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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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précisa – sur le même ton détaché que la princesse quand elle parlait d’argent :
    — Le portefeuille contenait trente florins et un billet d’une livre.
    De toute évidence, elle se connaissait en monnaies étrangères.
    — Pourquoi me signales-tu cela ?
    — Parce que, s’il manque quelque chose, ce n’est pas moi qui l’ai.
    À en juger par cette remarque, elle se faisait une idée assez juste de la police vénitienne.
    Tron se leva pour prendre la cape et la redingote, toutes les deux aussi élimées l’une que l’autre. Avant qu’il n’ouvrît la porte, elle s’arrêta, passa la main dans le col de sa robe et en sortit un boîtier ovale pendu à une chaînette.
    — Tenez.
    — Qu’est-ce ?
    Elle ne tenta même pas de se justifier.
    — Un médaillon que j’ai trouvé près du corps. Il contient un portrait.
    Le commissaire l’ouvrit et aperçut le visage d’un homme. On avait découpé une photographie aux dimensions du cadre.
    — Pourquoi me le donnes-tu ? Tu aurais pu en tirer beaucoup d’argent.
    Ses yeux restèrent aussi froids que sa voix.
    — À cause des biscuits.

12
    Le bateau avait perdu ses voiles depuis déjà trente ans. Les deux mâts s’étaient rompus quelques années après. À l’origine, il était blanc, avec un élégant trait rouge au-dessus de la ligne de flottaison. Mais au fil des décennies, la peinture s’était écaillée de sorte qu’on pouvait maintenant voir les veinures de la coque. Pour l’heure, il voguait avec sérénité sur une mer relativement calme. Quand il était entraîné dans un léger tourbillon, il tournait sur lui-même. Quand de petites vagues courtes se formaient à la surface de l’eau, il semblait danser. Lorsque le pied de Tron cogna la proue, le chargement – une éponge – tomba à l’eau. L’embarcation chavira, mais réussit bravement à se redresser.
    — Dix florins, c’est une belle récompense, dit Alessandro, debout près du chauffe-bain.
    Tron le distinguait à peine car la vapeur se dégageant du baquet en bois remplissait la salle de bains et lui bouchait la vue. Il se redressa et une vague de fond projeta le bateau contre la paroi.
    — Lord Ardrey avait déjà prévenu le consulat britannique. L’argent lui importait peu. En revanche, le portefeuille contenait des adresses importantes. Il s’est même excusé auprès d’elle.
    — Excusé de quoi ?
    — Du temps qu’il lui avait fait perdre. Je lui ai expliqué qu’elle avait aussitôt rapporté le portefeuille à la questure. Il n’en croyait pas ses oreilles, persuadé qu’il était que tous les Italiens sont des voleurs.
    — Il n’a pas tort.
    — Il n’aurait pas tort si les forces de l’ordre ne faisaient pas preuve d’une telle efficacité !
    Le domestique éclata de rire.
    — Ce que tu n’as pas manqué de souligner, je suppose ?
    — En effet. Lord Ardrey était si impressionné qu’il a failli verser une somme assez conséquente aux bonnes œuvres de la police.
    — Et qu’est-ce que la petite compte faire de l’argent ? demanda le factotum. Cette signora Zuliani va sans doute tenter de s’en emparer ?
    — C’est très vraisemblable, confirma Tron qui essayait en vain d’attraper l’éponge avec le pied. Voilà pourquoi Angelina m’a prié de le conserver.
    — Chez nous ou à la questure ?
    — Elle viendra le chercher ici.
    — Que dois-je faire en cas d’absence ?
    — J’ai déposé l’argent, en lires, sur mon bureau. Elle ne réclamera pas tout d’un coup. Surtout, tu ne la laisses pas repartir sans un chocolat chaud. Avec quelques biscuits.
    — On dirait que tu l’apprécies.
    — Elle n’est pas bête.
    — Et comment est-elle arrivée chez les Zuliani ?
    — Auparavant, elle était dans une autre famille d’accueil. Et avant encore, sur l’île de la Giudecca.
    — À l’Institut ?
    — Oui. Elle ne s’y est pas vraiment plu.
    — Tu ne sais rien d’autre sur elle ?
    — Non. Mais l’orphelinat conserve sans doute un dossier. Et la princesse fait toujours partie du conseil consultatif.
    — Tu penses qu’elle a accès à ces informations ?
    — Bien entendu.
    — Crois-tu que la petite est en danger ? l’interrogea Alessandro d’une voix soucieuse.
    — Pas vraiment. L’assassin a pris soin de cacher son visage. Il doit donc s’imaginer qu’elle ne pourra pas le reconnaître. Dans ces conditions, pourquoi la tuerait-il ?
    — Elle t’a dit qu’il

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