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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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moelleux coussins) que le visiteur de Pompéi trouve encore dans ce même tepidarium. « Que ce soit Hercule ou Bacchus, il mérite l’apothéose !
    – Mais dites-moi, demanda un citoyen chargé d’embonpoint lequel soupirait et soufflait pendant que le grattoir s’exerçait sur sa peau ; dites-moi, ô Glaucus !… Maudites soient tes mains, esclave, tu m’écorches !… Dites-moi… aïe ! aïe !… les bains de Rome sont-ils aussi magnifiques qu’on le dit ? »
    Glaucus se retourna et reconnut Diomède, non pas sans difficulté, tant les joues du brave homme étaient enflammées par la transpiration et par l’opération qu’il subissait. « Je me figure qu’ils sont bien plus beaux que ceux-ci n’est-ce pas ? »
    Glaucus, retenant un sourire, répondit :
    « Imaginez tout Pompéi converti en bains et vous vous formerez alors une idée de la grandeur des thermes impériaux de Rome, mais seulement de la grandeur ; imaginez tous les amusements de l’esprit et du corps ; énumérez tous les jeux gymnastiques que nos ancêtres ont inventés ; rappelez-vous tous les livres que l’Italie et la Grèce ont produits ; supposez des salles pour ces jeux, des admirateurs pour tous ces ouvrages ; ajoutez à cela des bains de la plus grande dimension et de la construction la plus compliquée ; mêlez-y partout des jardins, des théâtres, des portiques, des écoles ; figurez-vous en un mot une cité de dieux composée uniquement de palais et d’édifices publics et vous aurez une image assez faible encore de la magnificence des grands bains de Rome.
    – Par Hercule ! dit Diomède en ouvrant les yeux, il y a de quoi employer toute la vie d’un homme rien qu’à se baigner.
    – Cela se voit souvent à Rome, reprit gravement Glaucus. Il y a bien des gens qui passent leur vie aux bains. Ils y arrivent au moment où les portes s’ouvrent et n’en sortent qu’à l’heure où elles se ferment. Ils semblent ne connaître rien de Rome ou mépriser tout ce qui peut y exister d’ailleurs.
    – Par Pollux ! vous m’étonnez.
    – Ceux-là mêmes qui ne se baignent que trois fois le jour s’efforcent de consumer leur vie dans cette occupation ; ils prennent quelque exercice dans le jeu de paume ou dans les portiques pour se préparer à leur premier bain et se rendent au théâtre pour se rafraîchir ensuite. Ils prennent leur dîner sous les arbres en songeant à leur second bain. Pendant qu’on le prépare leur digestion s’achève. Après le second bain ils se retirent dans quelque péristyle pour entendre un nouveau poète, réciter ses vers ; ou ils entrent dans la bibliothèque afin de s’endormir, le front sur quelque vieil auteur. L’heure du souper est venue ; le souper est regardé comme faisant partie du bain ; ils se baignent ensuite une troisième fois et restent encore, ce beau lieu leur paraissant le plus agréable du monde, pour converser avec leurs amis.
    – Par Hercule ! n’avons-nous pas leurs imitateurs à Pompéi ?
    – Oui et sans avoir leur excuse ; les superbes voluptueux de Rome sont heureux ; ils ne voient autour d’eux que la puissance et la splendeur ; ils ne visitent pas les quartiers infimes de la ville ; ils ne savent pas que la pauvreté existe sur la terre. Toute la nature leur sourit et la seule grimace qu’ils puissent lui reprocher c’est lorsqu’elle les envoie au bord du Cocyte. Croyez-moi, ce sont là les vrais philosophes ! »
    Pendant que Glaucus causait ainsi, Lépidus, les yeux fermés et ne respirant qu’à moitié, subissait toutes les opérations mystiques dont il ne permettait à ses esclaves d’omettre aucune. Après les parfums et les onguents, ils répandirent sur sa personne une poudre voluptueuse qui empêchait la chaleur de revenir et cette poudre enlevée au moyen de la pierre ponce, il commença à revêtir non pas les habillements qu’il avait en entrant mais de plus riches qu’on appelait « la synthèse » et qui marquaient tout le respect qu’on portait au prochain souper, repas qu’il serait plus convenable d’appeler dîner, d’après la manière que nous avons de mesurer le temps, puisqu’on le prenait vers trois heures de l’après-midi. Cela fait, il ouvrit les yeux et donna un signe de retour à la vie.
    Au même instant, Salluste, par un bâillement prolongé témoigna aussi de son existence.
    « C’est l’heure du souper, dit l’épicurien ; Glaucus et Lépidus, venez souper avec moi.
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