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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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maison. Un parapet élevé lui servait de mur, et se joignait à la hauteur de l’édifice et aux arbres obscurs qui l’entouraient, pour défier les yeux de la curiosité et de l’indiscrétion : une table, sur laquelle était étendu un rouleau chargé de signes mystiques, se trouvait devant lui. Au ciel, la lumière des étoiles s’effaçait et vacillait, et les ombres de la nuit abandonnaient le faîte stérile des montagnes. La lutte de la nuit et du jour commençait à être visible sur le large Océan, calme comme un lac gigantesque, entouré de rivages couverts de vignes et de feuillages ; ces bords, parsemés des murs blancs des cités endormies, descendaient doucement vers les vagues à peine ridées.
    C’était l’heure consacrée entre toutes les autres à la science de l’Égyptien, à cette science qui espérait lire dans les astres le changement de ses destinées.
    Il avait rempli son rouleau ; il avait noté le moment et le signe, et, s’appuyant sur sa main, il s’était livré aux réflexions que lui inspiraient ses calculs.
    « Les étoiles me condamnent de nouveau ; quelque danger me menace assurément, dit-il lentement ; les astres me présentent les mêmes dispositions défavorables qu’elles présentèrent autrefois à Pyrrhus, si nos chroniques ne se trompent pas, à Pyrrhus, né pour désirer toute chose et pour ne jouir d’aucune ; attaquant toujours, ne triomphant jamais ; batailles sans fruits, lauriers sans victoire, renommée sans succès ; à Pyrrhus vaincu enfin par ses propres superstitions, et tué comme un chien par une tuile que la main d’une vieille femme avait lancée ! Vraiment les étoiles me flattent peu lorsqu’elles me représentent comme l’image de ce guerrier insensé, lorsqu’elles promettent à l’ardeur de ma sagesse les mêmes résultats qu’à la folie de son ambition ; un perpétuel exercice sans un but certain, la tâche de Sisyphe, la montagne et le rocher. Le rocher, sombre augure qui me fait souvenir que je suis menacé d’un trépas à peu près pareil à celui de l’Épirote. Regardons encore : Prends garde , disent les lumineux prophètes, quand tu passeras sous les anciens toits, ou près des murs assiégés, ou sous les rochers qui surplombent ; une pierre, chargée des malédictions de la destinée, roulera d’en haut sur toi . Et le péril ne doit pas être éloigné ; mais je ne puis lire avec certitude le jour et l’heure assignés. Allons, si mon sablier s’épuise, que le sable en brille du moins jusqu’à la fin. Cependant, si j’échappe à ce danger… si j’y échappe… le reste de mon existence jettera un éclat doux et brillant comme les rayons de la lune sur les eaux. Avec de telles promesses au-delà du péril, succomberai-je donc au péril ? Mon âme est pleine d’espérance ; elle bondit et dépasse l’heure fatale ; elle se réjouit dans l’avenir : son courage est le meilleur augure pour moi. Au cas où je devrais périr si subitement et si vite, l’ombre de la mort s’étendrait déjà sur elle, et le froid pressentiment de ma destinée me glacerait. Mon âme éprouverait, dans la tristesse et dans l’ombre, un avant-goût des mystères du terrible Orcus ; mais elle sourit, elle m’annonce ma délivrance. »
    En achevant ce soliloque, l’Égyptien se leva involontairement ; il parcourut rapidement l’étroit espace de cette tour dont les étoiles formaient le toit ; et, s’appuyant sur le parapet, il jeta de nouveau un regard sur les murs gris et mélancoliques. La brise du matin vint rafraîchir son front, et son esprit recouvra peu à peu son calme et son recueillement naturels. Il détourna son regard des étoiles, à mesure qu’elles disparaissaient les unes après les autres dans les profondeurs du ciel, et ses yeux tombèrent sur l’étendue qui se déroulait à ses pieds. Dans le port de la cité se dressaient en repos les mâts des galères ; la tranquillité régnait dans ce séjour de l’opulence et du travail. Quelques rares lumières, à travers les colonnes des temples ou les portiques du forum silencieux, luttaient avec les nuances flottantes et légères du jour naissant. Du cœur de la cité assoupie, qui devait bientôt se remplir de mille passions, aucun son ne s’élevait ; les flots de la vie ne circulaient pas encore, le sommeil les recouvrait de sa glace. Le large amphithéâtre, avec ses sièges superposés, semblable à un monstre qui sommeille,

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