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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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d’un pouvoir extérieur et grossier ; il ne désirait ni la pourpre, ni les faisceaux, ni les insignes d’une autorité vulgaire. Le mépris avait remplacé sa jeune ambition vaincue et détruite ; son profond dédain pour Rome, Rome dont le nom était devenu synonyme du monde, Rome qu’il regardait de la même façon qu’elle regardait les peuples barbares, ne lui permettait pas d’aspirer à des dignités, à des honneurs, car il n’aurait plus été alors que l’instrument ou la créature d’un empereur. Lui, le fils de la grande race de Ramsès, il aurait exécuté les ordres et reçu sa puissance d’un autre !… Cette seule pensée le remplissait de rage. Mais, en repoussant une ambition qui n’avait pour but que des distinctions et des titres, il ne s’en appliquait que plus à s’emparer du cœur des hommes. Respectant le pouvoir de l’esprit comme le plus grand des bienfaits terrestres, il aimait à sentir ce pouvoir pour ainsi dire palpable en lui-même, et l’étendait sur tous ceux qu’il rencontrait. C’est pour cela qu’il avait toujours recherché les jeunes gens, les fascinant et les gouvernant à son aise. Rien ne lui plaisait comme de trouver des âmes faites pour subir son empire invisible et immatériel. S’il avait été moins sensuel et moins riche, il aurait essayé de fonder une nouvelle religion. Tel qu’il était, son énergie était combattue par le goût des plaisirs. Outre cette vague satisfaction de sa puissance morale (vanité si chère aux sages), il éprouvait un attachement singulier et presque fantastique pour tout ce qui appartenait à la terre mystérieuse de ses ancêtres. Bien qu’il ne crût pas à ses divinités, il croyait aux allégories qu’elles représentaient (ou plutôt il interprétait ces allégories d’une façon nouvelle) ; il tenait à perpétuer le culte de l’Égypte, parce qu’il maintenait par ce moyen l’ombre et le souvenir de sa puissance. Il dispensait ainsi, aux autels d’Osiris et d’Isis, des dons véritablement royaux, et se montrait toujours empressé d’attirer dans le corps de leurs prêtres des personnes riches et influentes. Les vœux prononcés, la profession faite, il choisissait pour compagnons de ses plaisirs ses victimes elles-mêmes, en partie pour s’assurer le secret, en partie pour se conserver à lui-même son propre pouvoir. Ces motifs avaient dirigé sa conduite à l’égard d’Apaecidès, non moins que sa passion pour Ione.
    Il n’avait guère habité longtemps le même lieu ; mais, à mesure qu’il avançait en âge, il se fatiguait de changer de scène, et il était demeuré dans les délicieuses cités de la Campanie, plus qu’il n’avait coutume de le faire ailleurs, et de manière à s’étonner lui-même. À parler franchement, son orgueil mettait en quelque sorte une limite au choix de sa résidence. Ses conspirations malheureuses lui interdisaient ces brûlantes contrées qu’il regardait comme ses possessions héréditaires, contrées abattues et humiliées où planait l’aigle romaine. Rome était un objet d’indignation pour son âme pleine de haine ; il n’aimait pas à voir les courtisans rivaliser d’opulence avec lui, et ses richesses prendre un air de pauvreté en présence des magnificences qui entouraient les empereurs. Les villes de la Campanie lui offraient tout ce que sa nature désirait, la luxuriance d’un climat sans égal, et tous les raffinements d’une voluptueuse civilisation. Il n’avait pas sous les yeux de fortunes supérieures à la sienne ; il dépassait les riches en richesses ; les espions d’une cour jalouse ne le surveillaient pas ; tant qu’il demeurerait riche, sa conduite resterait à l’abri de toute recherche. Il continuerait son sombre chemin sans trouble et sans inquiétude.
    C’est un malheur des êtres abandonnés aux plaisirs, de ne connaître l’amour que lorsque leurs sens commencent à s’émousser ; leur jeunesse s’épuise en désirs sans nombre, leurs cœurs sont bientôt blasés. Ainsi, pour toujours à la poursuite de l’amour, et sollicité peut-être par une imagination sans repos à s’en exagérer les charmes, l’Égyptien avait dépensé toute la fougue de sa jeunesse sans atteindre l’objet de ses rêves. À la beauté du jour succédait la beauté du lendemain, et l’ombre du bonheur l’entraînait plutôt que le bonheur lui-même. Lorsque, deux années avant l’époque où nous sommes, il avait vu Ione, il

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