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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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« Vive la reine de Navarre ! » Toute une compagnie l’attendait en ordre parfait, lances hautes et chevaux piaffants. Le capitaine Carbon de Montpezat, tout pimpant dans sa tenue rutilante, accueillit galamment une souveraine déjà conquise par cet accueil inespéré. Il lui présenta ses Gascons, et Marguerite, charmée, put juger de la tenue de ces beaux soldats bien armés, dents blanches et teint basané.
    — Je voudrais être un homme, dit-elle, pour me mêler à vous et servir mon frère autrement qu’en rassemblant pour lui des régiments de priants !
    On voulut bien rire à cette sortie, et Marguerite, oubliant sa suite et le reste, demanda s’il était possible de visiter le camp lui-même.
    — Madame, répartit Carbon dans une pointe gasconne, vous avez là-bas deux cents rendez-vous !
    Il fallut donc hisser Mme du Lude sur une mule, et attendre que Galiot lui-même fût en selle... Enfin le petit convoi s’ébranla vers le camp de Montpezat. Ce qu’on n’avait pas jugé utile de préciser, c’est que le chemin, depuis le Rhône, était long et passablement accidenté... À peine en avait-on couvert un tiers que la suivante, soufflant et gémissant, exigea que l’on fît une halte.
    — C’est bien simple, ma chère : si cela doit continuer ainsi, j’aime encore mieux me laisser tomber sur ce talus et y attendre patiemment la mort.
    Marguerite, à ce moment précis, aurait volontiers abrégé ses souffrances. Heureusement Carbon, diplomate autant que galant homme, trouva le moyen de faire diversion.
    — Nous établissons tout près d’ici un retranchement. Plairait-il à Votre Majesté d’honorer ces lieux indignes d’elle ?
    La reine de Navarre acquiesça d’enthousiasme. Et c’est ainsi qu’on la vit bientôt grimper sur le remblai, descendre dans un fossé qu’on creusait, s’informer de tout et poser mille questions sur les ouvrages de défense, les quarts de veille et les positions. Marguerite, exaltée, aurait avec joie revêtu l’armure et brandi l’épée ; elle se voyait – elle la poétesse inspirée, vaguement mystique – telle la Bradamante de l’Arioste 1 , courir sus à l’ennemi !

    Alors qu’on allait rebrousser chemin, elle aperçut, au loin, des soldats qui rudoyaient un homme.
    — Sans doute un éclaireur ennemi qui se sera fait prendre... s’excusa le capitaine.
    — Vous voulez dire : un espion ! fit-elle en remettant pied à terre.
    Les hommes amenèrent le prisonnier aux pieds du capitaine. Celui se retourna vers la souveraine.
    — Madame, souhaitez-vous l’interroger vous-même ?
    Un peu gênée, mais en même temps fort excitée, Marguerite opina nerveusement du chef.
    — Parle-t-il français ?
    — Pour ça oui, répondit un des soldats ; c’est un transfuge !
    Marguerite prit un air indigné.
    — Vilain soldat, cria-t-elle, comment as-tu osé trahir ainsi ton maître, le roi de France ?
    — Oh, pour de l’argent, répondit un autre soldat.
    — Bon, dit Marguerite. Que voulons-nous savoir ?
    — Si vous voulez, proposa Carbon, nous allons mener l’interrogatoire de concert...
    Et comme dans une farce, c’est le capitaine qui posa les questions, mais en prenant soin de solliciter à chaque fois, d’un regard, l’approbation de Marguerite. À son grand soulagement, il n’eut pas, du reste, à user de violences bien grandes ; le soldat, impressionné peut-être par la présence de la souveraine – à moins qu’il n’eût été « travaillé » au préalable – parla facilement, et ne cessa de se repentir de sa trahison.
    — Que va-t-on faire de lui ? hasarda la sœur du roi quand il eut enfin livré ce qu’il savait.
    Carbon sourit d’un air gêné.
    — Madame... C’est un traître...
    — Vous avez raison, s’empressa d’approuver la reine de Navarre, qui avait un instant songé à demander sa grâce.

Lyon.
    C harles Quint venait de passer les Alpes.
    Quand cette nouvelle parvint à la Cour, fin juillet, le souverain estima qu’il se devait, avec ses fils, de montrer l’exemple en allant, sur les bases arrière du dispositif français, soutenir Montmorency dans son camp d’Avignon. Depuis Lyon, en somme, il suffirait de suivre la vallée du Rhône... Une armée de valets se mit dès lors en branle pour préparer la migration royale. Des centaines de caisses et de malles accueillirent les tenues, les accessoires, les meubles même, indispensables au train de vie d’un roi de France en campagne. Restait

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