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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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pressaient autour du lit princier. L’un en tenait pour la saignée, un autre pour le cataplasme, un troisième pour les ventouses...
    — En tout cas, fit remarquer Catherine de Médicis, vous autres ne manquez pas de remèdes !
    La Faculté jugea déplacée cette observation.
    Assis au chevet de son fils, et lui tenant une main, le roi François ne cédait pas à l’inquiétude ambiante. Il souriait, à son habitude, et voyant le dauphin reprendre peu à peu ses forces, voulut traiter l’incident sur le mode anodin.
    — Vous allez faire une bonne nuit, et demain, plus rien n’y paraîtra.
    Le monarque toisa les médecins.
    — Car j’imagine que vous ne verrez nul inconvénient, messieurs, à ce que mon fils prenne, sous notre bonne garde, la route d’Avignon.
    Les praticiens regardèrent leurs pieds.
    — Bien ! dit le roi François. Tout ira donc pour le mieux !
    Diane de Brézé entrait par une porte dérobée, accompagnée de son herboriste contrefait.
    — Il y a trop de monde ici, dit-elle à mi-voix.
    La grande sénéchale fit sa révérence, puis elle s’approcha du chevet de ce dauphin dont personne n’ignorait qu’elle l’avait élevé depuis l’enfance. C’est d’ailleurs sur le ton de l’autorité maternelle qu’elle redit, après avoir poliment souri au roi pour l’exclure de sa remarque, qu’il y avait trop de monde autour du malade, et qu’il était grand temps d’évacuer la chambre.
    — Saignerons-nous ? hasarda un médecin sur le départ.
    — Demain, répondit Diane avec ce mépris souverain dont elle gratifiait la terre entière.
    Elle dévisageait le malade à présent, jaugeant la gravité de son état. Pensait-elle, en inspectant le teint si jaune du prince, à l’ancienne prédiction de ce mage qui, jadis à Blois, lui avait dit que l’aîné des Fils de France ne survivrait pas, et que le successeur de François I er serait le prince Henri ? Le roi interrompit ses songes.
    — Puisque vous êtes là, déclara-t-il, mon fils est entre bonnes mains.
    — Sire, j’ose espérer que vous ne comptez pas l’entraîner, dans son état, sur les routes de Provence...
    — Je suis seul juge de mon état, déclara le dauphin comme s’il revenait d’un coup à la vie.
    La sénéchale cilla, et prit un air pincé ; visiblement, François n’aurait pas la docilité déférente de son cadet.
    — Écoutez tout de même Mme de Brézé, lui ordonna son père. Elle est toujours de bon conseil.
    Sur quoi le monarque sortit avec l’idée bien arrêtée d’emmener son fils avec lui.

De Vienne à Tournon et Valence.
    Q uand l’immense caravane fut prête à quitter Vienne, il s’avéra que le dauphin était devenu trop faible, trop fiévreux – en un mot trop fragile – pour continuer le voyage en litière. Afin de lui épargner la chaleur, la poussière et les cahots du chemin, et puisque le Rhône était là, disponible, le roi décida que le cher malade poursuivrait par voie fluviale, et retrouverait à Valence le gros du convoi.
    Le prince François fut donc porté avec soin jusqu’à ce même coche d’eau qui, quelques jours plus tôt, avait accueilli sa tante. S’embarquèrent avec lui son frère Henri, un médecin et quelques officiers de sa Maison, dont le pauvre Montecucculi qui, depuis le 2 août, avait perdu son sourire légendaire : le jeune Ferrarais s’en voulait affreusement d’avoir incité son maître à boire, par cette chaleur, l’eau glacée qui l’avait terrassé. À mots couverts, il reprochait aussi à Jacques de Saint-André de ne l’avoir pas mis en garde.
    — Vous auriez dû me prévenir...
    — Je ne pouvais imaginer que de l’eau froide pût mettre un homme dans cet état !
    Une fois installé sur le coche, et bercé par les flots calmes du Rhône, le malade parut tout d’abord aller mieux : il transpirait moins, cessa de se plaindre, avala même un semblant de collation : quelques biscuits trempés dans un vin de Tournon coupé d’eau pure...
    — Où est donc ma petite urne ? demanda-t-il.
    Orléans lui tendit le pot concocté par l’herboriste de Brézé, avec des herbes propices aux voies respiratoires. Le dauphin y prit plusieurs longues inspirations.
    — Cela tourne un peu la tête, dit-il.
    — En attendant, se réjouit Saint-André, vous paraissez beaucoup mieux.
    — Vous avez peut-être raison. D’ailleurs, que diriez-vous d’une partie de trictrac ?
    La nuit passa. Mais dès le petit jour, les symptômes du

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