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Les disparus

Titel: Les disparus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Mendelsohn
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avec un autre commentateur (pas Friedman, qui
passe sous silence le passage sur le changement de noms), qui soutient que la
signification de ce processus d'accroissement du nom repose moins dans ce que
les noms peuvent signifier en fait que dans le fait qu'Abram, au moment où il
accepte l'alliance avec Dieu, doit avoir un nouveau nom, tout comme les
monarques prennent un nom de trône au moment de leur couronnement. La
signification de ce changement de noms, dans cette lecture, est plus
psychologique que philologique. C'est parfaitement clair pour moi qui suis
devenu très familier des carrières en dents-de-scie que peuvent connaître les
noms : combien il peut y avoir un certain désir de changer de nom (en le
faisant, on signale une rupture nécessaire avec la vie qu'on a menée jusque-là)
; et combien il peut être crucial cependant que le nom soit reconnaissable
parce qu'il n'est pas toujours clair de savoir quelles parties du passé
vaudront la peine d'être sauvées.
     
    2
SUEDE/ISRAEL DE NOUVEAU
(automne)
     
     
     

     
     
    ACCCHH, c'est MESHUGA,
non ?
    C'était en début d'après-midi, un dimanche de décembre, et
Mme Begley me faisait part de son inquiétude concernant mes projets de voyages
à venir qu'elle trouvait fous. A la fin du mois, elle allait fêter son
anniversaire et je serais de retour d'un voyage en zigzag de New York à
Londres, puis Stockholm, Londres, Tel-Aviv, Londres et New York. Pendant
qu'elle secouait la tête, mi-amusée mi-dédaigneuse, j'essayais d'expliquer que
notre itinéraire erratique, cette épuisante voltige entre les continents et les
climats, était la faute de Dyzia Lew. Tout en défendant ma cause un peu vaine,
je ne me faisais qu'une petite idée de la tournure meshuga qu'allait
prendre ce voyage, avec l'horrible blizzard, les demi-journées d'attente, les
vols annulés, les connexions manquées dans des aéroports étranges ; et puis, pire
que tout, les séries de malentendus presque comiques à propos de la dame de
Minsk, les vols transatlantiques faits en vain vers des endroits qu'elle venait
de quitter.
    Tout avait commencé avec un coup de téléphone que j'avais
reçu en novembre, quatre mois après mon retour d'Israël.
    Jusque-là, j'avais pensé que nous avions encore deux voyages
à faire : tout d'abord, un voyage nordique pendant la première semaine de
décembre – Matt ne pouvait pas se libérer plus tôt -qui devait inclure
Stockholm, où vivait Klara Freilich, puis Minsk, où vivait Dyzia Lew ; ensuite,
nous rentrerions à la maison et, peut-être un mois plus tard, nous nous
envolerions pour Israël où, pendant une semaine, Matt pourrait faire les
portraits des habitants de Bolechow que j'avais rencontrés pendant l'été, quand
il n'avait pas été en mesure de venir avec moi.
    Et puis, me disais-je, nous en aurions fini.
    Mais au début du mois de novembre, Shlomo m'a appelé pour me
donner de mauvaises nouvelles. Dyzia était très mal, une maladie de la circulation,
assez malade pour avoir été transportée de Biélorussie en Israël afin d'y
recevoir un traitement. Il n'y avait donc aucune raison d'aller en Biélorussie,
avait dit Shlomo. Nous ferions bien de venir en Israël et le plus tôt serait le
mieux, car franchement il n'y avait aucun moyen de savoir combien de temps...
Sa voix s'était tue. Pendant que Shlomo m'annonçait ces nouvelles, je m'étais
dit : voilà, finalement le temps nous rattrape. J'avais su, bien entendu, dès
la nuit où Jack Greene m'avait appelé de nulle part et que j'avais décidé, tout
en lui parlant, que je devrais rencontrer les quelques habitants de Bolechow
qui étaient encore vivants dans le monde, que les gens en question étaient très
âgés ; j'avais toujours envisagé la possibilité que l'un d'eux puisse mourir
avant même que nous arrivions à le rencontrer. Mais c'était une chose que
d'envisager cette possibilité théorique et une autre que d'être confronté à la
réalité glaçante d'une femme si malade que je ne pourrais plus désormais la rencontrer
et sonder sa mémoire.
    J'avais dit à Shlomo, Si elle est à ce point malade,
peut-être que je devrais l'interviewer au téléphone dès maintenant ?
    Matt et moi ne pouvions pas nous rendre en Israël avant la
première semaine de décembre. Je pensais que nous pouvions retarder notre
voyage à Stockholm et aller directement à Tel-Aviv pour rencontrer Dyzia, mais
à présent, à la lumière des nouvelles alarmantes de Shlomo, les trois

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