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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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le silence et l’exclamation joyeuse de l’Anglais : « Vraiment, ce bâtard d’Henri est un vaillant chevalier et plein de grand’prouesse ! » Et, s’adressant au héraut : «  Ami, vous ne pouvez encore partir. Quand il plaira au prince, il écrira par vous et non par autre. »
    Et le jouvencel de répondre comme c’était l’usage : « Dieu y ait part. » Quand reviendrait-il ? En quels termes serait la réponse du prince ?
    Tristan se retira en se répétant ces questions. Dehors, il faisait de plus en plus froid et c’était à se demander quelle alliance l’hiver avait choisie : Pèdre et le prince de Galles ? Don Henri et Guesclin ? Le vent qui s’était mis à souffler par clameurs brèves, agressives, venait du nord. Autrement dit : de Bordeaux et de la Navarre.
    –  Et puis, merde, on verra bien ! se dit Tristan, le dos courbe et les oreilles picotantes.
    Batailler par ce temps de froidure infinie lui paraissait une folie, mais il se pouvait que l’ardeur des combattants n’en fût que plus tenace et plus chaude. Oui, on verrait bien. Une chose était certaine : on allait transpirer sous les plates d’armures et les mailles des haubergeons.
    Tristan vit Paindorge se hâter à sa rencontre.
    –  Ah ! Messire, messire, grommela l’écuyer, je viens d’en apprendre une bien bonne !
    –  Quoi ?
    –  Nous aurions pu être débarrassés du Breton.
    –  Quand ?
    –  Lorsque les Goddons nous ont quittés.
    –  Ah ?
    Les cheveux ébouriffés, les lèvres tremblantes, l’écuyer était sous le coup d’une rage infinie :
    –  Avant leur départ, ils ont voulu occire Bertrand.
    –  Qui ?
    –  Je ne sais… Calveley, lui, l’a su. Et devinez…
    Tristan revit le Breton pendant la dernière montre : l’œil hardi d’un Spartacus et l’esprit d’un fils de Bélial.
    –  Je devine qu’il a prévenu Bertrand.
    –  Oh ! s’étonna Paindorge. Et ça vous semble bien ?
    –  Non, pour ce qui concerne Bertrand, Robert, mais parfait pour la Chevalerie… et pour moi-même !
    Et Tristan se remit à marcher : il en avait assez dit (469) .

V
     
     
     
    Le lundi 1 er mars, au milieu de la matinée, l’armée s’ébranla lentement. Sans tenir compte d’aucun conseil, don Henri, persuadé que le prince de Galles faisait mouvement vers Burgos, avait décidé de franchir l’Èbre auprès de Haro pour camper à Trevino (470) , à quelques lieues de Salvatierra dont il savait les habitants acquis à Pèdre. Comme toujours, l’avant des Compagnies chemina en bon arroi, promptement, tandis que les hommes de l’arrière-garde et l’essentiel du charroi musaient sur des chemins de neige et de glace labourés, craquelés, crevassés par les fers de la cavalerie. On apprit le soir seulement qu’un chapelet d’attardés avait péri lors d’une escarmouche avec une reconnaissance anglaise qui s’était aventurée dans la vallée de l’Èbre (471) . Des chariots de vivres avaient été pillés. Quel qu’eût été le nombre des victimes – certains traînards disaient vingt, d’autres davantage -, Henri refusa de s’en soucier. Ils avaient rechigné d’aller à la bataille ? Elle était venue jusqu’à eux. Ils étaient morts sans gloire, abandonnés de Dieu.
    Sous son pavillon hâtivement dressé, le roi réunit son conseil. Il divulgua aux prud’hommes ignorants de cette audience, qu’un chevaucheur français dont il tut le nom, lui avait apporté des recommandations de Charles V dont il semblait tout à la fois marri et honoré.
    –  Compères, dit-il, j’ai pris acte des admonitions du roi de France. Il m’engage à ne pas combattre en bataille rangée contre un guerrier tel que le prince de Galles. Il est vrai, messires les Français, que les rois de votre pays et son bon peuple ont souffert de cruauté de cet homme. Mais nous sommes en Espagne avec moult Espagnols, et je sens la victoire à portée de ma main ! Eh oui, Bertrand… Je vous vois sourire. En douteriez-vous ? Charles V, il me semble, à Poitiers…
    –  Sire, tonna Guesclin que l’allusion à la fuite du prince héritier, lors de cette bataille, semblait ulcérer grandement alors qu’elle eût dû le laisser indifférent, gardez-vous de tirer des leçons trop hâtives d’une défaite où je n’étais point !
    « Il nous voudrait faire accroire qu’avec lui, nous eussions gagné », se dit Tristan. « Quelle présomption ! J’aurais bien voulu l’y

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