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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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peut croire qu’elle était digne de la réputation du poète. Glaucus fut le seul des auditeurs à ne pas reconnaître qu’elle surpassait les meilleures odes d’Horace.
    Le poème achevé, ceux qui prenaient seulement un bain froid commencèrent à se déshabiller ; ils suspendirent leurs vêtements à des crochets posés dans le mur et, après avoir reçu selon leur condition de la main de leurs esclaves ou de celle des esclaves appartenant aux thermes des robes flottantes, ils passèrent dans cette gracieuse enceinte qui existe encore comme pour faire rougir leur postérité méridionale qu’on ne voit jamais se baigner.
    Les plus voluptueux se rendaient par une autre porte dans le tepidarium, salle qui était élevée à une douce chaleur, en partie au moyen d’un foyer mobile mais surtout par un pavé suspendu au-dessous duquel était conduit la calorique du laconicum.
    Les baigneurs de cette classe, après avoir quitté leurs vêtements, demeuraient quelque temps à jouir de la chaleur artificielle d’une atmosphère délicieuse ; et cette pièce à cause de son rang important dans la longue série des ablutions était encore plus richement et plus soigneusement décorée que les autres ; le plafond cintré était magnifiquement sculpté et peint ; les fenêtres placées en haut, en verre dépoli, n’admettaient que des rayons vagues et incertains ; au-dessous des massives corniches se suivaient des figures en bas-relief vigoureusement accusées ; les murs étaient d’un rouge cramoisi ; le pavé carrelé avec art se composait de mosaïque blanche. Là, les habitués qui se baignaient sept fois par jour, demeuraient dans un état de lassitude énervée et silencieuse, soit avant soit après le bain ; quelques-unes des victimes de cette poursuite acharnée de la santé tournaient des yeux languissants vers les nouveaux venus et ne faisaient qu’un signe de tête à leurs connaissances par crainte de la fatigue de la conversation.
    De ce lieu la compagnie se dispersait de nouveau et chacun écoutait son caprice : les uns allaient au sudatorium, qui faisait l’office de nos bains de vapeur, et de là au bain chaud lui-même ; les autres plus accoutumés à l’exercice et voulant s’épargner de la fatigue se rendaient immédiatement au calidarium ou bain d’eau.
    Afin de compléter cette esquisse et de donner au lecteur une notion de cette volupté si chérie des anciens Romains nous accompagnerons Lépidus, qui passait régulièrement par tous les degrés de la cérémonie, à l’exception du bain froid hors de mode depuis quelque temps. Après s’être imprégné peu à peu de la douce chaleur du tepidarium, l’élégant de Pompéi se fit conduire lentement dans le sudatorium.
    Que le lecteur ici se dépeigne à lui-même toutes les phases d’un bain de vapeur accompagné de parfums. Dès que notre baigneur eut subi cette opération, il se remit dans la main de ses esclaves, qui l’accompagnaient toujours au bain et les gouttes de sueur furent enlevées avec une espèce de grattoir qu’un moderne voyageur a prétendu n’être bon que pour ôter les malpropretés de la peau quoiqu’il ne dût guère en exister chez un baigneur d’habitude. De là, un peu refroidi, il passa dans le bain d’eau où l’on répandit à profusion sur lui de frais parfums et quand il en sortit par la porte opposée de la pièce, une pluie rafraîchissante inonda sa tête et son corps. Alors se revêtant d’une robe légère, il retourna au tepidarium où il trouva Glaucus, qui n’était pas allé jusqu’au sudatorium ; et le véritable plaisir ou plutôt l’extravagance du bain commença. Les esclaves ayant à la main des fioles d’or d’albâtre ou de cristal ornées de pierres précieuses en distillaient les onguents les plus rares pour frotter les baigneurs. Le nombre de ces smegmata, dont se servaient les personnes riches, remplirait un volume surtout si le volume était publié par un de nos éditeurs à la mode. C’était l’amoracimum, le megalium, le nardum… omne quod exit in um. Pendant ce temps une douce musique se faisait entendre dans une chambre voisine et ceux qui usaient des bains avec modération, rafraîchis et ranimés par cette gracieuse cérémonie, causaient avec toute la vivacité et toute la fraîcheur d’une existence rajeunie.
    « Béni soit celui qui a inventé les bains ! » dit Glaucus en s’étendant sur un des sièges de bronze (recouverts alors de

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