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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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paisible, ni la fertilité des campagnes le long des coteaux, ni la mélancolique avenue de tombeaux, ni les délicieuses maisons de plaisance d’un peuple efféminé et voluptueux, qui arrêtaient les yeux de l’Égyptien. D’un côté du paysage, le mont Vésuve descendait vers la plaine par un sillon étroit et aride, qu’interrompaient çà et là des mamelons dentelés et des broussailles sauvages. Au bas s’étendait un terrain marécageux et malsain, et l’œil fixe d’Arbacès distinguait une espèce de forme vivante se baissant de temps à autre pour recueillir quelques plantes grossières qui y croissaient.
    « Oh ! dit-il tout haut, je ne suis pas le seul dans cette dure veillée. La magicienne du Vésuve est à l’œuvre. Étudie-t-elle aussi les astres, comme le vulgaire le pense ? a-t-elle jeté un charme sur la lune, ou cueille-t-elle, comme sa position semble l’annoncer, des plantes vénéneuses dans le marais ? Regardons bien cette compagne de mon expérience laborieuse. Quiconque essaye d’entreprendre sait qu’aucun côté de la science n’est méprisable. Il n’y a de méprisable que vous, victimes grasses et bouffies, esclaves de la luxure, fainéants de la pensée, vous qui ne cultivez que le domaine des sens, et qui croyez que son pauvre sol produit également le myrte et le laurier. Non, le sage seul est fait pour jouir. À nous seulement la vraie volupté est accordée, lorsque l’esprit, le cerveau, l’invention, l’expérience, la pensée, le savoir, l’imagination, tout contribue, comme autant de sources, à former la vaste mer des SENS… Ione ! »
    En prononçant ce dernier nom, ce nom plein de charmes, Arbacès sentit que ses pensées prenaient un cours plus profond. Il avait fait quelques pas ; il s’arrêta, il ne releva pas ses regards. Une ou deux fois il sourit joyeusement, et quittant cette place où il avait veillé, pour se rendre à sa couche, il murmura :
    « Si la mort est si proche, je veux pouvoir dire au moins que j’ai vécu… Ione sera à moi. »
    Le caractère d’Arbacès était un de ces tissus rares et inextricables, où l’âme elle-même qui y réside se trouve embarrassée et confuse. Chez lui, fils d’une dynastie tombée, débris d’un peuple abattu, régnait cet esprit d’orgueil mécontent qui n’abandonne pas les êtres d’un ordre supérieur, lorsqu’ils se sentent bannis inexorablement de la sphère où leurs ancêtres ont brillé, et à laquelle la nature, non moins que la naissance leur donnaient des droits. Cet esprit est dépourvu de bienveillance ; il est en lutte avec la société ! il ne voit que des ennemis dans l’espèce humaine. Mais ce sentiment n’était point accompagné ici de sa suivante ordinaire, la pauvreté : Arbacès possédait des richesses égales à celles des plus nobles Romains ; ce qui le mettait à même de satisfaire des passions qui ne pouvaient trouver d’issue dans les affaires ou dans l’ambition. Voyageant de climats en climats, et trouvant Rome partout, il voyait s’accroître de plus en plus sa haine contre la société et son amour pour le plaisir. Le monde était pour lui une vaste prison qu’il lui était loisible de remplir des ministres de ses voluptés. Cette prison, il n’en pouvait sortir ; mais il pouvait lui donner au moins l’apparence d’un palais. Les Égyptiens, dès les premiers temps, s’étaient livrés aux plaisirs des sens ; Arbacès avait hérité de leurs appétits sensuels, et de cette vive imagination qui sait faire jaillir la flamme même de la débauche. Mais toujours ardent dans ses plaisirs aussi bien que dans ses études, et ne supportant ni supérieur ni égal, il n’admettait guère à ses orgies d’autres compagnons que des esclaves… il était le maître solitaire d’un nombreux harem ; et, malgré cela, il se sentait condamné à cette satiété qui est le malheur inévitable des hommes dont l’intelligence surpasse les moyens d’action ; et ce qui avait été autrefois l’impulsion de la passion était devenu une froide habitude. Désabusé des sens, il cherchait à s’élever à la culture de la science ; mais, comme son dessein n’était pas de servir l’humanité, il méprisait tout ce qui était utile et pratique. Sa sombre imagination ne s’exerçait que sur des choses chimériques et obscures, qui font la joie des esprits pervers et solitaires, et auxquelles il était poussé par l’orgueil de son caractère et par

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