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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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armes – bandé d’argent et d’azur de six  pièces à la bordure de gueules -, devisaient tout en examinant les seigneurs, les capitaines et au-delà les troupes. Ensuite venaient les privilégiés, tous admirablement fervêtus : don Sanche, frère du roi ; les chevaliers de l’Écharpe et, précisa Neuville, un jeune historien que Pèdre avait chassé, ne le trouvant plus à son goût : Pedro Lôpez de Ayala. Puis venaient don Tello, le comte de Dénia, le marquis de Villena, d’autres encore avec leurs écuyers et leurs bannières sur lesquelles les chaudrons semblaient s’entrechoquer.
    –  C’est beau, dit Neuville. Je me souviendrai de cette montre.
    –  Une belle montre, enchérit Tristan, mais les pennonciers sont des hommes de peu. Avant Cocherel, c’était Bertrand Goyon qui tenait la bannière de Guesclin. Pierre de Louesmes celle de Beaujeu, et non des malandrins. Le grand bobant 199 demeure mais les usages s’en vont. Il est vrai que nous ne sommes pas un ost, mais un gros, un immense ramassis d’herpailles !
    –  Je je je, dit Villaines, me me souviendrai du cccamp de…
    –  El encinar de Banares , dit Paindorge. On nous a parlé d’un bois de chênes verts, mais je n’en vois aucun.
    –  Comment voudrais-tu, Robert, procéder à une montre dans un bois ?
    –  Les chênes sont dans ce creux, dit Neuville en désignant du menton l’amorce d’un vallon. Si les Goddons venaient par là, ils pourraient fondre sur nous avantageusement.
    –  Fondre ? ricana Villaines. Ffffondre par ce temps de pruine 200  !
    Dans la moquerie, son élocution devenait méconnaissable. Neuville n’en parut ni ébahi ni affecté. 
    –  Voici les dieux, dit-il. Ils vont nous ennorter à saigner Pèdre.
    Ils approchaient dans une rumeur de fers aheurtée de froussements d’étoffes et de sabotements. Les trompettes jouaient toujours, à croire que les Espagnols avaient un souffle inépuisable. Le roi fit un geste de bénédiction. Guesclin salua, maussade. Audrehem eut pour son neveu un clin d’œil bienveillant. Il porta savamment son écu, de sorte que si l’on voyait, sur] devant ses armes, on apercevait aussi, au revers, les deux bâtons d’azur semés de fleurs de lis, passés en sautoir. Tous les maréchaux de France portaient ainsi ces bâtons fleuris pour marque de leur dignité.
    « Il se fait voir… mais quand on agira ? » se demanda Tristan.
    L’ostentation du personnage ne cessait pour lui, d’être irritante.
    Les suivants passèrent, hautains ou moroses, et l’on eût dit à les voir si détachés, si distants des autres prud’hommes, qu’ils avaient gagné toutes les guerres et que les clameurs des trompettes de la Renommée – qu’ils étaient seuls à entendre – subjuguaient celles qui enfin se taisaient cependant que le roi et sa suite allaient occuper le milieu du champ afin que leurs sujets pussent équitablement ouïr leurs harangues.
    –  Est-ce un héraut… qui qui va lire ?
    Le Bègue de Villaines semblait inquiet.
    « Heureusement », se dit Tristan, « que ce ne sera pas toi. À babiller 201 comme tu le fais, nous y serions encore au soleil resconsant 202 . »
    Les poings aux hanches sur son cheval immobile, Guesclin resplendissait de force et de santé. On disait qu ’après avoir rompu avec la « dame de Soria », il vivait secrètement avec une meretrix 203 de toute beauté extraite d’un bordeau de Séville. Il avait l’air d’un argousin considérant lentement – en connaisseur – une grand’foison de fils de putes.
    –  À vous, Henri, dit-il hautement. On gèle sur ce pré.
    On gelait, en effet, malgré les caresses safranées du soleil. Il se pouvait qu’il neigeât encore. Les Goddons qui avaient sûre ment peiné à Roncevaux devaient souffrir dans leur chair et dans leur âme sur ces terres hostiles, propices aux embûches. Cependant, la froidure n’interromprait point leur avance et leur désir de batailler demeurerait ce qu’il était au départ de Bordeaux.
    –  Messires ! hurla don Henri, et vous tous… Le prince de Galles a franchi les monts. D’après ce que je sais, moult hommes de son armée sont morts de froid et moult chevaux aussi !… La nourriture fait défaut. Les guerriers que nous aurons devant nous seront malades et affamés… Réjouissons-nous !
    Il s’exprimait en français, sachant bien qu’il serait compris de tous les prud’hommes et des ricos hombres. Pour lui comme pour les rois

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