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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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Gautier non plus ne chercha pas à le retenir. Mais il assortit ses adieux d’assez de tendresse fraternelle pour que le pauvre Simon, en quittant la scène, n’eût pas le cœur trop gros.
    — Je t’attendrai, dit-il à son frère.
    — Sois prudent, lui répondit celui-ci.
    Pour toute promesse.

Château de Fontainebleau.
    P endant longtemps, il y avait eu deux partis à la Cour. Mais à présent, la fistule du roi laissant, chaque jour plus nettement, entrevoir un changement de règne, c’étaient bien deux cours qui coexistaient : celle du passé, autour du vieux roi et de sa jeune maîtresse ; celle de l’avenir autour du jeune dauphin et de sa vieille favorite. Il se disait généralement que la plus amusante de ces compagnies n’était pas forcément la plus porteuse d’avenir ; et les mauvais esprits – ces milieux en regorgent – prétendaient que si le cercle du dauphin préfigurait la future Cour de France, alors il fallait prier pour que François vécût le plus longtemps possible...
    Le comte d’Aumale, dans sa désinvolture, se permettait volontiers de passer d’un cercle à l’autre ; il lui arrivait, comme ce soir-là, de picorer quelques miettes chez son maître, le roi, avant de venir faire bombance chez son ami, le dauphin.
    — J’ai la réponse du roi ! lança-t-il en soignant une fois de plus son entrée chez ce dernier.
    La réponse tant attendue portait, évidemment, sur le duel judiciaire que l’on se proposait d’organiser entre le petit baron de Jarnac, soi-disant blessé dans son honneur, et le colossal seigneur de La Châtaigneraie, champion désigné du dauphin.
    — Eh bien ? demanda l’assistance soudain silencieuse.
    — Eh bien c’est non, répondit le jeune balafré, visiblement plus ravi de son effet que déçu du refus royal.
    — Mon père s’oppose donc à ce duel ! martela le dauphin, livide de colère rentrée.
    — Je le crains, mon doux seigneur. Que voulez-vous ? Votre père n’a peut-être pas envie de voir le beau-frère de sa maîtresse écrabouillé par notre ami.
    Un grand rire accueillit cette explication, et l’on but volontiers à la santé de La Châtaigneraie.
    — Tout de même, insista Henri, c’est un contretemps regrettable.
    À ses côtés, la belle Diane de Poitiers feignait l’indifférence.
    — Que vous en chaut ? dit-elle. Le temps travaille pour vous...
    Dans son coin, le nain de cour Briandas assistait au souper sans y prendre part ; il jouait avec un bilboquet d’ivoire, assis sur une chaise bien grande pour lui, et ne participait à la conversation que de loin.
    — Il sera toujours temps d’organiser ce duel quand vous régnerez, lança-t-il – enfreignant au passage l’interdit qui pesait sur cette évocation.
    — Ce fou a raison, convint Henri.
    Briandas lança sa boule et la ficha du premier coup sur la tige.
    Le dauphin baisa la main de Diane, et l’assistance applaudit. Puis il se leva d’une manière assez solennelle.
    — Je jure même, proclama Henri, que dès que je serai roi, nous organiserons ce grand duel, et soumettrons ainsi au jugement de Dieu, tout ce qui nous oppose à la coterie de Mme d’Étampes !
    Les vivats redoublèrent, appuyés par toutes sortes d’agréments bien sonores. Visiblement, l’assistance avait bu...
    — Pendant que tu y es, rebondit familièrement Saint-André, promets-nous donc que lorsque tu seras roi, tu ne nous oublieras pas !
    Nouveaux éclats de rire ; nouveaux applaudissements.
    — Mais je le veux bien ! confirma Henri en prenant l’assistance à témoin. D’ailleurs, je puis déjà dire à cet impatient de Saint-André qu’il sera chambellan.
    — Et moi ? demanda Aumale qui n’aimait pas être en reste.
    — Vous, mon cher comte serez... duc, d’abord.
    — Bravo !
    — ...et puis... maréchal de France.
    Le nain sauta de sa chaise, posa le jouet d’ivoire sur l’assise et se précipita vers François d’Aumale pour lui faire la plus plate, la plus basse des révérences.
    — Ô le beau maréchal ! minauda-t-il.
    Les convives s’amusaient bien. Même la grande sénéchale, ordinairement si réservée, semblait passer un bon moment.
    — Quant à vous Brissac, continua le dauphin, je vous ferai grand maître de l’Artillerie.
    — Bravo !
    Parti sur une telle lancée, Henri ne pouvait plus ignorer personne ; tous les invités y passèrent donc, et tous les titres : amiral, sénéchal, conseiller, général des Finances... C’est un

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