens d’Athènes, d’Athènes belle, quoique expirante, mère de la sagesse et de la poésie du monde. Dans ma salle, je vois les figures de marbre de mes ancêtres ; dans le Céramique, je contemple leurs tombes ; dans chaque rue je reconnais la main de Phidias et l’âme de Périclès. Harmodius, Aristogiton, ils sont partout, excepté dans nos cœurs ; mais dans le mien du moins ils ne périssent pas. Si quelque chose peut me faire oublier que je suis Athénien, que je ne suis pas libre, c’est la tendresse, c’est l’amour attentif, empressé, incessant d’Ione… un amour qui a pris une nouvelle force dans notre nouvelle foi {99} , un amour qu’aucun de nos poètes, quel que soit leur génie, n’a pu décrire : car mêlé avec la religion, il participe de sa sainteté, il se confond avec les pensées les plus pures, les moins terrestres ; il est tel que nous gardons l’espoir de l’emporter avec nous dans l’éternité. Nous le conserverons sans souillure, afin de ne pas avoir à en rougir devant notre Dieu. C’est le type véritable de la fable mystérieuse d’Éros et de Psyché, fable si chère aux Grecs ; c’est, pour mieux dire, l’âme endormie dans les bras de l’amour ; et si cet amour me console en partie de la fièvre de liberté qui me brûle, ma religion me console encore davantage : car toutes les fois que je veux prendre l’épée, et sonner la trompette, pour courir à un nouveau Marathon (hélas ! un Marathon sans victoire), je me sens désespéré à la pensée de l’impuissance de mon pays : ce poids écrasant des chaînes romaines est compensé du moins par l’idée que la terre n’est que le commencement de la vie ; que la gloire d’un petit nombre d’années compte peu dans la vaste étendue de l’éternité ; qu’il n’y a point de parfaite liberté jusqu’à ce que l’âme sorte de sa prison mortelle, et qu’elle a pour héritage et pour domaine l’espace et le temps. Cependant, Salluste, quelques douces réminiscences des mœurs grecques se mêlent encore à ma foi. Je ne puis partager le zèle de ceux qui ne voient que des criminels dévoués au courroux céleste dans ceux qui ne pensent pas comme eux. Je ne frémis pas en présence de la religion des autres ; je n’ose les maudire. Je demande au Père de toutes choses leur conversion, et cette tiédeur m’expose à quelques soupçons de la part des chrétiens ; mais je leur pardonne ; et, sans offenser ouvertement les préjugés de la foule, je me trouve à même par là de protéger mes frères contre les rigueurs de la loi et

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