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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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d’un cheval et accrocher au vent. Les Guesclin, Audrehem, Villaines, Mauny et moult autres subiront mêmes tourments. Tous ceux de Séville, qui rendirent ma cité à Henri, auront leur paiement ; tous ceux de Tolède auront leur condamnation et je les ferai souffrir de maux largement ! » Voilà ce qu’il espère, messires.
    –  Hélas ! fit le messager.
    Il était jeune : vingt ans. Il avait ses mains couvertes d’engelures et Tristan l’imagina, observant dans la neige durcie au gel, le passage de l’armée du prince de Galles et d’un compère découronné qu’il détestait peut-être du fond du cœur.
    –  Hélas ! reprit le chevaucheur, depuis le temps de Charlemagne, je suis sûr qu’on ne vit une telle armée. D’après ce qu’ont dit mes compères, il faut compte dix-sept mille hommes à cheval, tous à l’Anglais. Chacun d’eux a une bonne lance acé rée, l’écu au col, l’épée au côté et le cheval couvert de bardes solides.
    Jamais on ne vit gens si bien ordonnés. Puis suivent cinq cents hommes de pied, gens très étoffés, arbalétriers mais surtout archers de bonne renommée. Puis des chevaliers, des piétons encore et encore. Les chariots et les sommiers suivent en bon arroi. L’armée à plus de trois lieues de long…
    –  Et Navarre ? demanda Henri dont la pâleur affleurait sous la barbe.
    –  Le prince de Galles lui a envoyé une ambassaderie. Il l’a prié que la voie lui soit livrée sans retard. Charles leur a abandonné l’entrée de la Navarre.
    –  L’infâme ! cria Guesclin.
    Le chevaucheur acquiesça et reprit :
    –  Le roi de Navarre a commandé à ses gens que l’armée qui venait ne soit pas inquiétée… et qu’on en serait remercié en bon et bel argent. Mais je vous dis pour vrai que ceux de la contrée cachèrent et enfermèrent les vivres et les emportèrent jusque dans les forêts. Les Anglais n’ont trouvé ni pain, ni chair salée, si bien que l’armée du prince en fut affamée !
    –  C’est bien, dit Audrehem. Ils seront affaiblis.
    –  Ces gens, messires, ont passé les landes en telle puissance que personne ne vous le dirait mieux que moi. Ah ! Cette armée… On y pouvait voir trompettes, chalumeaux et cors sarrasins. Grand fut l’effroi qu’elle semait autour d’elle. La compagnie des guyennois était des plus belles ainsi que celle des comtés de Foix et d’Armagnac. Il y a aussi des Poitevins et Gascons… Des bannières et enseignes par centaines… Ils ont également des arbalétriers génois et leurs archers anglais et écossais… Cinq mille au moins… Les bêtes de somme : roncins, mulets et mules, sont moult chargées. Un chariot s’est renversé. On a pu voir son contenu : tentes, pavillons, riches arcs turcs, bombardes, épées, épieux. Ni Alexandre, ni Charlemagne, Artus et le duc Godefroy en Terre Sainte ne menèrent un tel convoi. La famine les a pris en pays navarrais. D’autres auraient rebroussé chemin, mais ils viennent. Ils approchent… On dit que Navarre met le siège à Logrono.
    Le chevaucheur se tourna vers le roi et dit d’une façon penaude, car il redoutait son ire.
    –  Ce que je sais, sire, c’est que plusieurs cités se sont soulevées contre vous dès l’annonce de la venue des Anglais et du roi Pèdre. Vous aviez assemblé six cents fidalgos dans la province de Soria pour qu’ils fassent la loi en votre nom. Ils se sont ralliés aux rebelles. Salvatierra (468) a proclamé don Pèdre et ouvert ses portes aux coureurs de l’armée anglaise… Agreda aussi.
    –  Tudieu ! fit Henri.
    C’était un cri de douleur plus qu’un cri de rage.
    –  Nous réduirons cette ville en charpie ! décida Guesclin.
    C’était lui qui se comportait en roi.
    –  Demain, dit Audrehem. Il faut partir d’où nous sommes.
    « Pour reculer », se demanda Tristan, « ou pour aller au-devant de monseigneur Édouard ?… S’il me prend, je serai occis sur-le-champ ! »
    Il se refusa de penser davantage au combat qui s’engagerait sous peu. Il s’aperçut alors que frère Béranger, qui se tenait parmi les prud’hommes de France, l’observait d’un œil froid et soucieux.
    « Ce n’est pas le regard d’un clerc mais d’un inquisiteur. Sans y être obligé, il maniera l’épée… Sans doute, à sa façon de regarder les dames, aime-t-il à employer son braquemart si l’occasion lui en est fournie. »
    –  Puis-je connaître les noms des prud’hommes dont le prince

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