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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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qu’elle vieillissait, elle aussi, et ne voyageait plus si facilement...
    Trop agitée, pourtant, bien trop inquiète pour rester sagement dans son Béarnais, elle était remontée vers l’Angoumois natal, pour se réfugier, en mars, au monastère de Tusson 28 . C’était l’endroit rêvé pour une retraite pascale ; après quoi, selon les nouvelles de Saint-Germain, elle pourrait toujours rejoindre son frère.
    Les nonnes de Tusson eurent tôt fait d’adopter la pieuse souveraine, qu’elles enveloppèrent de douce bienveillance. Là, capuchonnée de fourrure, bien emmitouflée dans sa lourde et noire cape pyrénéenne, Marguerite put marcher à loisir, en dépit du froid. Marcher pour se calmer. Et méditer. Et prier. Écrire, aussi, pour apaiser l’angoisse où la plongeait cette inconcevable maladie du frère adoré.
    «  Ô qu’il sera le bien venu
    Celui qui, frappant à ma porte,
    Dira : “le roi est revenu
    En sa santé très bonne et forte !”  »
    La nuit, dans le dénuement de sa cellule monacale, il n’était pas rare que Marguerite fût réveillée en sursaut par un cauchemar, toujours le même : son frère, le teint pâle et les traits tirés, s’approchait tout près d’elle et gémissait : « Ma sœur ! Ma sœur ! »
    Alors la reine sursautait, se redressait sur sa couche et, mains moites, tempes glacées, se demandait si, par le biais du rêve, ce n’était pas François qui, réellement, l’appelait à son secours.

Château de Rambouillet.
    D epuis le 15 mars, l’abcès si mal placé dont souffrait le Très Chrétien avait pris un tour préoccupant, pour le moins. Les médecins et chirurgiens s’affairant nuit et jour à son chevet, arboraient des mines fermées ou circonspectes... Les praticiens cautérisèrent quatre des plaies, sur cinq ; mais l’infection progressant, ils évitaient de se prononcer sur l’avenir. À leurs précautions oratoires, les habitués comprirent que la maladie venait d’atteindre un stade irréversible.
    — Il faut le soulager, plaidait pourtant la duchesse d’Étampes. L’infection l’entretient dans la fièvre et la douleur, dans l’abattement.
    — Ce n’est point si aisé, madame.
    — Ne pourrait-on ouvrir l’apostume, et curer là-dedans ?
    Elle mettait tant de conviction dans sa requête que l’on sentit que pour un peu, elle aurait opéré de ses propres mains ! Aux côtés de la maîtresse du roi, le conseiller favori, l’amiral d’Annebault, plaidait lui aussi en faveur d’une intervention.
    — Enfin, messieurs, pressait-il ; ce serait abandonner le roi que de ne rien entreprendre !
    On incisa donc. Sans conviction. Sans résultat.
    — La pourriture est telle que nous n’obtiendrons rien.
    — Que faut-il faire, alors ? demanda la duchesse.
    — Prier, madame. Prier...

    Le 29 mars, le roi voulant quitter ce monde « sous l’étendard et la conduite de Jésus-Christ », se confessa longuement et reçut l’extrême-onction. Mais l’aumônier, avant de la lui prodiguer, avait obtenu du mourant un ultime sacrifice.
    — Voulez-vous dire à Mme d’Étampes qu’elle rentre, et faire en sorte qu’on me laisse avec elle ? lui avait demandé le roi.
    La chambre se vida, tandis qu’Anne, livide, le visage déjà baigné de larmes, se précipitait au chevet de son seigneur et maître depuis plus de vingt ans. Elle sortit de sa manche un joli mouchoir tout parfumé, pour délicatement tamponner le visage royal, comme elle l’avait fait mille fois depuis quelques semaines...
    — Madame, commença le roi la gorge nouée, je veux vous dire d’abord combien j’ai pu vous aimer.
    Ces mots suffirent à la malheureuse pour comprendre que son heure avait sonné. Le visage révulsé, elle tomba aussitôt à genoux et se mit à secouer la tête comme une condamnée refusant l’échafaud.
    — Non, sire. Non !
    — Soyez raisonnable, m’amie. Soyez gente et plaisante...
    — Oh, non...
    François eut un soupir déchirant. Visiblement, ce dernier effort lui coûtait bien plus que la confession.
    — Allons, ma petite Anne... Vous ne voudriez pas que je m’en aille en état de péché mortel...
    — Où est le péché ? Où est le péché ? cria la favorite aux abois.
    La porte de la chambre s’entrouvrit alors ; mais en se relevant d’un bond, la duchesse se rua brutalement sur le battant pour le refermer.
    — M’amie, supplia le monarque en jetant ses dernières forces dans ce qui devait prendre la forme

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