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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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débita la réponse à la manière des mots de français qu’elle apprenait sans effort.
    — Hôtel Regina e Gran Canal . Chambre 16. Lord Ardrey.
    — Et qu’avais-tu l’intention de faire ?
    Son regard trahit une totale incompréhension.
    — Garder l’argent et jeter le portefeuille bien sûr !
    C’est ce qu’auraient fait la plupart des Vénitiens. On ne pouvait pas lui en vouloir.
    — Alors, ce meurtre ?
    Pour se donner une contenance, il prit un petit tas de dossiers sur sa gauche, le plaça devant lui et le caressa avec précaution, comme s’il lissait une feuille d’or. Puis il la regarda.
    — Que sais-tu à ce sujet ?
    Comme elle ne répondit pas tout de suite, il craignit un malentendu. Toutefois, elle finit par dire :
    — J’ai vu l’assassin.
     
    Elle avait refusé le café qu’il lui avait proposé, mais s’interrompait à intervalles réguliers pour prendre un biscuit dans la boîte posée devant elle. Il lui avait fallu vingt minutes pour raconter son histoire. Compte tenu de son âge, elle avait fait un récit d’une précision remarquable. Le flou qui entourait la description du meurtrier n’était pas de sa faute : le criminel avait manifestement pris soin de rester dans l’ombre.
    Tron hocha la tête d’un air soucieux.
    — Les carabiniers ont-ils vu ton visage ?
    — Non, le brouillard était trop dense.
    — Et tu ne t’es jamais fait prendre par le passé ? continua-t-il en versant un nuage de lait dans sa tasse.
    À nouveau, elle le considéra en clignant les paupières, comme s’il avait posé une question idiote.
    — Non, jamais.
    — Tu as eu de la chance.
    Elle répliqua du tac au tac :
    — Ce n’est pas de la chance !
    — Quoi d’autre ?
    Ses yeux bleus s’arrêtèrent sur le bord du bureau, puis revinrent vers lui.
    — Avant d’arriver chez les Zuliani, j’ai logé chez un autre couple. Signor Settembrini était prestidigitateur. Il travaillait dans un théâtre de variétés où il exécutait des numéros de cartes, sortait la montre de la poche des gens sur scène, et caetera. Il était excellent, conclut-elle, la voix frémissante d’admiration.
    — Que lui est-il arrivé ?
    — Il est décédé. C’est pourquoi j’ai dû aller chez les Zuliani.
    Si sa mort l’avait touchée, elle n’en laissa rien voir.
    — Et il t’a transmis son art ?
    — Non. Pas les numéros de cartes, répondit-elle en secouant énergiquement la tête.
    — Mais en revanche le coup du portefeuille ?
    Les traits de la jeune fille se figèrent.
    — Je n’ai encore jamais volé un pauvre !
    Il s’apprêtait à boire une gorgée de café quand il comprit tout à coup. Il reposa la tasse et dit :
    — Tu n’as pas trouvé mon portefeuille, n’est-ce pas ?
    — Comment ?
    Cette déduction la prit au dépourvu. Elle l’observa en faisant les yeux ronds.
    — Hier, à l’église ?
    Soudain, il fut obligé de rire.
    — Tu as volé un commissaire de police ! Sous les yeux de la Sainte Vierge en plus !
    La jeune fille ne trouvait pas cela drôle du tout, mais avoua sans hésiter.
    — Vous m’avez frôlé et le portefeuille sortait de votre poche. Il me suffisait de tendre le bras. Je n’ai même pas réfléchi.
    — Pourquoi m’as-tu rendu mon argent ?
    — Je ne vole pas des gens comme vous.
    — Ai-je l’air si pauvre que cela ?
    À nouveau, sa réponse fut immédiate.
    — Vous m’avez donné la main, dit votre nom et parlé avec gentillesse.
    Après un bref silence, Tron lui demanda :
    — Pourquoi as-tu soudain voulu confier à la police ce que tu as vu dimanche ? Au bout de trois jours ?
    Elle avança la main vers la boîte, se servit, mais ne mangea pas le biscuit.
    — Si je ne suis pas de retour à une heure, je vais avoir des ennuis. J’ai pensé qu’en échange de mon témoignage, le commissaire chargé de l’enquête me relâcherait.
    Tron jeta un coup d’œil sur sa montre à répétition.
    — Trop tard. Mais signora Zuliani ne se fâchera pas si elle apprend que tu as trouvé un portefeuille et dû aller chercher ta récompense.
    — Elle ne me croira jamais.
    Il esquissa un sourire.
    — Mais moi, elle me croira.
    Il se leva.
    — Allons-y !
    — Que voulez-vous faire ?
    Le commissaire était maintenant hilare.
    — Nous allons nous rendre au Regina et empocher la prime. Ensuite, je te raccompagnerai chez toi.
    Le plan sembla lui agréer : elle sourit à son tour. Ensuite, elle

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