Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les disparus

Titel: Les disparus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Mendelsohn
Vom Netzwerk:
pendant la journée, mais
atrocement froid la nuit. Le lendemain, les nomades ouzbeks leur avaient
indiqué le chemin qu'ils devaient prendre : de l'autre côté de la rivière Chu.
Ils étaient repartis. Ils avaient fini par arriver dans un endroit rempli de
réfugiés. Les trois garçons de Bolechow avaient trouvé du travail chez un
vétérinaire qui vivait dans une maison magnifique, avec jardin et sauna. Un
jardin ! Ils travaillaient dans le jardin. Très vite, il est devenu
apparent que la rumeur qu'ils avaient entendue à propos d'un capitaine qui les
conduirait jusqu'à l'armée d'Anders n'était pas fondée. Bien que la vie ait été
assez bonne et la nourriture abondante, une épidémie de typhus avait éclaté dans
le camp. Une quarantaine avait été mise en place. A la fin de la quarantaine,
les trois garçons de Bolechow avaient décidé de repartir. Ils avaient pris la
direction d'un autre endroit dont ils avaient entendu parler, appelé Antonufka,
où se trouvait un autre camp de réfugiés polonais. Dès leur arrivée, ils
avaient pu constater que le camp était dirigé de manière militaire. Des tentes
militaires étaient alignées. Les gens qui avaient trouvé refuge ici payaient
leur pension en travaillant dans des carrières. La discipline était stricte :
chaque matin, on sonnait le réveil. Bumo avait vite compris qu'il y aurait peu
de chance de trouver là quelqu'un qui l'aiderait à entrer en contact avec
l'armée d'Anders. Les gens qui dirigeaient le camp disaient que quiconque ne
voulait pas travailler pouvait retourner à Frounze. On avait le droit de partir.
Bumo était donc retourné à Frounze et avait commencé à travailler dans une
usine qui fabriquait de l'équipement agricole. Le patron de l'usine était un
avocat de Cracovie du nom de Ravner. Il était marié à une femme ouzbek superbe
et avait eu deux enfants avec elle.
    Pendant qu'Adam Kulberg racontait cette histoire, au cours
d'une nuit neigeuse du début de l'année 2004 au Danemark, j'ai songé à une
autre histoire de mariage improbable que j'avais entendue autrefois, celle d'un
Juif du nom de Shmiel Jäger, originaire de Dolina, qui avait épousé une femme
ouzbek et eu des enfants avec elle, qui vivait encore, pour autant qu'on
pouvait le savoir, en Ouzbékistan avec ses enfants et ses petits-enfants
– lesquels portent tous un gène qui est très probablement lié à certains
gènes que mes frères, ma sœur et moi possédons.
    C'est là, à Frounze, que Bumo était tombé malade pour la
première fois. Une nuit, comme il avait l'impression d'avoir une appendicite,
il s'était rendu à l'hôpital où il avait été opéré d'urgence. Comme les
médicaments étaient rationnés, Bumo n'avait reçu qu'une anesthésie locale, ce
qui fait qu'il avait pu voir les chirurgiens l'inciser et retirer l'appendice enflé.
Alors qu'il allait entrer dans la salle d'opération, Bumo avait confié ses
précieuses possessions – précieuses parce qu'elles étaient les seules
– à une infirmière bienveillante qui avait proposé d'en prendre soin, s'il
lui arrivait quelque chose. Car, même à ce moment-là, chaque soir, il parlait
encore aux photos de sa famille. L'infirmière avait pris les photos et, comme
promis, les avait rangées soigneusement jusqu'à ce qu'il fût remis de
l'opération. La femme était allemande, épouse d'un officier russe.
    Une fois rétabli, Bumo Kulberg avait décidé de trouver une
unité militaire, quelle qu'elle fût, dans laquelle il pourrait combattre. Avec
ses deux compagnons, il avait recommencé le même parcours fantastique. De
Frounze, ils avaient voyagé vers l'ouest jusqu'à Tachkent. Bumo s'y était
reposé quelque temps. Pendant dix mois, il avait travaillé dans une fabrique de champagne soviétique.
    Une fabrique de champagne soviétique
à Tachkent ? ! nous étions-nous exclamés de concert Matt et moi, en riant.
Oui, pourquoi pas ? Nous avions bu du champagne soviétique
dans la salle de séjour bondée de Nina à Bolechow, pendant que son mari jouait
« Yesterday » sur son piano déglingué, nous l'avions bu, incapables
de croire qu'il existait quelque chose comme du Champagne soviétique.
    Finalement, Bumo avait appris les nouvelles qu'il attendait
depuis si longtemps : des gens du coin lui avaient dit savoir comment il
pourrait s'engager dans un régiment polonais. Il avait rempli une demande
d'engagement. Deux semaines plus tard, il était dans le train de Tachkent à
Moscou,

Weitere Kostenlose Bücher