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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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rapport au reste du château. On y accédait par un palier suivi de quelques marches. Aldo et Adalbert s’y arrêtèrent pour examiner l’assistance mais sans apercevoir le moindre visage connu :
    — Ce bal est une tradition locale, observa Morosini. Il doit y avoir surtout des gens des environs, je n’entends parler qu’allemand.
    — Ça nous évitera des frais de conversation. Quoique… j’aperçoive de bien jolies femmes ! fit Adalbert qui, d’une humeur charmante, semblait décidé à enterrer l’année joyeusement. Commençons toujours par aller boire un peu de champagne ! Rien de tel pour se mettre en jambes !
    — Tu as envie de danser ?
    — Et pourquoi pas ? J’ai encore l’âge, tu sais ?
    — Oui, mais tu es fiancé ?
    — Pas officiellement ! Et même les fiançailles ne sont pas l’équivalent d’une entrée en religion !
    Ensemble, ils descendirent dans la foule, prirent chacun un verre sur un plateau qui passait et trinquèrent joyeusement à ce 31 décembre qui allait clore non seulement l’année mais le cycle épuisant de leurs pérégrinations. Pas seuls, d’ailleurs, car les groupes s’ouvraient volontiers pour accueillir ces deux hommes élégants.
    Soudain, il se fit un silence.
    L’orchestre s’arrêta net. Le baron von Taffelberg venait de rejoindre le chef et lui parlait à l’oreille avant de se tourner vers la salle où chacun dirigea son regard vers cet homme. Il était pâle jusqu’aux lèvres et semblait bouleversé : le monocle même avait disparu de son orbite.
    — Que lui arrive-t-il ? chuchota quelqu’un derrière le dos de Morosini. On dirait qu’il est sur le point de s’évanouir ?
    Mais, déjà, Taffelberg se ressaisissait et ce fut d’une voix assez ferme qu’il prononça :
    — Mesdames et messieurs… vous tous qui êtes les fidèles de cette fête comme de cette maison… j’ai une affreuse nouvelle à vous communiquer : Son Altesse… M me  la grande-duchesse de Hohenburg-Langenfels vient de mourir…

CHAPITRE IX
UN LEGS EMBARRASSANT…
    Le silence à nouveau. Celui, terrifié, qui suit les grandes catastrophes. Toujours debout sur son estrade, Taffelberg restait là, immobile, en face de cette foule qui le regardait sans comprendre. Enfin quelqu’un, un homme âgé de mine haute et sévère, s’avança en s’appuyant sur une canne :
    — Qu’est-ce que ça veut dire, Fritz ? Elle est morte ? Mais de quoi ? fit-il d’une voix autoritaire.
    — Un malaise soudain… Elle était souffrante depuis quelque temps mais… rien de très inquiétant… À vrai dire, on n’en sait rien, Herr General, mais le médecin est auprès d’elle. Voulez-vous venir avec moi ?…
    Pour toute réponse, le vieil homme leva sa canne et rejoignit Taffelberg. Les invités, qui émettaient un chuchotement consterné, s’ouvrirent devant eux :
    — On les suit ! décida Morosini. Il faut savoir…
    Ils se joignirent sans peine aux quelques personnes – des proches sans doute ! – qui emboîtèrent le pas aux deux hommes et remontèrent vers l’appartement grand-ducal au milieu d’un peuple de valets qui semblait changé en statues. Quelques-uns étaient plantés devant les portes grandes ouvertes de la première pièce où s’engouffra le petit groupe mais celle, étroite et basse, de la chambre était fermée. Elle s’ouvrit cependant sous la main de Taffelberg découvrant un spectacle impressionnant : vêtue d’une longue robe de velours noir à manches longues mais très décolletée dont la traîne glissait sur les marches du lit, Fedora reposait dans le scintillement des joyaux qui couvraient sa gorge, sa tête et ses poignets : la fabuleuse parure d’émeraudes et de diamants assortie au diadème et qui devait comporter aussi des boucles d’oreilles. Mais elle avait choisi, comme elle l’avait annoncé à Aldo, de porter une fois encore l’Ourim et le Toummim dont la monture quasi barbare n’allait pas vraiment avec le reste. À leur vue, Adalbert retint un juron cependant qu’Aldo sentait une sueur glacée couler le long de son dos. L’espace d’un instant, tous deux se revoyaient en train de soulever une dalle au cœur d’une nuit d’été dans une forêt de Bohême, de fouiller la tombe d’un réprouvé. Allait-il falloir recommencer et cela d’ailleurs serait-il possible ?…
    — On ne va pas l’ensevelir avec tout ça ? souffla Vidal-Pellicorne.
    Morosini secoua la tête dans un geste

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