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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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les traditions mystérieuses de sa patrie. Rejetant la croyance des confuses religions du monde païen, il mettait toute sa foi dans la puissance et la sagesse ; il ignorait (tout le monde l’ignorait peut-être comme lui alors) les bornes que la nature impose à nos découvertes. S’apercevant que plus nos connaissances s’élèvent, plus nous voyons de merveilles, il se figurait que non seulement la nature accomplit des miracles quotidiens, mais qu’elle pouvait, par la force cabalistique de quelques esprits supérieurs, être détournée de son cours. Il poursuivait ainsi les sciences au-delà des limites du possible, dans le champ de l’invisible et de l’infini. Les vérités de l’astronomie l’avaient conduit aux rêveries imaginaires de l’astrologie ; les expériences de la chimie l’avaient poussé dans le labyrinthe de la magie ; et lui, qui se montrait sceptique quand il s’agissait du pouvoir des dieux, il était crédule et superstitieux dès qu’il était question du pouvoir des hommes.
    L’étude de la magie, à laquelle s’appliquaient dans ce siècle tous ceux qui avaient des prétentions à la sagesse, était surtout d’origine orientale ; elle était étrangère à la première philosophie des Grecs, n’ayant été accueillie par eux avec faveur qu’à l’époque où Œthanès, qui accompagnait l’armée de Xerxès, introduisit parmi les simples croyances d’Hellas les solennelles superstitions de Zoroastre. Rome, sous les empereurs romains, se l’était appropriée, et Juvénal l’avait attaquée avec toute la violence de son esprit. Le culte d’Isis était intimement lié à la magie, et la religion égyptienne servait à étendre le goût des sciences occultes qui lui était naturel. La magie théurgique ou bienfaisante, la magie goétique ou ténébreuse, et la nécromancie malfaisante, dominèrent également pendant le premier siècle de l’ère chrétienne ; et les merveilles de Faust ne sont pas comparables à celles d’Apollonius {39} . Les rois, les courtisans, les sages, tous tremblaient devant les professeurs de cette sombre science. Le formidable et profond Arbacès n’était pas le moins remarquable des membres de cette tribu ; sa réputation et ses découvertes étaient connues de quiconque se livrait à l’étude de la magie ; elles lui survécurent même ; mais ce ne fut pas sous son nom réel que les magiciens et les sages l’honorèrent ; son nom réel, en effet, demeura ignoré en Italie, car Arbacès n’était pas une appellation égyptienne : elle venait de la Médie, d’où elle était devenue commune à la contrée du Nil, dans le mélange et le vagabondage des anciennes races. Il y avait plusieurs raisons, non seulement d’orgueil, mais de politique (jeune il avait conspiré contre la majesté de Rome), qui le forçaient à cacher son nom et son rang. Mais ce n’était ni par le nom qu’il avait emprunté des Mèdes, ni par celui qui, dans les collèges d’Égypte, aurait pu attester sa royale origine, qu’il exerçait son influence sur ceux qui se vouaient à la magie ; il avait reçu de leurs hommages une désignation mystique, et son souvenir resta dans la Grande-Grèce et dans les contrées orientales sous le nom d’Hermès, « seigneur de la ceinture flamboyante. » Ses subtiles recherches, et les attributs si vantés de sa science, recueillis en plusieurs volumes, étaient au nombre des traités « sur les arts curieux », que les néophytes chrétiens brûlèrent avec autant de joie que de frayeur à Éphèse, privant la postérité des preuves de la malice du démon.
    La conscience d’Arbacès ne relevait que de l’esprit ; elle n’obéissait à aucune loi morale. Si l’homme imposait ce frein à la multitude, l’humanité, croyait-il, pouvait, par une sagesse supérieure, s’élever au-dessus de ces lois.
    « Si (tel était son raisonnement) j’ai assez de génie pour imposer des lois, n’ai-je pas le droit de commander à mes propres créations ? N’ai-je pas le droit de contrôler, de rejeter, de mépriser les inventions d’intelligences moins fortes que la mienne ? »
    De sorte que, s’il était un scélérat, il justifiait sa scélératesse par ce qui aurait pu le rendre vertueux, c’est-à-dire par l’élévation de son esprit.
    Tous les hommes ont plus ou moins la passion du pouvoir ; cette passion, chez Arbacès, correspondait exactement à son caractère. Ce n’était pas la passion

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