Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les disparus

Titel: Les disparus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Mendelsohn
Vom Netzwerk:
sur
l'accroissement : l'accroissement des territoires, des enfants, de la richesse
(et, probablement, de la connaissance aussi). La fortune croissante d'Abram, à la suite de son séjour profitable en Egypte, finit
par provoquer une rupture entre ses employés et ceux de son neveu, Lot, et afin
d’ éviter le confit, Abram et Lot se mettent d'accord pour se séparer et
occuper des territoires différents, le neveu revendiquant la plaine à l'est du
Jourdain (plaine occupée, de manière désastreuse, par les cités de Sodome et de
Gomorrhe) et l'oncle revendiquant la terre qui se trouve à l'ouest. Mais des
accroissements d'autres types préoccupent Abram, même après qu'il s'est installé
confortablement sur la terre vers laquelle il avait reçu l'ordre « d'aller
pour lui-même ». Après tout, Dieu lui promet de façon répétée qu'il
fructifiera et que sa descendance sera aussi innombrable que la poussière et
les étoiles ; et pourtant Saraï, sa belle épouse, n'a pas réussi à concevoir.
Aussi, au milieu de l'abondance, y a-t-il pénurie. Abram, conscient de ce
paradoxe, lance d'amères invectives, à un moment donné, se demandant à quoi lui
sert sa vaste fortune, quand ce sont des étrangers qui vont en hériter. Le
problème est résolu (apparemment) quand Saraï offre à Abram son esclave
égyptienne, Hagar, afin qu'elle-même, Saraï, « puisse être édifiée à
travers elle ». Abram accepte — même si ce n'est pas sans provoquer une
certaine tension maritale — et Ismaël naît. Treize ans plus tard, alors
qu'Abraham (comme il s'appelle désormais) a quatre-vingt-dix-neuf ans et que
Sarah (dont le nom a changé aussi) en a quatre-vingt-neuf, Dieu annonce que,
dans l'année qui vient, elle donnera naissance à un fils. De façon peu
surprenante, cette annonce laisse Abraham quelque peu incrédule et il tombe,
littéralement, face contre terre et rit. A la date annoncée, l'enfant naît et
le nom hébreu qui est donné à cet enfant rappelle à dessein la réaction de son
père en apprenant la nouvelle de sa conception : le nom signifie « il a
ri », ce qui se dit en hébreu Yitzhak .
    La dynamique unique de Lech Lecha est,
en effet, un mouvement entre des opposés : accroissement et manque, activité et
stase, stérilité et fertilité, et – comme c'est toujours le cas dans les
récits de voyages et d'aventures — solitude et foules, l'isolement du voyageur,
d'un côté, et la multitude agitée dans les endroits qu'il peut voir mais
auxquels il ne peut appartenir, de l'autre. A mon avis, cette tension constante
entre des forces opposées, cette dynamique tortueuse et expressive (qui semble,
je le pense souvent, être une métaphore de la façon dont nous voulons toujours
plus, dont nous voulons accumuler pour nous-mêmes et croître à mesure que nous
avançons dans la vie, même lorsque nous redoutons que cette accumulation et cet
accroissement nous transforment en quelque chose qui nous rend méconnaissables,
nous faisant perdre notre propre passé) est exprimée de manière très concise et
très élégante à la fin de Lech Lecha,, quand Dieu promet à Abram presque
centenaire qu'il fructifiera et se multipliera. Symbole de ce nouveau statut en
tant que père des grandes nations, Abram bénéficiera d'un autre accroissement :
son nom gagnera une syllabe et deviendra « Abraham ». Le nom de sa
femme aussi subira un changement, passant de Saraï à Sarah. Diverses
explications du changement de nom ont été proposées. Rachi, par exemple, ne
ménage pas ses efforts pour expliquer comment l'hébreu Avraham peut, en fait,
être interprété de la façon dont Dieu veut qu'il soit interprété, c'est-à-dire
comme une contraction de Avhamon, « père des multitudes ». Le r dans
Avraham, qui n'est pas présent dans Av-hamon, constitue un problème, même si
Rachi le résout comme d'habitude avec une ingénuité considérable. De la même
manière, Rachi consacre une longue réflexion à ce que devient le ï de Saraï,
une fois qu'elle devient Sarah — dans la mesure où, une fois qu'une lettre a
fait partie du nom d'une personne juste, c'est une insulte pour la lettre
elle-même que de la retirer (pas de souci : la lettre finale dans l'orthographe
hébreu de Saraï a été, apprenons-nous, ajoutée par la suite au nom du héros
Hoshea, qui est ainsi né de nouveau sous le nom de Joshua).
    Aussi ingénieux et satisfaisant que cela puisse être en
effet, je suis plutôt en accord

Weitere Kostenlose Bücher