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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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majordome avait l’air soulagé – peut-être de mettre fin à cette conversation entre la comtesse et son fils. Cela dit, l’expression de son visage ne correspondait pas du tout au contenu du message qu’il apportait.
    — Un crime a eu lieu dans une trattoria à proximité de San Zulian. Tu dois y aller tout de suite.
    Puis il ajouta :
    — Une gondole de police t’attend en bas.
    Gondole de police , pensa Tron, voilà un joli mot.

43
    Le sergent Bossi avait rédigé, dans la nuit même, un rapport provisoire sur le meurtre de Gutiérrez. En entrant dans le bureau de son chef, Tron aperçut les quatre pages à l’écriture dense, propre et aussi précise qu’un cliché criminalistique sur la table de travail.
    Le docteur Lionardo procéderait à l’autopsie dans la matinée, à l’Ospedale Ognissanti. Toutefois, elle ne révélerait sans doute rien que Tron ne sût déjà : coup de feu dans la tempe, selon toute vraisemblance avec un pistolet militaire.
    Tel était en effet aussi l’avis de Joachim von Stechow, lieutenant originaire de Berlin, qui se trouvait aux toilettes au moment du drame, mais qui, dès son retour, avait pris le commandement de l’auberge dans son italien approximatif : il avait envoyé un serveur alerter le poste de police sur la place Saint-Marc, relevé les premiers indices et commencé à interroger sa femme tremblante de peur. Par malheur, la pauvre n’avait pas été d’un grand secours, ce dont il était en partie responsable puisqu’il roulait des yeux à chacune de ses phrases.
    Pour le reste, Joachim von Stechow avait quitté de mauvaise grâce ce champ de bataille miniature qui le mettait manifestement d’excellente humeur. Au moment du départ, il avait salué avec entrain, en claquant des talons, et remercié Tron, une flamme dans les yeux, pour l’ apogée de son voyage de noces . L’espace d’un instant, le commissaire avait éprouvé de la pitié pour la malheureuse épouse qui parcourait désormais le chemin de la vie aux côtés de ce drôle de phénomène.
    Une fois que Tron eut pris place, Spaur sortit une boîte de confiseries d’un tiroir et se mit à en étudier le contenu avec une extrême attention. Au bout d’un moment, il se décida pour une praline enveloppée de papier bleu (bien entendu sans en proposer à son subalterne) et regarda le commissaire après l’avoir ouverte. Une touche de rose moitié éthylique, moitié cosmétique colorait ses joues.
    — Chapeau noir et rond, manteau noir ? demanda-t-il en guise d’introduction.
    — D’après l’Allemande, oui, répondit Tron.
    Spaur hocha la tête.
    — Et avez-vous interrogé d’autres témoins ?
    Le commissaire toussota. Il se garda de lui signaler que la réponse à cette question figurait dans le rapport de Bossi.
    — Bien entendu, mais personne n’a pu apporter plus de précision.
    Le commandant en chef eut une mine songeuse.
    — C’est donc un prêtre masqué. Un prêtre qui met un loup , mais n’hésite pas à commettre un crime en soutane !
    — Nous ne sommes pas sûrs s’il s’agisse réellement d’un homme d’Église, fit remarquer Tron. Personne n’a parlé de soutane.
    Son supérieur écarquilla les yeux.
    — Enfin, un chapeau rond et un manteau noir, c’est la tenue d’un curé !
    — Certes. Néanmoins, on peut acheter ce déguisement à tous les coins de rue. L’assassin voulait peut-être seulement se faire passer pour un prêtre.
    — Vous n’allez pas recommencer avec le lieutenant de vaisseau von Beust quand même ? l’arrêta Spaur avec un sourire indulgent. Je croyais cette histoire terminée.
    — Absolument pas ! le contredit Tron en secouant la tête.
    Sa réponse ne reflétait pas exactement la vérité car il avait lui-même aussitôt pensé à Calderón. Seulement, l’ami de la princesse n’aurait pas été stupide au point de garder ses vêtements noirs pour commettre un crime en public – même si le sergent Bossi trouvait au contraire ce plan très subtil.
    — En tout état de cause, poursuivit le commandant en chef, nous devons nous attendre, vu la fonction de Gutiérrez, à ce que les Affaires étrangères s’en mêlent. L’assassinat de l’ambassadeur mexicain auprès du Saint-Siège ne saurait laisser Vienne indifférent.
    Tron soupira.
    — Vous voulez dire que, tôt ou tard, le quartier général va prendre les choses en main ? Vu le caractère de Toggenburg…
    — Que j’ai rencontré hier

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