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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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avait accusé Beust (à cause du livre de Daniel), mais rien d’autre. Il s’agissait ici d’une nouvelle variante. Non pas soupçonner quelqu’un d’avoir commis un crime, mais soupçonner quelqu’un d’avoir soupçonné un troisième qui lui-même soupçonnait…
    — Sauf que l’ambassadeur avait de toute évidence raison, reprit Maximilien, interrompant ainsi le fil de ses pensées. Pour notre part, du moins, nous avions entièrement revu notre jugement sur cette affaire.
    Il désigna deux fines liasses de documents, posées sur la table.
    — Des extraits de deux dossiers, précisa-t-il brièvement. L’un concernant le père Calderón, l’autre Pucci.
    Soudain, Tron sut tout de suite ce qui allait suivre.
    — Ils se connaissaient, continua l’archiduc, et même assez bien puisqu’ils ont reçu l’ordination à Rome le même jour. Apparemment, ils ont gardé contact. Étonnant quand on pense que Pucci a été démis de sa charge avec ignominie.
    Tron se pencha au-dessus de la table.
    — D’où Son Altesse tire-t-elle cette information ?
    À ce moment-là, Beust intervint dans la conversation.
    — Lorsque le père Calderón est arrivé incognito à Venise pour sonder les prétendues relations entre Gutiérrez et les juáristes, c’est-à-dire avant de descendre au Danieli , il a logé chez Pucci.
    — Dans l’atelier du campo San Barnaba ? demanda le commissaire.
    — Non, répondit le lieutenant de vaisseau. Pucci possédait également un appartement à Cannaregio. L’évêque Labatista pouvait le joindre à cette adresse. Par ailleurs, nous pensons que Calderón a rencontré le photographe dès cet été.
    — Mon sergent lui aussi a suggéré une hypothèse de ce genre, lâcha Tron.
    — Quelle hypothèse exactement ? s’enquit Beust avec intérêt.
    — Bossi présumait que Calderón connaissait Pucci et lui avait acheté les clichés, répondit le commissaire en soupirant, puis qu’il avait assassiné Anna Slataper ainsi que le photographe.
    — Il a tout à fait raison ! s’exclama l’archiduc.
    — Oui, mais qu’en est-il du meurtre de signora Saviotti ? objecta Tron.
    Le lieutenant de vaisseau reprit la parole.
    — L’appartement d’Anna Slataper devait renfermer un indice, expliqua-t-il avec son calme ordinaire, une trace que Calderón voulait effacer.
    — Or il s’est trouvé nez à nez avec la femme de ménage, comprit Tron. Quelle preuve cela pouvait-il bien être ?
    — Je l’ignore, convint Beust. Mais s’il s’agit d’un objet, Calderón a pu l’emporter ou, à l’inverse, ne pas le trouver.
    — Que faites-vous du message laissé par Pucci au prix de ses dernières forces ? Que peut-il bien signifier ?
    Le commissaire se garda d’évoquer le livre de Daniel.
    — C’est Calderón qui l’a écrit ! s’exclama le lieutenant de vaisseau. Il est parti du principe que le déchiffrement requérait une perspicacité considérable (à cette phrase, il adressa un regard respectueux à l’archiduc) et offrait par conséquent une fausse piste convaincante.
    — Un plan raffiné, admit Tron. Si nous avions tenu Gutiérrez pour coupable, l’affaire aurait été classée en raison de l’immunité diplomatique de l’ambassadeur.
    — Parfaitement, renchérit Beust. Il n’avait pas prévu que le Mexicain lancerait des recherches sur Pucci et lui-même au Vatican.
    — Or les résultats de ces investigations sont parvenus à Gutiérrez lundi soir, enchaîna le policier.
    — Oui. Celui-ci savait donc que le prêtre était en possession des photographies.
    Tron réfléchit un instant. Le raisonnement lui paraissait plausible à l’exception d’un détail.
    — L’ambassadeur a dû lui proposer un marché, réfléchit-il à voix haute : son silence contre les photographies. Le père Calderón s’est déclaré d’accord et lui a proposé un rendez-vous au Conte Pescaor . Seulement, pourquoi une trattoria  ? Pourquoi un lieu public ? Ils logeaient tous deux au Danieli . Ils auraient pu se rencontrer dans la chambre de l’un ou de l’autre.
    Beust sourit.
    — Non. Calderón voulait le tuer et, plus précisément, le tuer devant témoins. Aucun prêtre n’irait commettre un crime en manteau noir avec un chapeau rond. La soutane était donc pour lui le déguisement idéal ! Il pouvait être sûr que jamais vous n’enquêteriez dans cette direction.
    Une supposition erronée puisque Bossi avait aussitôt émis la même hypothèse.

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