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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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sur le bas-côté de la route à l’abri d’un jardin voisin, en sortit, enfonça sa casquette sur sa tête et resserra la ceinture de son Burberry’s après s’être assuré que son revolver – il s’en était procuré un à Paris – n’avait pas glissé de sa poche. Ensuite il s’engagea dans la grande allée qui contournait la villa.
    Lorsque qu’il arriva de l’autre côté, là où les jardins s’étageaient harmonieusement à flanc de montagne autour de trois bassins superposés, il vit qu’il y avait un peu de lumière à une fenêtre du rez-de-chaussée. En outre, son regard accoutumé à l’obscurité remarqua dans le sable des traces annonçant qu’un véhicule lourd s’y était arrêté, mais il ne s’attarda pas à les suivre. Tout cela lui semblant plutôt suspect, il s’avança sans bruit vers la maison, escalada les trois marches sur lesquelles donnaient les portes-fenêtres du vestibule, ouvrit sans difficulté celle du centre et obliqua vers la droite où un rai de lumière glissait sous une porte. Instinctivement, il chercha l’arme sans sa poche, la tint fermement en main et entra dans une sorte d’office habillé de hautes armoires anciennes et de vitrines ou s’étageaient pièces d’argenterie et de verrerie mais il n’y avait personne. À voix contenue il appela alors :
    — Manfredi !… Vous êtes là !
    Une sorte de gémissement lui répondit, tel que peut en produire une bouche bâillonnée. Se guidant au son, il passa dans la pièce voisine, qui, elle, était obscure, tourna le commutateur et découvrit un étrange spectacle : alignés le dos aux planches d’un fruitier, il y avait là les trois serviteurs du comte – son valet, la camériste de sa femme et la cuisinière ficelés comme des saucissons et bâillonnés. Trois paires d’yeux se levaient sur lui habités d’une supplication pleine d’espoir :
    — Eh bien, on dirait qu’il s’est passé quelque chose ici ! fit-il d’un ton volontairement rassurant.
    En même temps il libérait d’abord la bouche de l’homme et coupait ses liens avant de s’occuper des deux femmes qui d’ailleurs eurent le bon esprit de garder un silence encore apeuré, laissant le vieux valet s’expliquer :
    — Ah, Excellence, c’est le Ciel qui vous envoie ! Depuis des heures, nous vivons un cauchemar…
    — Où est le comte ?
    — Là-haut, à la chapelle. Ces hommes sont arrivés à la nuit…
    — Combien sont-ils ?
    — Deux mais bien armés. Le chef a d’abord demandé à parler à Monsieur le comte et je l’ai introduit. Pendant ce temps-là, son compagnon, un colosse, nous a réduits à l’impuissance l’un après l’autre. Je me suis laissé surprendre. Pourtant Monsieur le comte m’avait prévenu qu’il attendait une visite… désagréable et…
    — La suite, la suite !
    — Je n’ai rien vu mais j’ai entendu mon maître protester contre la violence dont il était l’objet. Ils l’ont embarqué dans le fourgon qui les avait amenés et j’ai entendu le chef qui disait : « Que cela vous plaise ou non, ce sera comme cela et pas autrement et estimez-vous heureux d’avoir une chapelle, sinon je l’enterrais devant votre maison, en plein milieu ! »… Et puis ils sont partis et je ne sais rien de plus !…
    — Eh bien, mettez un manteau de pluie et conduisez-moi là-haut. Le plus discrètement possible. Ah j’oubliais : prenez une arme !…
    — Nous n’en avons pas.
    — Quoi ? Une grande baraque comme celle-ci, une collection de bijoux et pas d’armes ?
    — Monsieur le comte les a en horreur depuis la guerre et Madame la comtesse plus encore. Mais nous avons un magnifique coffre-fort pour les collections… !
    Morosini pensa que c’était bien la première fois qu’il rencontrait un collectionneur pourvu d’états d’âme concernant les moyens de défense de ses trésors. La plupart de ses confrères auraient plutôt tendance à en rajouter et il connaissait certaines demeures plus difficiles à attaquer qu’un croiseur-cuirassé… Cependant la cuisinière sortait de l’espèce de léthargie où l’avait plongée l’expérience qu’elle venait de vivre :
    — Je préviens la police, dit-elle en se dirigeant vers le vestibule, mais Morosini l’arrêta :
    — N’en faites rien ! Pour le moment, tout au moins mais… avez-vous une lampe électrique ?
    — Oui, dans le tiroir de la cuisine.
    — Alors, restez près de la fenêtre d’où

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