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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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de France, la piétaille importait peu. D’ailleurs, le caractère de cet homme couronné en hâte et dans la peur était de ceux qui défiaient l’intérêt des gens simples. Sa majesté du moment était manifestement aussi fausse que sa jactance. Cet ancien routier n’eût pas manqué de défaillir dans son ascension vers le pouvoir suprême sans les efficaces appuis de Guesclin, Calveley et des routiers de tout poil – ses anciens compères. Le grand Anglais et la plupart des pendailles 204 absentes, restait Guesclin trop hargneux, trop entiché de gloire et de richesse pour que, dans son tréfonds, il eût le Breton en sincère estime. L’apparente urbanité de son visage, sous les tours d’or sommant son bassinet, n’empêchait point de discerner, au-delà des traits animés par son discours l’excessive sécheresse d’un esprit retors qui se  complaisait que dans l’arrogance et la convoitise des biens d’autrui, assouvie par la moleste. Pour moment, contemplant d’un œil sec ces milliers d’hommes assemblés dans un silence déférent et d’ennui grandissime, il se forgeait des armes contre Pèdre et son allié d’Angleterre sans vouloir songer quel profit tourneraient les avanies de la guerre.
    –  Je compte sur vous !
    –  C’est surtout son or qu’il compte sur nous, grommela Paindorge.
    Neuville sourit, approbateur ; Villaines fit « tsit tsitt », chose qu’il savait dire sans désagréable coupure et Tristan s’aperçut qu’il n’écoutait pas. Il vit Hem quitter ses compagnons et passer devant le front de troupes. Les grelots que son cheval avait au mors, ceux qu’il avait accrochés à ses boutreaux 205 tintaient joyeusement, et puisqu’il fallait crier son plaisir de chevaucher auprès d’un roi qui n’avait apparemment pas froid aux yeux, Guesclin clama son enseigne :
    –  Guesclin !… Notre-Dame, Guesclin !
    Ce fut comme une ruée de cris, un tumulte dans lequel chacun plaçait son hurlement et sa ferveur.
    –  Or, avant mes compagnons ! cria Villaines d’uni trait.
    –  Au brut ! Au brut ! vociféra Neuville.
    –  Malou ! aboyèrent quelque cinquante Bretons.
    Tristan s’abstint. Il ne hurlerait rien, pas même à la bataille. Il y mourrait ou reviendrait à Gratot. Mais avant, justement, il passerait à Castelreng. Il avait besoin de voir son père. De l’étreindre. De lui dire qu’il avait agi comme un fou en quittant le château familial. De faire la paix avec Aliénor. De voir l’enfant qu’elle avait eu de Thoumelin de Castelreng, ce dont il doutait.
    Un tel état d’esprit ne le rassura pas. Pour qu’il pensât soudain et si fortement aux absents, n’était-ce pas par crainte de périr bientôt ? Et Luciane ? Pourquoi n’apparaissait-elle que maintenant dans son esprit ? Pourquoi Tiercelet la suivait-il de si loin ? Il allait falloir, à Gratot, raconter dans tous ses détails le trépas d’Ogier d’Argouges. Il allait falloir…
    Les trompettes rejouèrent. Des compagnies entières remuèrent et les chevaux se mirent en branle pour regagner Santo Domingo de la Calzada.
    –  Vingt mille géniteurs 206 au moins dit Paindorge en maîtrisant Malaquin irrité d’être demeuré immobile.
    –  Trente mille piétons, dit Neuville.
    –  Reste à à à savoir com-com-combien ils sooont en face !
    Combien ? On le sut le soir-même, lors d’un conseil extraordinaire, en présence d’un chevaucheur épuisé.
    –  Sire, dit-il au roi Henri, ils sont en puissance, même s’ils ont souffert et diminué depuis le Pas-de-Roncevaux. Ils sont plus de vingt mille, armés de chevaux couverts de fer 207 . Jamais nul homme ne vit plus noble assemblée, et ne mena en son armée un tel appareil que le prince de Galles. Le duc de Lancastre et captal de Buch y sont, et le comte d’Armagnac et Olivier de Clisson… et Jean Chandos et les frères Felton qui ont l’avant-garde sous leur commandement. !
    –  Que Felton, dit Guesclin, se fourfile en arrière sinon je l’occirai avec rage et plaisir ! Quant à Clisson je lui fournirai un coup sur le haterel 208 et ferai porter sa tête en Bretagne !
    –  Don Pedro est présent, lui aussi, près du prince. Il chevauche orgueilleusement. Il se réjouit du secours qu’il mène avec lui si largement.
    –  Je sais, fit Guesclin, ce qu’il se dit en lui-même! Quelque chose comme : « Si je parviens à tenir le jeune bâtard, j’ai Dieu en garant que je le ferai traîner à la queue

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